Science Politique
Le paradoxe du vote : voter sert-il à quelque chose ?
Sélection abonnésLe rapport avantage-coûts du vote lors d’une élection est clairement négatif. Il demande des efforts intellectuels et physiques pour des gains politiques faibles au niveau individuel. La question se pose alors : Pourquoi voter ?
Martine Peyrard-Moulard
© Midjourney
En France, près de 49 millions de personnes (95 % des Français en âge de voter) sont inscrites sur les listes électorales1. Néanmoins, chaque vote individuel n’a que très peu de poids dans une élection : un bulletin seul n’a quasiment aucune chance d’être décisif et de faire varier le résultat, alors pourquoi aller voter ? C’est le paradoxe du vote ou l’énigme de la participation électorale.
Dans sa Théorie économique de la démocratie (1957), l’Américain Anthony Downs, explique qu’il est « irrationnel » d’aller voter quand on compare les avantages et les coûts de la participation. En effet, voter engendre des coûts : l’électeur doit faire des démarches administratives pour s’inscrire sur les listes électorales, s’informer des programmes de tous les candidats et en analyser les implications, se déplacer dans les bureaux de vote et y patienter… Voter demande donc du temps et de l’investissement, à la fois physique et intellectuel, et cela signifie également renoncer à d’autres activités, comme aller à la pêche. Ainsi, bien que l’intérêt de tout électeur rationnel soit de voir son candidat élu, il est porté à s’abstenir. Et si ne votant pas, son candidat est effectivement élu, il n’en aura pas supporté les coûts.
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