Cet article est extrait de notre hors-série consacré à l'amour. Retrouvez-le en kiosque le 12 janvier 2022.
De nos jours, les relations amoureuses ne durent plus très longtemps. En 2019, près de 45 % des mariages se sont terminés par un divorce d’après l’Insee et si, en moyenne, la durée d’une union tourne autour d’une douzaine d’années, c’est à peine plus de quatre ans pour la génération Y (les millennials de 25-35 ans). Les relations amoureuses offrent-elles désormais trop peu de satisfactions ou bien les estimations par les partenaires de l’investissement amoureux nécessaires sont-elles moins fiables ?
D’après l’économiste américain Gary Becker, auteur de Théorie de la famille (1981, 1991), vivre en couple est un partenariat qui résulte de décisions rationnelles. Le couple présente un intérêt si, pour chacun, les bénéfices l’emportent largement sur les coûts. Sinon, la relation est abandonnée et mieux vaut alors vivre seul(e). Souvent associée à l’idée de contrat et d’organisation « entrepreneuriale », la vie à deux suppose une analyse des « profits » à maximiser et des « coûts » à minimiser. Peut-on alors rationaliser les ingrédients du succès ou de l’échec d’une relation amoureuse ?
Cet article est extrait de notre hors-série consacré à l'amour. Retrouvez-le en kiosque le 12 janvier 2022.
De nos jours, les relations amoureuses ne durent plus très longtemps. En 2019, près de 45 % des mariages se sont terminés par un divorce d’après l’Insee et si, en moyenne, la durée d’une union tourne autour d’une douzaine d’années, c’est à peine plus de quatre ans pour la génération Y (les millennials de 25-35 ans). Les relations amoureuses offrent-elles désormais trop peu de satisfactions ou bien les estimations par les partenaires de l’investissement amoureux nécessaires sont-elles moins fiables ?
D’après l’économiste américain Gary Becker, auteur de Théorie de la famille (1981, 1991), vivre en couple est un partenariat qui résulte de décisions rationnelles. Le couple présente un intérêt si, pour chacun, les bénéfices l’emportent largement sur les coûts. Sinon, la relation est abandonnée et mieux vaut alors vivre seul(e). Souvent associée à l’idée de contrat et d’organisation « entrepreneuriale », la vie à deux suppose une analyse des « profits » à maximiser et des « coûts » à minimiser. Peut-on alors rationaliser les ingrédients du succès ou de l’échec d’une relation amoureuse ?
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Producteur de bien-être
Avant de s’engager dans une vie à deux, chaque partenaire doit bien évaluer à la fois ses propres besoins et préférences et l’utilité d’investir dans une relation durable, celle-ci visant rationnellement à « produire » un maximum de bien-être. Autrement dit, par rapport au célibat, l’union doit procurer un net surplus d’avantages sentimentaux, économiques, sociaux et symboliques, c’est-à-dire valorisés par la société. Ce niveau de satisfaction maximisé doit être combiné avec un niveau de risque minimal, tout en sachant que ces niveaux peuvent être fort différents pour chaque partenaire, à l’aune de leurs propres ressources en termes de capital économique et humain.
Parmi les avantages attendus de la vie en couple, Becker retient les économies d’échelle liées au partage des biens collectifs du ménage (appartement, voiture, électroménager…), celui des tâches domestiques, la répartition du travail professionnel/domestique selon le principe des avantages comparatifs, la possibilité de bénéficier du temps et des produits de chaque conjoint notamment pour élever et éduquer les enfants, ou encore la diminution des risques, notamment ceux qui sont liés à l’instabilité professionnelle ou au chômage, en particulier grâce à deux sources de revenus.
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Économies d'échelle
Ce sont les réductions (économies) de coûts de production réalisées lors d'une augmentation des quantités produites, c'est-à-dire de l'échelle de production. Elles sont internes et externes et se traduisent par une baisse du coût moyen de la production.
D’une certaine façon, la décision de vivre seul(e) ou en couple est donc stratégique, elle demande de bien considérer et de bien évaluer tous les facteurs de risque et de réussite, notamment à partir des apports intrinsèques de chacun en termes d’attractivité, certes, mais aussi d’éducation, de capacités patrimoniales, de valeurs et d’attentes envers la cohabitation. D’autant plus lorsque certains de ces gains sont corrélés à la stabilité de l’union. Les couples qui génèrent des économies financières, produisent des enfants, permettent une émancipation culturelle et financière des femmes ou des transferts intrafamiliaux, sont plus stables.
Madame est augmentée ? Attention, danger !
Sans oublier le soutien moral et l’altruisme face aux aléas de la vie, qui contribuent grandement à sauvegarder cet investissement et à rendre la relation plus durable, tout comme la confiance, fondement de toute relation, qu’elle soit économique ou sentimentale.
Mais attention, investir dans une cohabitation est risqué. Les partenaires ne disposent pas des mêmes informations pour prendre la décision la plus rationnelle et les gains espérés ne seront pas forcément uniformément distribués dans le couple. Tout écart décevant entre l’évaluation de départ et la réalité de ce que chacun reçoit est néfaste pour la pérennité du couple.
Surtout, ne pas se croire au-dessus des contraintes normatives socioculturelles qui pèsent sur les relations hétérosexuelles. La gestion de bouleversements importants comme le chômage ou, au contraire, la promotion de l’un des partenaires peut fragiliser le couple. Il est admis que la probabilité de se séparer est positivement corrélée avec l’augmentation des revenus des femmes. En ce sens, l’activité des femmes – qui sont à l’origine de 75 % des demandes de divorce – réduit la complémentarité des conjoints. À l’inverse, le risque tend plutôt à diminuer lorsque les revenus des hommes augmentent.
Enfin, le couple, comme toute « institution » économique ou sociale, doit s’adapter en permanence à son environnement économique, sociétal, fiscal et législatif, car celui-ci affecte les gains relatifs de la cohabitation et de la vie en célibataire. En effet, il modifie les coûts d’opportunité du temps et de l’union, les rôles sociaux et les valeurs familiales (travail, enfants, plaisir, amour…). Bref, vivre à deux est une décision qui ne dépend pas seulement d’une vision, de valeurs, de goûts, de projets partagés, même si le rendement de l’investissement s’en trouve accru.