Pourquoi il est si difficile pour l'État de (se) réformer 
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Pourquoi il est si difficile pour l'État de (se) réformer 

Pierre Martin, agrégé d’histoire, professeur de chaire supérieure en Classes préparatoires Économiques et Commerciales (ECG) au lycée Ampère, à Lyon
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Le rapport Pinay-Rueff de 1958 soulignait l’existence de groupes de pression « conservateurs et malthusiens » en lutte incessante contre l’État et l’administration, qui « résistent, limitent, repoussent, mais souvent finissent par succomber ».

« En somme, l’alternative, c’est le miracle ou la faillite. Sur tous les postes nous sommes au bord du désastre : déficit budgétaire, dette, déficit du commerce extérieur aggravé par le désarmement douanier lié à la construction européenne, discrédit international » 1

S’agit-il d’un diagnostic de l’économie française de 2022 ? Point du tout. Il a été formulé en mai 1958. Son auteur : Charles de Gaulle, de retour au pouvoir, en réponse à son ministre des Finances, Antoine Pinay, qui vient de lui présenter l’état du pays.

En instaurant la Ve République, Charles de Gaulle considère que « les décisions à prendre sont étendues et profondes », car les maux dont souffre l’économie française exigent des réformes structurelles. Il charge une commission de recenser « les obstacles à l’expansion économique ».

Ses conclusions sont rassemblées dans le rapport Pinay-Rueff-Armand, remis en 1960 au Premier ministre Michel Debré. La commission est présidée par Antoine Pinay, qui incarne le sérieux et la volonté de retour à l’équilibre des finances publiques, bref, la confiance restaurée.