Avec la coronacrise et l’explosion de l’endettement des États, la Théorie monétaire moderne (TMM) fait à nouveau parler d’elle. Élaborée dans les années 1990 par l’économiste australien Bill Mitchell, elle énonce que la monnaie n’est qu’une « créature de l’État » et que celui-ci peut donc en émettre autant qu’il le souhaite.
C’est-à-dire qu’il peut s’endetter pour mener à bien ses diverses missions sans jamais risquer la faillite.
En réalité, cette « théorie » est plutôt une politique économique. Selon celle-ci, un gouvernement peut augmenter sans problème ses dépenses publiques, et donc son déficit et sa dette, pour soutenir son économie en vue d’atteindre le plein-emploi, d’assurer un revenu à toute la population ou de réaliser sa transition écologique.
Pas de risque de hausse des taux d'intérêt ?
Quand un État contrôle sa propre monnaie, poursuit la théorie, c’est sa Banque centrale qui la crée à volonté et assure sa solvabilité. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter des conséquences d’une politique très expansionniste : non seulement celle-ci est financée par une création monétaire, mais elle permet d’éviter une hausse des taux d’intérêt qui, sinon, serait provoquée par des « effets d’éviction » sur les marchés financiers.
Avec la coronacrise et l’explosion de l’endettement des États, la Théorie monétaire moderne (TMM) fait à nouveau parler d’elle. Élaborée dans les années 1990 par l’économiste australien Bill Mitchell, elle énonce que la monnaie n’est qu’une « créature de l’État » et que celui-ci peut donc en émettre autant qu’il le souhaite.
C’est-à-dire qu’il peut s’endetter pour mener à bien ses diverses missions sans jamais risquer la faillite.
En réalité, cette « théorie » est plutôt une politique économique. Selon celle-ci, un gouvernement peut augmenter sans problème ses dépenses publiques, et donc son déficit et sa dette, pour soutenir son économie en vue d’atteindre le plein-emploi, d’assurer un revenu à toute la population ou de réaliser sa transition écologique.
Pas de risque de hausse des taux d'intérêt ?
Quand un État contrôle sa propre monnaie, poursuit la théorie, c’est sa Banque centrale qui la crée à volonté et assure sa solvabilité. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter des conséquences d’une politique très expansionniste : non seulement celle-ci est financée par une création monétaire, mais elle permet d’éviter une hausse des taux d’intérêt qui, sinon, serait provoquée par des « effets d’éviction » sur les marchés financiers.
Effet d’éviction
Apparaît quand un État endetté emprunte sur les marchés financiers et détourne ainsi l’épargne disponible des autres emprunteurs privés. Les entreprises privées, « évincées », risquent de devoir payer des taux d’intérêt plus élevés pour obtenir les capitaux nécessaires à leurs investissements productifs.
Avec la TMM, l’État est en mesure de corriger tout déséquilibre économique et social en déterminant la création monétaire nécessaire. Il est possible de dépenser sans compter.
Politiques budgétaires et monétaires bousculées
La Théorie monétaire moderne serait-elle la panacée pour pallier tous les problèmes économiques et sociaux ? En tout cas, la pandémie a bousculé les politiques budgétaires et monétaires. Avant la crise, la France était déjà déficitaire et lourdement endettée, elle a tout de même mobilisé 500 milliards d’euros supplémentaires pour faire face (soit l’équivalent de deux fois ses recettes fiscales de 2019) et augmenté sa dette de 20 %.
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L’État a pris en charge le chômage partiel afin de maintenir l’emploi et les revenus de 12 millions de salariés. Les impôts et taxes, pour de nombreux entrepreneurs en difficulté, ont été reportés ou annulés, l’État s’est porté garant de prêts aux entreprises. Du coup, en 2020, le déficit dépassera 11 % du PIB et la dette 120 % du PIB.
La BCE joue le jeu
De son côté, la BCE n’a pas hésité à adopter un plan d’urgence de 1 350 milliards d’euros le Pandemic Emergency Purchase Programme (PEPP), pour racheter des actifs financiers, essentiellement des obligations d’État. La BCE semble même disposée à faire fonctionner la planche à billets pour soutenir les économies européennes.
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Assouplissement monétaire ou QE (Quantitative Easing)
Mesure de politique monétaire non conventionnelle. La Banque centrale achète massivement des créances détenues par les banques commerciales qui, libérées de tout souci de liquidités, peuvent prêter à des taux d’intérêt faibles.
Il a aussi été question de « monnaie hélicoptère », à savoir des transferts directs de monnaie de la Banque centrale aux agents économiques, afin de doper la demande de biens et services. Bref, on peut considérer que la Banque centrale, malgré son statut de banque indépendante des pouvoirs publics, mène une politique assimilable à la TMM.
Le spectre de l’inflation
Cette théorie est tentante pour un gouvernement qui souhaite satisfaire toutes les demandes de sa population : infrastructures, services publics, éducation, santé, écologie, aides sociales ou revenu universel. Mais cette abondance de liquidités est-elle sans risques ?
En théorie classique, la création monétaire et les déficits conduisent à l’inflation, car ils dopent la demande. Les partisans de la TMM le reconnaissent, mais rappellent que les prix augmentent seulement si les capacités de production, c’est-à-dire les ressources en travail et en capital, sont pleinement utilisées, ce qui est loin d’être le cas en 2020 en France.
Par ailleurs, l’État dispose aussi de l’arme fiscale pour réguler la demande. Les impôts sont un bon moyen de ralentir une demande qui grimperait trop vite face à une production rigide ou insuffisante.
Réguler par l'impôt
Force est aussi de constater que l’inflation est inexistante depuis plus de 10 ans, malgré les déficits structurels et les mesures d’assouplissement monétaire. La cible d’inflation (2 %) fixée par la BCE n’a jamais été dépassée depuis cette date et aujourd’hui, en France, elle est seulement de 0,4 %.
Dans un contexte de fort ralentissement économique, le risque d’inflation n’est donc pas préoccupant, du moins à court et moyen terme. Le gouvernement a d’ailleurs appelé les Français à consommer davantage et à dépenser les 60 milliards non dépensés pendant le Grand confinement.
Flou dangereux
Une autre crainte concerne la charge de la dette et le niveau des taux d’intérêt. Aujourd’hui, ils sont proches de zéro, ce qui encourage les déficits puisque le coût de l’argent public est extrêmement faible. Alors, pourquoi ne pas en profiter ? Mais vont-ils le rester longtemps ? Si le risque d’inflation se manifeste, que fera la BCE ? Augmentera-t-elle les taux d’intérêt ? Acceptera-t-elle de monétiser la dette et d’imprimer plus de billets pour couvrir les intérêts et maintenir les taux à zéro afin de toujours réduire ce coût ? L’interrogation demeure.
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Enfin, la TMM affronte un obstacle essentiel, la rareté relative des ressources mobilisables (population active, compétences, technologies, matières premières) pour que l’économie produise plus.
Compte tenu de cette rareté, les dépenses publiques peuvent-elles vraiment croître sans fin ? Sont-elles vraiment toutes génératrices de croissance potentielle, de progrès et de revenus à long terme ? Bref, la TMM interroge le pouvoir de l’État dans l’orientation de l’économie et la nature même de notre système économique.
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