Economie
Le paradoxe de Simpson, ou l’art de pouvoir dire tout et son contraire
Sélection abonnésSavoir apporter une interprétation correcte à des données chiffrées est indispensable, notamment en économie et en sociologie. C’est ce que démontre le paradoxe de Simpson en mettant en lumière la possibilité pour des chiffres exacts de mener à des résultats contradictoires.
Martine Peyrard-Moulard
© Midjourney
Il y a trois sortes de mensonges : « les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques », disait Mark Twain. Mais peut-on vraiment faire dire n’importe quoi aux chiffres ? En 1951, Edward Simpson, statisticien britannique, montre qu’un même phénomène observé à l’intérieur de plusieurs groupes, s’inverse lorsque les groupes sont combinés en un seul. Des chiffres exacts peuvent conduire à des résultats contradictoires selon leur présentation, ce qui est fréquent en sciences sociales. Avec un risque de fâcheuses erreurs d’interprétation.
En 1973, par exemple, l’Université américaine Berkeley était poursuivie pour discrimination envers les filles. Globalement, 35 % des candidates avaient été admises contre 44 % des candidats, alors même que les résultats d’admission des candidates étaient meilleurs dans la majorité des départements d’enseignement.
Il n’y avait pas d’erreur. Les filles avaient été nombreuses à postuler pour les départements les plus sélectifs, où leurs résultats étaient à peine plus faibles que ceux des garçons. Dans les autres, elles avaient été très largement retenues. Mais les départements sélectifs ont eu plus de poids puisqu’elles y avaient postulé en masse. La fusion des résultats les a donc désavantagées. Explication : le sexe et les admissions étaient liés à une autre variable, le département universitaire.
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Le paradoxe de Simpson, ou l’art de pouvoir dire tout et son contraire