Sociologie

Les vertus ambigües du multiculturalisme

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Un discours social mettant l’accent sur la diversité pour la valoriser semble l’outil  le plus efficace pour lutter contre les inégalités et les discriminations.  Mais ce cercle vertueux est à double tranchant.

Laurent Cordonier, Docteur en sciences sociales à l'université Paris-Diderot
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Illustration de l'article Les <span class="highlighted">vertus ambigües</span> du multiculturalisme

© DR

C’est un fait : de trop nombreuses inégalités et discriminations liées à l’origine des individus persistent en France, comme dans bien d’autres pays occidentaux.

Pour n’en donner qu’un exemple, une étude relevait ceci, en 2013 : par rapport à un « Français de souche », et à profil de compétences égal, un chercheur d’emploi issu de l’immigration « doit envoyer près d’une fois et demie plus de candidatures pour être invité au même nombre d’entretiens d’embauche »1.

De telles inégalités de traitement s’expliquent en partie par les stéréotypes et les préjugés négatifs que les membres d’une société entretiennent à l’égard des individus appartenant aux minorités ethniques, religieuses ou culturelles présentes dans leur pays.

« Daltonisme » vs multiculturalisme

Deux stratégies discursives concurrentes ont été proposées pour faire reculer les effets néfastes des préjugés raciaux ou culturels.

La première, que les Américains nomment color blindness (littéralement, daltonisme, pour signifier que la couleur de peau ne compte pas), et que nous qualifierons d’« indifférence à la différence », consiste à produire un discours social minimisant l’ampleur et la portée des différences ethniques ou culturelles qui sont censées exister entre les minorités et la population d’origine d’un pays.

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