La consommation est toujours au centre des débats car, avec la production, elle est l’une des principales opérations économiques. Elle est d’ailleurs son objectif ultime. Consommer consiste, pour les ménages, à dépenser de l’argent pour acheter des biens et des services et satisfaire leurs besoins.
Ces dépenses représentaient 52 % du PIB français en 2017. Si l’on rajoute les transferts sociaux reçus, comme l’éducation ou la santé, leur consommation « effective » s’élève, selon l’Insee, à plus de 70 % du PIB.
En Chiffres
3 130 euros
Dépenses mensuelles moyennes de consommation effective en France (Insee, comptes nationaux 2017).
Consommer est la fonction principale des ménages, d’ailleurs perçus essentiellement comme des consommateurs. On parle alors de consommation « finale », car elle permet de satisfaire leurs besoins « directement », les biens et services étant détruits par leur usage.
Cette destruction de valeur peut être immédiate, lors de la dégustation de produits alimentaires, par exemple (consommation non durable), ou progressive lors de l’utilisation d’une voiture, jusqu’à sa mise à la casse (consommation durable). Ils ne peuvent servir à autre chose.
Consommer est la fonction principale des ménages, d’ailleurs perçus essentiellement comme des consommateurs. On parle alors de consommation « finale », car elle permet de satisfaire leurs besoins « directement », les biens et services étant détruits par leur usage.
Cette destruction de valeur peut être immédiate, lors de la dégustation de produits alimentaires, par exemple (consommation non durable), ou progressive lors de l’utilisation d’une voiture, jusqu’à sa mise à la casse (consommation durable). Ils ne peuvent servir à autre chose.
Le rôle du revenu
L’économiste anglais John Maynard Keynes (1883-1946) s’est beaucoup intéressé à la relation entre la consommation et le revenu. Rappelons sa loi psychologique fondamentale : « En moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. »1 Elle met en évidence leur propension à consommer, à savoir la part de leur revenu consacrée à la consommation.
Le reste, le résidu, est épargné. Ainsi, lorsque le revenu augmente, les dépenses de consommation augmentent aussi. Toutefois, à partir d’un certain niveau de revenu, la part de cette consommation diminue. L’Observatoire des inégalités2 montre que les 20 % des ménages les plus pauvres consomment 93 % de leur revenu alors que les 20 % les plus riches ne consomment que 70 % du leur.
À lire Le paradoxe de l'épargne
L’économiste américain Milton Friedman (1912-2006) voit les choses autrement. Pour lui, le consommateur détermine son niveau de consommation en se fondant avant tout sur la part permanente de son revenu, qui est relativement stable dans le temps car corrélée à son activité professionnelle et ses compétences.
La mutation de la structure de la consommation
C’est le statisticien allemand Ernst Engel (1821-1896) qui, avec ses trois lois dites lois d’Engel, a classé les biens consommés selon leur élasticité-revenu. Et ce sont les coefficients budgétaires qui indiquent le poids des différentes consommations dans les dépenses totales.
Élasticité-revenu
Mesure la variation de la demande de consommation lorsque le revenu varie.
Le seul poste « alimentation » qui pesait près de 33 % des dépenses en 1960, n’est plus que de 11 % environ aujourd’hui. En revanche, les dépenses de communication, loisirs et culture sont passées de 3 % du budget en 1960 à 11 %3.

À noter : les dépenses pré-engagées, incompressibles (logement, cantine, assurances, abonnements…) – en moyenne plus du tiers du revenu disponible des ménages – pèsent plus lourd pour les plus pauvres et laissent peu de part arbitrable pour d’autres biens.
Les trois biens selon Engel
- Biens inférieurs : leur part diminue dans la consommation (alimentation…).
- Biens normaux : leur consommation augmente proportionnellement à la hausse du revenu (habillement, équipement…).
- Biens supérieurs : la hausse du revenu engendre une augmentation plus que proportionnelle de leur consommation (santé, éducation, voyages…).
La manière de définir la consommation est très importante, car elle dicte les politiques économiques. Les keynésiens, par exemple, choisissent de relancer l’activité économique en favorisant les faibles revenus dont la propension à consommer est la plus grande. Mais ce faisant, ils augmentent les importations, notamment en provenance des pays à bas coûts, qui peuvent prendre la place des produits nationaux.
Désir et frustration
La consommation n’est pas qu’une simple opération économique. Elle est aussi un marqueur social, un signe adressé au reste de la société.
Deux économistes américains ont mis en évidence son caractère social : d’une part Thorstein Veblen (1857-1929), avec son fameux effet Veblen, pour expliquer la consommation ostentatoire de certains groupes sociaux, d’autre part James Duesenberry (1918-2009), qui a mis en lumière « l’effet de démonstration » de la consommation des plus riches et « l’effet d’imitation » fondé sur le désir d’accéder au mode de vie du groupe social supérieur. La consommation est donc une source de frustration infinie.
Est-ce encore le cas ? Peut-être pas. En effet, désormais, les ménages semblent vouloir consommer moins et différemment. C’est « l’évolution de la puissance du signe et du déplacement de la valeur dans l’acte de consommation », explique Olivier Passet4, directeur de la recherche chez Xerfi.
À lire Déconsommation : les Français achètent moins pour acheter mieux
Une consommation orientée vers le développement de soi (bien-être, santé, éducation…), c’est-à-dire une consommation « anthropocentrée » qui sort des circuits traditionnels et qui devient responsable et collaborative. Cela signe peut-être la fin de l’économie de la frustration.
Notes
1. Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, J. M. Keynes, 1936.
2. Rapport France 2019.
3. Insee 2019.
4. Groupe Xerfi 2019.