L’urgence climatique est là, les crises énergétiques du passé comme les conséquences présentes de la guerre en Ukraine montrent qu’il est impératif de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de décarboner nos activités économiques.
Aujourd’hui, les pays développés savent gérer l’énergie beaucoup mieux qu’autrefois, mais l’activité de production et l’utilisation de l’énergie (transports, industrie, construction…) sont toujours responsables de l’essentiel des émissions de Gaz à effet de serre (GES).
Il est difficile de les prédire avec précision, mais chacun sait que le coût de la transition énergétique sera lourd, voire colossal. Pas étonnant que l’écologie divise.
« Le monde n’est pas sur la bonne voie pour lutter efficacement contre le changement climatique », constate Michel Derdevet, président de Confrontations Europe et spécialiste des questions énergétiques.
Traduction : la soutenabilité de notre mode de développement est en danger et, pour inverser la tendance, il faudra des actions volontaristes de la part de tous en termes de comportements, d’actions et d’investissements afin d’atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle.
L’urgence climatique est là, les crises énergétiques du passé comme les conséquences présentes de la guerre en Ukraine montrent qu’il est impératif de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de décarboner nos activités économiques.
Aujourd’hui, les pays développés savent gérer l’énergie beaucoup mieux qu’autrefois, mais l’activité de production et l’utilisation de l’énergie (transports, industrie, construction…) sont toujours responsables de l’essentiel des émissions de Gaz à effet de serre (GES).
Il est difficile de les prédire avec précision, mais chacun sait que le coût de la transition énergétique sera lourd, voire colossal. Pas étonnant que l’écologie divise.
« Le monde n’est pas sur la bonne voie pour lutter efficacement contre le changement climatique », constate Michel Derdevet, président de Confrontations Europe et spécialiste des questions énergétiques.
Traduction : la soutenabilité de notre mode de développement est en danger et, pour inverser la tendance, il faudra des actions volontaristes de la part de tous en termes de comportements, d’actions et d’investissements afin d’atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle.
Soutenabilité
Capacité à maintenir sur le long terme un développement économique et social répondant aux besoins des générations présentes, sans compromettre les équilibres écologiques et la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. On parle aussi de développement durable.
En France, l’objectif est clair : Zéro émission nette (ZEN) et élimination des émissions de GES liées aux activités humaines sur son sol à l’horizon 2050.
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Comment faire et dans quel ordre ? Pour élaborer une stratégie climat efficace, la France a nommé, en 2019, une commission d’économistes et d’experts sectoriels chargée d’évaluer les coûts d’abattement socio-économiques (et pas seulement financiers) des différentes solutions de décarbonation.
Pour un agent économique, les coûts d’abattement, c’est-à-dire le coût total (achat et usage) d’un projet de décarbonation, rapportés aux émissions évitées, sont un indicateur essentiel pour élaborer une stratégie climat efficace dans le transport, l’électricité, l’hydrogène, le bâtiment, l’industrie et l’agriculture.
Rapport coût-efficacité
Calculer les coûts d’abattement permettra d’identifier, de prioriser (ou d’exclure) et de planifier les projets qui maximisent les réductions effectives d’émissions de gaz à effet de serre, à niveau d’effort donné pour la collectivité. Avec comme objectif de promouvoir les investissements publics et privés utiles à la neutralité carbone.
Mais pour déterminer le meilleur rapport coût-efficacité d’un projet, il faut donner une Valeur à l’action pour le climat (VAC), car le marché ne prend pas en compte les dommages écologiques, puis comparer cette valeur aux coûts d’abattement, afin de déterminer l’efficacité socio-économique.
Un projet demandant de gros investissements pour une faible réduction d’émission de GES sera considéré comme peu efficace et abandonné.
Le coût d’abattement a été fixé à 250 €/tonne de CO2eq pour 2030 afin de respecter les objectifs climatiques. Donc, tout projet coûtant moins de 250 euros par tonne de CO2 évitée peut être envisagé. Bien sûr, les coûts évolueront dans le temps en fonction des progrès techniques et des évolutions relatives des prix des différentes énergies.
Selon la Commission, le coût d’abattement pourrait atteindre 500 euros en 2040 et osciller entre 600 et 900 euros en 2050. Il est donc essentiel de lancer des actions publiques et privées utiles, de faire évoluer les comportements, de sélectionner les investissements et d’arbitrer entre les différentes technologies possibles pour accompagner les transitions socio-économiques.
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La théorie économique montre en effet que les agents économiques se décident en fonction des coûts des différentes options. Pour le climat aussi.
CO2eq
L’équivalent CO2 est, pour un gaz à effet de serre, la quantité de dioxyde de carbone (CO2) qui provoquerait le même forçage radiatif que ce gaz, c’est-à-dire qui aurait la même capacité à retenir le rayonnement solaire.
La France est un pays faiblement carboné. En 2019, avant la crise sanitaire, les dépenses et investissements des ménages, entreprises et administrations en faveur du climat ont atteint 48 milliards d’euros. Cependant, la Cour des comptes européenne estime le coût, pour la France, de la transition énergétique à 145 milliards d’euros par an : les deux tiers pour les transports, un quart pour le logement résidentiel et le tertiaire, 7 % pour les réseaux et 1,7 % pour l’industrie, soit plus du tiers des investissements industriels français.
Quotas d’émissions
Depuis 2005, l’Europe contrôle les émissions de GES grâce au Système communautaire d’échanges de quotas d’émissions (SCEQE). Plus de 11 000 industriels (électricité, acier, sidérurgie, ciment, raffinage, etc.) disposent d’un plafond d’émission et de droits correspondants (quotas) négociables.
Une entreprise produisant moins de CO2 que son plafond vend ses surplus. En cas de dépassement, elle achète des quotas supplémentaires sur le marché ou réduit son activité. Mi-mars 2022, le prix de la tonne de CO2 s’établissait à 78,5 euros.
Faire payer les fuites de carbone
Elle se produisent quand une industrie émettrice de gaz à effet de serre délocalise sa production hors de l’UE pour éviter de devoir se plier à des normes strictes. La Commission européenne vient d’entériner le principe d’un Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF).
Progressivement, à partir de 2023, certaines importations (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité) seront taxées au prix du marché carbone européen, selon les émissions liées à leur production : « Nos efforts pour décarboner nos industries, […] nous ne voulons pas les perdre en réimportant des produits largement carbonés et moins chers, qui nous imposent une concurrence inéquitable », a déclaré le ministre Bruno Le Maire.
Les pays émergents (Russie, Chine, Turquie, Ukraine, Inde, Brésil) seront les plus touchés par cette taxe et dénoncent une mesure « protectionniste et discriminatoire » envers leurs produits.
Quels sacrifices sommes-nous prêts à consentir pour financer, exécuter et assumer la transition énergétique, c’est-à-dire une gigantesque décarbonation de l’économie et de la société ? C'est le sujet qu'a choisi de traiter la rédaction de Pour l'Éco ce mois-ci. À retrouver en kiosque et en ligne.