D'où vient l'expression, « avoir la folie des grandeurs » ?

L’expression, aujourd’hui synonyme de mégalomanie, s’appuie d’abord sur la « grandeur », un mot apparu au XII^e siècle pour désigner la puissance et la splendeur de Dieu, avant de signifier l’élévation politique et sociale. Le terme « folie », né un siècle plus tôt, désigne ce qui manque de raison et qui peut aller jusqu’à l’extravagance, avant de prendre le sens médical que nous connaissons aujourd’hui.

Il faudra attendre plusieurs siècles pour que l’association des deux mots prenne forme. La folie des grandeurs, une poursuite irrationnelle des honneurs et des richesses, serait née des malheurs de Nicolas Fouquet, l’ambitieux grand argentier du roi Louis XIV. Influent et fin connaisseur des milieux financiers, celui qui se serait bien vu Premier ministre à la mort de Mazarin organise, le 17 août 1661, une somptueuse fête dans son château de Vaux-le-Vicomte, un mini-Versailles avant l’heure.

Fouqet a vu trop beau

Jets d’eau dans les fontaines, comédie inédite de Molière, dîner de maître, musique de Lully et même feu d’artifice : le surintendant veut impressionner le jeune roi et ne néglige aucun détail pour la cour. Le résultat est somptueux. Trop somptueux pour le roi ? La légende veut que le souverain, jaloux, ait fait arrêter l’homme, l’accusant d’enrichissement personnel. En réalité, la décision, téléguidée par Colbert, rival de Fouquet, avait été prise bien avant la fête.