Economie
Être payé(e) au lance-pierre, une expression adaptée aux travailleurs des plateformes
Vieille de plus d'un siècle, cette expression a vu son sens originel se perdre peu à peu pour ne garder que l'idée d'une faible rémunération.
Stéphanie Bascou
© DR
L’expression est née en même temps que l’objet qu’elle désigne, vers la fin du XIXe siècle. Si elle véhicule d’abord l’idée de rapidité, elle prend peu à peu le sens d’insuffisance. « Être payé(e) au lance-pierre » signifie en effet être sous-payé ou très mal rémunéré par rapport au travail effectué.
Cet objet, emblématique de La Guerre des boutons et manié par Tom Sawyer ou Bart Simpson, est composé à sa création d’une fourche et d’un élastique issu des premières chambres à air en caoutchouc des vélos d’alors.
L’expression signifie d’abord que l’on rémunère une personne de manière rapide, à l’image de la vitesse des projectiles lancés. Mais elle prend aussi le sens d’approximation – difficile de viser une cible avec un lance-pierre. Au fil du temps, « payer au lance-pierre » perd le sens de rapidité pour ne conserver que l’idée de précision insuffisante, avant que cette notion ne disparaisse : aujourd’hui, seul le sens d’insuffisance subsiste.
Une spécificité français
Pour l’anecdote, cette image du lance-pierre n’est pas reprise dans la langue anglaise ou allemande. Les Anglais utilisent l’expression « être payé des cacahuètes », pendant que les Allemands adoptent l’image d’un « salaire de la faim ».
D’un registre plutôt familier, l’expression est aujourd’hui particulièrement adaptée aux travailleurs des plateformes du Net, rémunérés par micro-paiements reçus par à-coups, à l’image des tirs effectués avec un lance-pierre.
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