Science Politique

La jeunesse forcément de gauche, un mythe politique qui ne résiste plus aux données

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Une représentation à un instant T peut persister longtemps et fortement alors que la réalité a beaucoup changé. L’idée reçue devient alors une idée fausse.

Anne Daubrée, Illustration d'Erik Tartrais
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Illustration de l'article La jeunesse forcément de gauche, un mythe politique qui ne résiste plus aux données

© Marta NASCIMENTO/REA

BFM, Elle, Le Point… En 2022, Stanislas Rigault, 23 ans, était devenu la coqueluche de certains médias: il présidait Génération Z, qui regroupait les jeunes fans d’Éric Zemmour, candidat de l’extrême droite à l’élection présidentielle.

Les Jeunes Insoumis, soutiens de Jean-Luc Mélenchon, à l’extrême gauche, n’ont pas fait l’objet de la même attention. Comme si cet engagement-là semblait plus naturel. Il est vrai que dans les années 1970, être de gauche constituait un « fait majoritaire » de la jeunesse, constatait la politologue Janine Mossuz-Lavau dans Les Jeunes et la gauche (Presses de Sciences Po, 1979).

Mais aujourd’hui, « le tropisme de gauche qui a longtemps caractérisé la jeunesse est de moins en moins évident », explique Anne Muxel, dans Politiquement jeune (L’Aube, 2018), statistiques à l’appui.

Certes, en 2022, les jeunes ont voté pour Jean-Luc Mélenchon plus que pour Marine Le Pen. Mais l’évolution historique est nette : en 1986, 56 % des 18-30 ans se définissaient comme étant de gauche. En 2017, ils n’étaient plus que 34%. Les scores électoraux du FN/RN auprès des jeunes confirment la tendance. En 2002, 17 % des 18-24 ans ont voté pour ce parti, contre 23 % en 2017.

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