L’origine du Livret A remonte à la création de la première Caisse d’épargne de Paris, en 1818. Il s’appelle alors livret d’épargne – il prendra le nom de livret A en 1966 – et vise à inciter les Français, en particulier les familles les plus modestes, à épargner.
Ses débuts sont plutôt laborieux (quelques centaines de souscriptions seulement à la fin de l’année 1818), mais il gagne en popularité au fil des ans. Aujourd’hui, c’est le placement d’épargne le plus répandu en France : plus de quatre Français sur cinq en détiennent un.
Des atouts AAA
Accessible à tous, il n’est pas rare que ce livret constitue le tout premier placement dans la vie d’un Français : de nombreux parents en ouvrent un à leur enfant à sa naissance.
Chaque personne ne peut être titulaire que d’un seul livret A. Sa liquidité est totale, c’est-à-dire que l’argent qui y est déposé peut être retiré à tout moment et sans frais. Toutes les opérations effectuées sur le livret A (ouverture, dépôt, retrait et clôture) sont d’ailleurs gratuites. Son plafond a été augmenté à plusieurs reprises et il est actuellement de 22 950 euros.
Le capital est garanti par l’État et les intérêts versés sont défiscalisés. Une nouvelle formule de calcul du taux annuel du livret A a été adoptée fin 2017. Pour l’instant, ce taux est gelé à 0,75 % jusqu’au 1er février 2020. À partir de cette date, il sera fixé comme la moyenne semestrielle du taux d’inflation et des taux interbancaires à court terme, et il ne pourra jamais être inférieur à 0,5 %.
Son record historique a été atteint en 1981 (8,5 %), mais à cette époque, l’inflation dépassait les 13 % donc son rendement réel était négatif ! Les intérêts, versés chaque année le 31 décembre, sont calculés par quinzaine. Concrètement, cela signifie qu’il est préférable de faire un retrait le 2 avril plutôt que le 30 mars, sous peine de perdre les intérêts pour la deuxième quinzaine de mars.
Une épargne concentrée
Fin 2017, les sommes déposées sur les livrets A se montaient à 256,7 milliards d’euros, représentant 5 % de l’encours des principaux placements financiers des Français (5 014 milliards d’euros), selon le dernier rapport annuel de l’Observatoire de l’épargne réglementée.
L’épargne effectuée sur les livrets A est très concentrée : les 10 % de livrets les plus dotés représentent environ 50 % des encours et 60 % des livrets ont des montants inférieurs à 1 500 euros. La collecte sur le livret A s’est poursuivie en 2018 et début 2019 : en janvier, l’encours s’est élevé à 287,8 milliards d’euros, ce qui constitue un nouveau record, souligne le Cercle de l’épargne, un centre de réflexion dédié à l’épargne, la retraite et la prévoyance.
Mais à quoi servent les milliards collectés sur les livrets A ? À l’origine, ils sont principalement investis dans des titres d’État, mais après la guerre de 1870, les besoins de financements de l’économie sont importants et ces fonds vont alors financer la construction d’infrastructures (chemins de fer, canaux, électrification des campagnes). C’est à la fin du XIXe siècle qu’apparaît la mission de financement du logement social, qui est aujourd’hui encore l’une des principales vocations du livret A.
Concrètement, environ 60 % de l’argent collecté par les banques sur les livrets A est centralisé au niveau de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), une institution financière publique qui se charge ensuite de faire des prêts pour financer le logement social, les collectivités territoriales ou encore des infrastructures durables. La CDC se charge aussi de collecter pour l’État les sommes des livrets A dits « inactifs », c’est-à-dire des comptes sans activité depuis trois ans si le titulaire est décédé et depuis 10 ans si le titulaire est vivant. En 2017, elle a ainsi reçu près de 260 millions d’euros !