Lénine, chef des bolcheviks russes, prend le pouvoir par la force en octobre 1917. Une révolution minutieusement préparée depuis son retour en Russie, au printemps 1917. La première révolution de février 1917 avait balayé le tsar Nicolas II, mais le gouvernement provisoire avait cristallisé les mécontentements en poursuivant la Première Guerre mondiale. Lénine promet « la paix, le pain, la terre »…
Une paix désastreuse est signée avec l’Allemagne en mars 1918 à Brest-Litovsk : le prix à payer pour sortir d’un conflit « impérialiste ». La réalité quotidienne des Russes, c’est pourtant la guerre, la famine, les expropriations. Le communisme de guerre (1918-1921), c’est la « dictature du prolétariat » de Marx : militarisation des usines, livret ouvrier, « samedis du travail »…
Des usines Ford à Gorky
Confisquer le pouvoir au profit des seuls bolcheviks, imposer la suppression du marché et de la monnaie, éradiquer toute forme d’opposition, diffuser la révolution en Europe : c’est trop, Lénine est dans l’impasse. La Russie est asphyxiée, d’autant qu’elle sort de sept années de guerre, mondiale et civile. En 1921, cinq millions de Russes meurent de faim. « La disette était telle qu’elle conduisit certains affamés à se repaître de cadavres (…). Le Politburo, organe central du PC, informé, décréta que les cannibales (…) seraient “isolés” sans jugement. »
Lénine, chef des bolcheviks russes, prend le pouvoir par la force en octobre 1917. Une révolution minutieusement préparée depuis son retour en Russie, au printemps 1917. La première révolution de février 1917 avait balayé le tsar Nicolas II, mais le gouvernement provisoire avait cristallisé les mécontentements en poursuivant la Première Guerre mondiale. Lénine promet « la paix, le pain, la terre »…
Une paix désastreuse est signée avec l’Allemagne en mars 1918 à Brest-Litovsk : le prix à payer pour sortir d’un conflit « impérialiste ». La réalité quotidienne des Russes, c’est pourtant la guerre, la famine, les expropriations. Le communisme de guerre (1918-1921), c’est la « dictature du prolétariat » de Marx : militarisation des usines, livret ouvrier, « samedis du travail »…
Des usines Ford à Gorky
Confisquer le pouvoir au profit des seuls bolcheviks, imposer la suppression du marché et de la monnaie, éradiquer toute forme d’opposition, diffuser la révolution en Europe : c’est trop, Lénine est dans l’impasse. La Russie est asphyxiée, d’autant qu’elle sort de sept années de guerre, mondiale et civile. En 1921, cinq millions de Russes meurent de faim. « La disette était telle qu’elle conduisit certains affamés à se repaître de cadavres (…). Le Politburo, organe central du PC, informé, décréta que les cannibales (…) seraient “isolés” sans jugement. »
L’Armée rouge a beau lutter contre les « Blancs », la police politique, la Tchéka, a beau éliminer toute opposition, le pays s’effondre. La révolte des paysans enflamme tout le pays. Pire : les marins de Kronstadt, port de guerre en face de la capitale Pétrograd (future Leningrad), se révoltent aux cris de « Vive la Révolution sans les bolcheviks ». La répression est impitoyable, en plein Congrès du PC…
Lénine le reconnaît : « Tout le système du communisme de guerre est entré en collision avec les intérêts de la paysannerie (…). Nous nous sommes trop avancés dans la nationalisation du commerce et de l’industrie, dans le blocage des échanges locaux. » Lénine est contraint de traiter avec les paysans, ces « capitalistes en gros sabots » : c’est la Nouvelle politique économique (NPE).
En Chiffres
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Sociétés étrangères sont présentes en Russie en 1925.
Il autorise donc le retour à un marché libre dans les campagnes, reconnaît le profit, y compris pour les artisans, petits commerçants et industriels. Il fallait son autorité pour imposer ce tournant radical, terrible aveu de l’inanité économique du marxisme. En mai 1921, les usines de moins de 20 personnes sont privatisées, soit 10 000 entreprises.
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Le droit à la propriété privée et l’héritage sont rétablis. En 1922, une monnaie garantie sur l’or est restaurée, avant la réforme de 1924, qui installe le rouble. La Russie renoue avec les investissements étrangers : 39 sociétés étrangères sont présentes en Russie en 1925, dont Ford à Gorky (mais, si l’on en croit Lénine, appliqué dans un cadre socialiste, le travail à la chaîne perdait son caractère de cruauté…).
Haro sur l’Église orthodoxe
La mise en place et la théorisation de la NEP se font par tâtonnements. Dans De la NEP au socialisme (1922), Preobrajenski y voit un moyen d’« accumulation primitive socialiste » nécessaire au développement industriel : une voie qui s’inspire de l’industrialisation anglaise ! Boukharine, en 1925, lance aux paysans : « Enrichissez-vous ! », ce qui devait permettre « le passage au socialisme par l’échange ».
Le bilan de la NEP est spectaculaire : en 1928, la production manufacturière retrouve son niveau de 1913, la situation alimentaire est acceptable, les paysans ont repris en main leurs terres, les « Nepmen » forment un vivier d’entrepreneurs dynamiques.
On aurait cependant grand tort de croire à une conversion au libéralisme : dès le 19 mars 1922, Lénine confiait au Politburo : « C’est précisément maintenant (…) quand, dans des régions affamées, les gens se nourrissent de chair humaine et (que) des centaines de milliers de cadavres pourrissent sur les routes, que nous pouvons (et devons) réaliser la confiscation des trésors de l’Église avec l’énergie la plus sauvage et la plus impitoyable. » (Lénine, Hélène Carrère d’Encausse, Fayard, 1998)
La NEP n’était bien qu’un « recul tactique », selon les mots de Lénine, qui meurt en 1924. Staline, son successeur, persécute dès 1927 les koulaks rendus responsables d’une nouvelle disette puis, à partir de 1928, Nepmen, artisans…
En 1928, Staline impose la planification à toute l’économie désormais entièrement étatisée. Preuve idéologiquement insupportable de la vigueur de la thérapie marchande, la NEP était une concession nécessaire, mais provisoire. Retour à une orthodoxie révolutionnaire donc. Mais, de l’aveu même de Lénine « les faits sont têtus » : seule la terreur totalitaire permit au régime de durer.
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