
Idées
D'où vient l'expression, « rouler dans la farine » ?
L'expression "rouler dans la farine" a émergé au XIXe siècle et signifie aujourd'hui duper ou arnaquer quelqu'un.
Apparue au début du XIXe siècle, cette expression familière signifie aujourd’hui duper, voire arnaquer quelqu’un. Elle associe toutefois deux termes bien plus anciens : la « farine », produit de la mouture du blé, et « rouler », le fait d’avancer en tournant. Les deux mots n’auraient renvoyé à l’idée de tromper qu’au fil du temps.
La première étape a lieu au XVIe siècle, avec le verbe « enfariner ». Ce mot désignait le fait, pour un bouffon, de se poudrer de farine le visage. La farine, puis par analogie la poudre blanche utilisée par les comédiens, leur permettait d’incarner un rôle. Il n’est d’abord question que de jouer un tour, sans qu’il soit forcément mauvais, et de « tromper » les spectateurs, sans toucher à leur porte-monnaie.
Duper et tromper
Mais peu à peu, le terme a pris un sens péjoratif, que l’on retrouve dans une fable de La Fontaine. En 1668, le célèbre conteur utilise le verbe « enfariner » pour un de ses personnages – le chat –, qui use de savants stratagèmes pour approcher et dévorer des souris. Il écrit ainsi, dans Le Chat et le vieux rat, « notre maître Mitis, pour la seconde fois les trompe et les affine, blanchit sa robe et s’enfarine… ».
La deuxième étape a lieu lorsque le verbe « rouler » prend un sens péjoratif, au début du XIXe siècle. Il désigne, en argot, le fait de retourner quelqu’un à sa guise dans une affaire et de le duper, voire le voler. Aujourd’hui, on emploie toujours « rouler » au sens direct (rouler quelqu’un) comme indirect (se faire rouler par quelqu’un). Ce n’est que pendant la seconde moitié du XIXe siècle que rouler s’associe à farine – sans doute pour accentuer l’idée de tromperie dont fut l’objet la toute première victime.
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