Le secteur du luxe est un des piliers de l’économie française. Les trois premiers groupes mondiaux sont français : Louis Vuitton-Moët-Hennessy (LVMH), Hermès et Kering. Avec 355 milliards d’euros en novembre 2021, c’est la première capitalisation du CAC 40.
Sous la houlette de Moët, le département vins et spiritueux du groupe détient quelques joyaux comme Dom Pérignon ou Yquem ; celui de la maroquinerie et de la mode comprend, outre Louis Vuitton, la maison Christian Dior ; les parfums et cosmétiques ne sont pas en reste avec Givenchy, Guerlain, Dior ou Kenzo et la joaillerie abrite des maisons comme Chaumet ou Tiffany & Co. La marque Hermès est connue dans le monde entier pour ses productions textiles, la maroquinerie, la joaillerie et les arts de la table. Quant à Kering, il détient Gucci et la célèbre maison de couture Yves Saint Laurent. D’autres groupes français du luxe, comme Chanel ont également une notoriété mondiale.
CAC 40
Le CAC 40 regroupe à la Bourse de Paris les 40 plus importantes capitalisations boursières françaises. « CAC » signifie « cotation assistée en continu ».
Aujourd’hui, les neuf premières entreprises françaises du secteur représentent 25 % des ventes mondiales de luxe. Le secteur a dégagé un excédent commercial de 29 milliards d’euros en 2019 et compte pour environ un million d’emplois directs et indirects. Il est donc vital pour un pays dont le commerce extérieur est structurellement déficitaire.
Versailles et les manufactures royales
Pour comprendre le succès du « luxe à la française », il faut remonter au XVIIe siècle. Louis XIV, soucieux d’asseoir la prépondérance française, contribue de deux manières à la naissance d’un secteur économique : d’abord, en décidant, avec son ministre Jean-Baptiste Colbert, de la construction du château de Versailles, il concentre en un lieu unique les meilleurs artisans artistes, architectes, ébénistes, sculpteurs drapiers et tisserands du royaume.
En Chiffres
29 milliards d'euros
L'excédent commercial dégagé par le secteur du luxe en 2019.
Le goût et le faste déployés impressionnent les visiteurs du monde entier, qui tentent de reproduire dans leur pays d’origine ce qu’ils ont vu à Versailles en faisant appel à des artisans et artistes français. Ensuite, en créant, dans une optique résolument mercantiliste, des manufactures royales à l’origine du développement d’un commerce de produits de luxe destinés aux puissants et aux cours étrangères.
Les manufactures doivent maîtriser et améliorer les savoir-faire des meilleurs spécialistes : la Manufacture royale des glaces (future Saint-Gobain) doit surpasser les verriers vénitiens, plus tard, celle de Sèvres doit fabriquer des porcelaines plus fines que celles de Chine ou de Meissen, Baccarat doit faire mieux que Murano.
Leurs créations imposent le style hexagonal : tapisseries des Gobelins et meubles des artisans du faubourg Saint-Antoine se vendent dans toute l’Europe. Si la Révolution française casse cette dynamique, celle-ci repart avec la monarchie de Juillet et le Second Empire.
« Cosmetic valley » en Centre-Val de Loire
Une grande partie des entreprises actuelles du luxe voient le jour dans les années 1830-50 – Guerlain en 1828, Hermès en 1837, Cartier en 1847 et Louis Vuitton en 1854. Elles trouvent une nouvelle clientèle en dehors des cours royales et princières avec les grands financiers et capitaines d’industrie, qui se sont considérablement enrichis au cours de la révolution industrielle : les grands crus, meubles, arts de la table et décoration s’exportent et donnent naissance à un secteur économique, que la puissance des créateurs et artistes vient sans cesse renforcer.
Au début du XXe siècle, les phénomènes de mode font le succès des artisans, comme ceux de Nancy et leurs créations Art nouveau. Après la Première Guerre mondiale, la France attire des artistes du monde entier, qui créent les tendances. Coco Chanel ouvre sa grande boutique parisienne en 1918 et lance son parfum « N°5 » en 1921. La maison Dior, elle, voit le jour en 1948.
Le luxe français bénéficie d’un écosystème qui est le fruit d’une longue tradition, propice à son épanouissement et qui a permis à la France de conserver des compétences. Plus de 1 000 lycées des métiers et de CFA forment chaque année de jeunes artisans spécialisés dans la maroquinerie, l’ameublement, la joaillerie ou la cristallerie.
Les meilleurs d’entre eux participent ensuite à des concours nationaux qui leur permettent de se distinguer. Dans le domaine de la cosmétique un véritable cluster existe dans le Centre-Val de Loire, entre Chartres et Orléans : c’est dans la « Cosmetic valley » que sont fabriqués et conçus les parfums et produits de beauté qui s’arrachent dans le monde entier. La réputation d’excellence est ainsi maintenue. Le secteur a aussi bénéficié de l’émergence régulière de nouvelles clientèles : aux Anglais, Russes et Américains du XIXe siècle se sont ajoutées les nouvelles fortunes du Moyen-Orient, d’Inde ou de Chine.
Lire aussi Grandes fortunes et multinationales dans le viseur fiscal
Le tout est soutenu par de puissantes stratégies de marques connues dans le monde entier et qui ont développé des gammes accessibles de prêt-à-porter, de joaillerie ou de cosmétique bénéficiant aussi du prestige de la maison qui les a créées et des labels « France » ou « Paris ». Seule ombre au tableau : les convoitises sont telles que les marques françaises sont les plus contrefaites au monde et, structure des marchés oblige, la très grande dépendance à l’Asie pourrait s’avérer néfaste en cas de crise internationale.