D'où vient l'expression, « Monnaie courante » ?

L’association entre « monnaie », un mot qui apparaît au XII^e siècle, et « courante », au sens d’habituelle ou d’usuelle, est née au XIII^e siècle, d’abord au sens propre. Il s’agit de désigner les pièces utilisées à cette époque et qui ont cours officiellement sur un territoire donné. Cela n’a rien de surprenant quand on sait que durant cette période, les règles relatives à l’utilisation de la monnaie changent.

Le roi capétien Louis IX (ou Saint Louis) prend plusieurs décisions qui vont marquer durablement le système monétaire : la monnaie royale, frappée par le roi, est désormais valable sur tout le territoire du royaume de France – ce n’était pas le cas avant –, alors que la monnaie des seigneurs ne peut être utilisée que sur les terres de ces derniers.

Sous la plume de Diderot

Il faut ensuite attendre quatre siècles pour que l’expression prenne un sens figuré. Au XVIII^e siècle, l’adjectif « courante » prend le dessus, et l’association « monnaie courante » finit par désigner quelque chose d’habituel, une pratique communément répandue. L’expression aurait été popularisée par Diderot qui écrit, dans la Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, en 1749 : « Les grands services sont comme de grosses pièces d’or ou d’argent qu’on a rarement l’occasion d’employer ; mais les petites attentions sont une monnaie courante qu’on a toujours à la main. »

Aujourd’hui, l’expression s’utilise autant à la forme affirmative que négative, souvent accompagnée du verbe « être » ou « devenir » : on peut ainsi lire dans la presse que « les vagues de licenciement dans la tech sont (devenues) monnaie courante ».