Cet article est extrait de notre hors-série consacré à l'amour. À retrouver en kiosque.
Depuis plus de 10 ans, Paris affiche une majorité de personnes vivant seules (51 %)1, une tendance que l’on retrouve dans d’autres villes françaises (environ 45 %) et au niveau national, où la proportion de célibataires reste élevée (41 %)2.
Pourtant, avec un ratio de 100 hommes pour 100 femmes de 35 ans en France, les 83 % d’hétérosexuels devraient trouver chaussure à leur pied !
L’économiste français Gilles Saint-Paul3 évoque, au sujet des relations hétérosexuelles, un équilibre « à la Sex and the City ». Ses travaux partent de la notion d’appariement (« matching »), qui explique la recherche et la formation de relations mutuellement avantageuses et stables dans le temps.
En matière de mariage, les décisions des partenaires visent à maximiser, pour chacun, l’utilité de former un couple.
Équilibre hypergamique
Les femmes et les hommes scolairement et économiquement bien dotés sont généralement moins souvent célibataires que les personnes faiblement diplômées4.
Cet article est extrait de notre hors-série consacré à l'amour. À retrouver en kiosque.
Depuis plus de 10 ans, Paris affiche une majorité de personnes vivant seules (51 %)1, une tendance que l’on retrouve dans d’autres villes françaises (environ 45 %) et au niveau national, où la proportion de célibataires reste élevée (41 %)2.
Pourtant, avec un ratio de 100 hommes pour 100 femmes de 35 ans en France, les 83 % d’hétérosexuels devraient trouver chaussure à leur pied !
L’économiste français Gilles Saint-Paul3 évoque, au sujet des relations hétérosexuelles, un équilibre « à la Sex and the City ». Ses travaux partent de la notion d’appariement (« matching »), qui explique la recherche et la formation de relations mutuellement avantageuses et stables dans le temps.
En matière de mariage, les décisions des partenaires visent à maximiser, pour chacun, l’utilité de former un couple.
Équilibre hypergamique
Les femmes et les hommes scolairement et économiquement bien dotés sont généralement moins souvent célibataires que les personnes faiblement diplômées4.
Les femmes, en tant que catégorie, tendent collectivement à estimer que la plupart des hommes ne sont pas très « attractifs ».
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Elles n’ont pas intérêt à rechercher des hommes peu éduqués, aux revenus faibles, contribuant peu au foyer, notamment quand elles disposent elles-mêmes de revenus élevés qui leur assurent autonomie et indépendance financière. Elles préfèrent alors rester célibataires.
En raison de grandes différences de niveaux d’exigence, de sélectivité, de qualités attractives et de pouvoir de séduction spécifiques à ce marché matrimonial, celui-ci se révèle donc moins étendu pour les femmes très qualifiées – comme Carrie, Samantha, Charlotte et Miranda, les personnages principaux de Sex and the City – et aussi pour les hommes peu qualifiés.
Les hommes les moins bien dotés se retrouvent au bas de l’échelle du capital économique et humain, raison de plus pour eux d’investir beaucoup dans une bonne éducation, lucrative, qui leur donnera davantage de moyens pour contracter une union.
L’équilibre atteint par la société est donc hypergamique : il repose sur des alliances avec des partenaires de statuts socioéconomiques plus élevés. Il est d’autant plus marqué que les inégalités de revenus sont fortes. Voilà une raison de plus de s’attaquer aux inégalités de revenus femmes-hommes !
0,32 pour les femmes, 0,54 pour les hommes
Un coefficient de Gini (coefficient d’inégalité variant de 0 à 1)6 appliqué à l’économie amoureuse peut ainsi être calculé en étudiant les sites de rencontres7qui mettent en relation offreurs et demandeurs, et qui permettent de réduire le coût de la recherche d’un(e) partenaire.
Coefficient de Gini
Écart entre la répartition que l’on observe et une répartition qui serait parfaitement égalitaire. Ce coefficient va de 0 pour l’égalité parfaite à 1, pour l’inégalité parfaite (une personne a tout le revenu, les autres n’ont rien).
Dans cette économie, chaque sexe fixe collectivement le niveau d’inégalité pour l’autre sexe. Pour l’ensemble des hommes, ce niveau est déterminé par les préférences collectives des femmes, et vice versa.
Dans cette économie de la rencontre, les agents sont des personnes présentant des facteurs d’attractivité plus ou moins nombreux, plus ou moins valorisés, qui vont déterminer leur aptitude à « communiquer amoureusement ». Les plus attractifs ont plus de possibilités d’accéder à des expériences nombreuses et de meilleure qualité.
Il en ressort que la majorité des femmes ne sont prêtes à communiquer qu’avec une minorité d’hommes alors que les hommes sont mieux disposés à l’égard de la plupart des femmes. Le coefficient des femmes (0,324) révèle qu’elles ont beaucoup plus de chances d’être sollicitées, elles reçoivent plus de messages et les inégalités de leur économie amoureuse sont relativement faibles.
Les hommes, beaucoup moins sollicités (0,542) semblent habiter un monde très inégalitaire face à des femmes relativement rares et peu accessibles.
Dans ces conditions, est-il rationnel d’aimer ? Indéniablement, la culture monogamique permet de compenser ce déséquilibre, elle opère une sorte de « redistribution » qui limite le nombre de partenaires pour les plus attractifs afin que croissent les opportunités pour les moins attractifs.
1. Balises BPI, 2019.
2. « État matrimonial légal des personnes », Insee, 2020.
3. “Genes, Legitimacy and Hypergamy : Another look at the economics of marriage ”, Toulouse School of Economics and Birkbeck College, 2008.
4. « Hypergamie et célibat selon le statut social en France depuis 1969 », Milan Bouchet-Valat, INED, 2018.
5. « Comparaison du revenu et de la redistribution sexuelle », Overcomingbias, 2018.
6. Zéro pour une société parfaitement égale et un pour une société complètement inégalitaire.
7. Études Hinge, Quartz, Tinder, Business Insider… « Inégalités de sex-appeal et économie des rencontres », Bradford Tuckfield, Contrepoints, Quillette, 2019.