Face à l’impossibilité de consommer ou à la crainte que leur inspire par l’avenir, les Français ont épargné 142 milliards d’euros de plus qu’à l’ordinaire depuis le début de la crise sanitaire. Pourtant, la consommation est une composante essentielle de la croissance économique.
À lire Le label Relance pour aspirer l’épargne générée pendant la crise du Covid-19
Plus la consommation est soutenue, plus les entreprises doivent fabriquer des biens et des services et plus elles ont besoin de main-d’œuvre. Si les entreprises embauchent, elles versent un salaire qui sera à son tour dépensé, ce qui stimulera la production et donc la croissance.
Frileux par anticipation
De fait, la reprise dépendra en grande partie de la façon dont les ménages vont dépenser cette épargne. Et l’enjeu est de taille, car selon l’OFCE, si les Français en dépensaient 20 %, la croissance du PIB pourrait atteindre 6 % en 2022.

Données : Insee/Partageons l’Éco, octobre 2020. Graphique : Pour l'Éco.
Face à l’impossibilité de consommer ou à la crainte que leur inspire par l’avenir, les Français ont épargné 142 milliards d’euros de plus qu’à l’ordinaire depuis le début de la crise sanitaire. Pourtant, la consommation est une composante essentielle de la croissance économique.
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Plus la consommation est soutenue, plus les entreprises doivent fabriquer des biens et des services et plus elles ont besoin de main-d’œuvre. Si les entreprises embauchent, elles versent un salaire qui sera à son tour dépensé, ce qui stimulera la production et donc la croissance.
Frileux par anticipation
De fait, la reprise dépendra en grande partie de la façon dont les ménages vont dépenser cette épargne. Et l’enjeu est de taille, car selon l’OFCE, si les Français en dépensaient 20 %, la croissance du PIB pourrait atteindre 6 % en 2022.

Données : Insee/Partageons l’Éco, octobre 2020. Graphique : Pour l'Éco.
Mais pourquoi imaginer que la levée des restrictions sanitaires ne conduira pas mécaniquement à une reprise de la consommation ? Selon Milton Friedman (1956), celle-ci dépend non seulement du revenu que les ménages perçoivent, mais aussi de celui qu’ils s’attendent à percevoir un jour. C’est au regard de ces revenus anticipés que les ménages consomment.
Même si les dispositifs de chômage partiel ont limité la baisse des revenus, les ménages restent incertains quant à ceux qu’ils s’attendent à percevoir à l’avenir. Il est logique qu’ils épargnent.
John Maynard Keynes (1936) soulignait qu’en période d’incertitudes, les ménages peuvent modifier leurs décisions et adopter des comportements prudents. De ce point de vue, acheter une nouvelle voiture ou remplacer sa garde-robe alors que les risques de chômage ne sont pas dissipés paraît peu avisé.
Chômage partiel
Termes désignant une aide versée aux entreprises par l’État et l’Unedic (l’Assurance chômage), lorsqu’elles se voient contraindre de réduire leur activité à cause d’évènements conjoncturels et temporaires (crise économique, pandémie…).
Cette notion d’incertitude a, depuis, été approfondie notamment par Angela Yu et Peter Dayan (2005), deux neuroscientifiques dont les travaux ont influencé la recherche sur la consommation. Ils différencient les incertitudes attendues de celles qui sont inattendues.
Incertitude paralysante
Face aux premières, les ménages peuvent anticiper. Si un individu perd son travail, il sait qu’il pourra bénéficier d’une allocation-chômage, voire anticiper le temps nécessaire (même de façon approximative) pour retrouver un emploi.
En revanche, quand se produit un évènement ou un état inédit ou imprévisible, l’incertitude est d’une autre nature. Ainsi, le caractère inattendu de la pandémie empêche les ménages de s’appuyer sur leur expérience.
Un salarié contraint au chômage partiel n’a aucune visibilité sur sa reprise de travail. Il ne pourra pas anticiper, car la situation qu’il traverse sort de son cadre de référence. Dans ce cas, les ménages freinent leur consommation, en attendant que l’incertitude redevienne… attendue.