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Idées

Pour Montesquieu, la vraie puissance n’est pas économique

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Le philosophe mesure l’impact réel d’un État sur les pays voisins à l’aune des valeurs qu’il est susceptible d’exporter et de rendre désirables. Montrant, en partant de la chute de Rome, que la fortune ne fait pas la domination, il engage à réfléchir sur le pouvoir d’influence culturel et scientifique.

Martial Poirson,professeur à l'université Paris 8
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© DR

« Quelquefois la lâcheté des Empereurs, souvent la faiblesse de l’Empire, firent que l’on chercha à apaiser par de l’argent les peuples qui menaçaient d’envahir. Mais la paix ne peut point s’acheter, parce que celui qui l’a vendue n’en est que plus en état de la faire acheter encore. Il vaut mieux courir le risque de faire une guerre malheureuse que de donner de l’argent pour avoir la paix : car on respecte toujours un prince lorsqu’on sait qu’on ne le vaincra qu’après une longue résistance. [...] »

C'est ainsi que Montesquieu parle en 1734 du déclin de l'empire romain dans Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (chap. XVIII : « Nouvelles maximes prises par les Romains »), dont un extrait a été reproduit ici (un passage plus long est disponible au bas de l'article). 

Préfiguration de L’Esprit des lois, ce texte présente l’histoire de l’humanité, non comme le fruit du hasard ou de la providence, mais comme celui de déterminismes socio-économique, politique et culturel, et l’empire romain comme un laboratoire de philosophie politique.