D'où vient l'expression « aux frais de la princesse » ?

L’expression signifie : obtenir quelque chose gratuitement. Elle est née au XIX^e siècle, à l’époque des salons littéraires ou de conversation. Bien avant de retrouver sa communauté sur Twitch en lançant des streams, on pouvait, dès le XVII^e siècle, « tenir salon ».

Il s’agissait, pour le ou la maîtresse des lieux, de recevoir dans ses luxueux appartements, un jour fixe de la semaine, des personnes bien nées ou lettrées. Une petite cour, en somme.

Bien reçu(e)s dans les salons

Si certains salons ont été le lieu de débats littéraires ou philosophiques, ils constituaient aussi un espace mondain où régnaient l’art de la conversation et l’intrigue politique. Pendant les heures où l’on pouvait être reçu sans invitation à condition de faire partie du cercle d’habitués (ou d’être recommandé), le couvert était offert.

Certains en profitaient, mangeaient goulûment et gratuitement : d’où, selon toute vraisemblance, l’expression « manger aux frais de la princesse ».

Pourquoi la princesse et pas le prince ? Peut-être parce que des femmes richissimes ont tenu certains de ces salons : mademoiselle de Scudéry, au XVII^e siècle, Marie-Thérèse Geoffrin ou encore Suzanne Necker, au siècle suivant.

Au XVIII^e siècle, lorsque l’expression apparaît pour la première fois, le salon le plus célèbre est celui de Juliette Récamier, qui réunissait les plus grandes figures politiques et artistiques de l’époque.

Au fil du temps, « aux frais de la princesse » a été utilisé avec d’autres verbes comme « voyager » ou « vivre », et le terme « princesse » a fini par désigner une personne ou une entité qui paye quelque chose. Aujourd’hui, l’expression familière renvoie au fait d’obtenir gratuitement quelque chose d’une personne aisée, d’une entreprise, ou encore de l’État, sans que cela soit forcément… offert.