En Chiffres
1,3 million d’hommes
morts en guerres entre 1792 et 1815 pour 30 millions de Français.
Au plan financier, il rétablit la monnaie en créant, en 1800, la Banque de France, une banque centrale qui surveille le franc germinal émis à partir de 1803, début d’un siècle de stabilité monétaire. Pile : Bonaparte, Premier Consul. Face : République française.
Dès 1802, le cadastre recense les propriétés et permet d’asseoir l’impôt sur des bases claires. Bonaparte crée l’« État administratif moderne : quatre mois suffirent [en 1800] pour créer la Caisse d’amortissement de la dette publique et la Banque de France, mettre sur pied une nouvelle administration des contributions directes, le système préfectoral et réorganiser l’ordre judiciaire1 ».
Par le Concordat du 15 juillet 1801, Bonaparte rétablit le culte comme liberté publique encadrée par l’État et plus seulement privée. En contrepartie, la papauté accepte la nationalisation des biens d’Église, la salarisation du clergé par l’État contre serment de fidélité, la législation révolutionnaire sur l’état civil et le divorce.
En 1802, Bonaparte crée les lycées pour former « l’élite de la nation » : une élite méritocratique, à son image. Chef-d’œuvre juridique, enfin, le Code civil ou « Code Napoléon », publié en 1804. Bonaparte a participé à sa rédaction pour clarifier la loi civile. En 1807 est créé le Code du commerce pour régir les relations d’affaires. Cette même année, il peut s’enorgueillir d’avoir rétabli la France sur des « masses de granit ».
Effondrement du commerce extérieur
À son passif, la guerre est quasi ininterrompue : les pertes humaines des guerres révolutionnaires et impériales (1792-1815) s’élèveraient à 1,3 million d’hommes pour 30 millions d’âmes, sans doute, en 1815.
Sacré empereur le 2 décembre 1804, Napoléon Ier a succombé à la démesure de la guerre. Le conflit économique contre l’Angleterre ne connaîtra pas un meilleur sort : le blocus continental a pour corollaire le blocus anglais (1806), qui provoque l’effondrement du commerce extérieur français en le coupant de sa composante atlantique et coloniale.
En Chiffres
2%
C'est à peine la croissance annuelle de la production industrielle de 1791 à 1810.
Les ports prospères d’avant 1789 sont désœuvrés : Bordeaux a perdu le tiers de sa population. L’industrie française souffre du manque d’approvisionnement en coton, quatre fois plus cher qu’en Angleterre.
Toutefois, la France, privée de sucre de canne, invente la politique des ersätze : Napoléon aide le chimiste et ex-ministre de l’Industrie (de 1801 à 1804) Jean-Antoine Chaptal à mettre au point le sucre de betterave en 1812, avec le soutien du banquier Benjamin Delessert auquel Napoléon remettra pour l’occasion sa propre légion d’honneur. L’État aide aussi Jacquard, l’inventeur du métier mécanique, à tisser la soie, mais ne donnera pas suite aux propositions de l’industriel écossais Douglas pour les machines à filer la laine.
Marasme agricole
Cela ne doit toutefois pas masquer l’essentiel : privée des techniques anglaises, la production agricole stagne voire régresse, rapportée au nombre d’habitants. Dans l’industrie naissante, le progrès technique peine à se diffuser depuis l’Angleterre, qui prohibe l’exportation de ses machines : en 1811, le textile français a cinq fois moins de broches que l’industrie anglaise.
Selon Jean-Charles Asselain2, la croissance annuelle de la production industrielle serait d’à peine 2 % de 1791 à 1810. Au plan social, dès 1803 le « livret ouvrier » exerce un véritable contrôle : il retrace leur carrière, mais aussi leur absentéisme ou leur refus d’obéir.
Somme toute, Bonaparte « avait besoin d’une France en ordre et prospère pour en tirer les ressources, argent et hommes, nécessaires à sa politique extérieure » 3.
Au final, l’Empire apparaît comme un rétablissement de la monarchie et la pratique du pouvoir comme celle d’un despotisme éclairé. « La coïncidence entre les intérêts de la société et ceux de l’État était réelle, mais quand les premiers finirent par se révéler contraire aux seconds, sous l’Empire, à aucun moment Napoléon n’hésita à les sacrifier. » 4
1. 3. et 4. Bonaparte (1769-1802), Patrice Gueniffey, Gallimard, 2013
2. Histoire économique de la France, tome 1, Jean Charles Asselain, 1984