Economie
Le concept de coût d'opportunité, ou pourquoi même Batman ne peut pas être partout
Analyse économique d'un film. Dans le monologue qui ouvre le film The Batman, de Matt Reeves (2022), Bruce Wayne reconnaît son incapacité à lutter contre le crime partout et tout le temps. Une tirade qui illustre parfaitement le concept économique de « coût d’opportunité ».
Clément Rouget
© Warner Bros
« Vas-y, magne-toi ! File-moi le fric, et vite ! ». En cette pluvieuse soirée d’Hallowen, le braqueur a beau avoir un masque pastèque sur la tête, le revolver qu’il pointe sur l’épicier est bien réel. Ce dernier, terrifié, lui tend l’argent de la caisse. Le criminel sort en courant dans la rue avec les billets.
Mais où est donc Batman ? C’est pourtant un principe des films de super-héros. Un méchant commet un crime, le héros arrive, il distribue deux-trois coups de poing et sauve la veuve et l’orphelin. Mais pas cette fois. Il n’est pourtant pas fainéant : le héros se démène chaque nuit contre le crime. « Je suis devenu un animal nocturne. Parfois, le matin, je dois me forcer à me souvenir de tout ce qui s’est passé. »
Seulement, il a déjà fort à faire ailleurs, dans une mégapole de plusieurs millions d’habitants : « Je dois choisir mes interventions avec soin. Gotham est une grande ville. Je ne peux pas être partout. »
L’homme chauve-souris reste un homme. Richissime, certes, mais sans super-pouvoir. Sa capacité d’intervention est limitée, il doit allouer son temps de la façon la plus efficace possible. Et renoncer à résoudre certaines affaires pour se concentrer sur d’autres, plus importantes ou plus urgentes. En bref, Batman est un homo economicus qui doit faire face au coût d’opportunité, c’est-à-dire la perte des avantages auxquels on renonce quand on fait un choix.
Éco-mots
Coût d’opportunité
Mesure du manque à gagner si l’on opte pour une solution plutôt qu’une autre. Si un étudiant choisit, un dimanche soir, de regarder un film au lieu de réviser, son coût d’opportunité est le nombre de points supplémentaires qu’il aurait pu glaner s’il avait révisé.
Les externalités positives du Bat Signal
Tout cela l’incite à aller plus loin dans la réflexion sur l’efficacité de son action et l’impact réel de son investissement quotidien pour Gotham. « J’aimerais pouvoir dire que j’apporte une valeur ajoutée, mais je ne suis pas sûr. Cette ville se dévore elle-même. Peut-être qu’elle ne peut pas être sauvée, mais je dois essayer. »
Conscient de ses limites, il apprend à travailler avec une partie de l’institution policière, malgré une méfiance réciproque. Cette coopération lui permet de gagner un temps considérable dans ses enquêtes. Batman et la police mettent aussi en place un signal lumineux dans le ciel, symbole de leur action conjointe contre le crime. L’outil s’avère redoutable. « Nous avons un signal maintenant. La police m’appelle quand elle a besoin de moi. Mais quand cette lumière atteint le ciel, c’est aussi un terrifiant avertissement aux criminels : “Batman va être là, quelque part”. »
Vous vous souvenez du braqueur au masque de pastèque ? La simple vue du Bat-signal l’a terrifié. Paralysé par la peur au beau milieu de la rue, il en a laissé échapper ses liasses de billets. Ça, c’est de l’impact… et sans perte de temps !
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Éco-mots
Externalité positive
Situation dans laquelle un agent économique profite des effets positifs d’une activité économique sans en payer le prix.
Dans le programme de SES
Seconde. « Comment les économistes, les sociologues et les politistes raisonnent-ils et travaillent-ils ? »
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