« Payer rubis sur l’ongle », une expression détournée, venue... des bons buveurs

« Payer rubis sur l’ongle », c’est s’acquitter d’une dette en totalité et en une seule fois, c’est-à-dire régler exactement la somme due. Si nous utilisons toujours cette expression aujourd’hui pour évoquer un paiement, la formule date du XVII^e siècle et fait référence… au vin !

À cette époque, pour rendre hommage à une personne appréciée, on buvait à sa santé en vidant la totalité de sa coupe de vin, en n’en laissant qu’une petite goutte au fond du verre. La coutume consistait alors à déposer cette goutte sur l’ongle puis à la lécher, en signe d’attachement à la personne honorée. Cette goutte du vin formait un véritable « rubis sur l’ongle ».

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De la boisson aux pierres précieuses

Par analogie, on a ensuite utilisé l’expression pour désigner le fait de vider sa bourse en totalité pour régler une dette rapidement. L’évocation du rubis pour parler d’argent est liée à la couleur du vin, mais pas seulement : dans le contexte d’une transaction, il rappelle la préciosité du rubis, qui fait partie des quatre pierres dites « précieuses », avec le diamant, le saphir et l’émeraude.

Jusqu’à la fin du XIX^e siècle et la fondation du diamantaire De Beers, la plus recherchée des pierres n’est pas le diamant, mais le rubis, sacré « reine des pierres précieuses ».

De nos jours, la Birmanie est le principal pays pourvoyeur de rubis : ce petit État d’Asie exporte 80 % des rubis du monde entier. Territoire historique de cette pierre précieuse, on extrait dans la vallée de Mogok la variété dite « Sang de pigeon ». En 2016, l’un de ces joyaux, le Sunrise, a été vendu au prix inédit de 30,3 millions de dollars.