Economie

Le repos dominical, une histoire de congés qui vient de loin

Intimement lié à la question religieuse, le repos dominical rythme la vie des travailleurs depuis l'Antiquité, malgré quelques ajustements forcés par l’Histoire.

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© Midjourney

Le repos dominical, au-delà de sa simple définition de pause hebdomadaire, est un prisme à travers lequel on peut observer les mouvements profonds d'une civilisation. Il est le reflet de l'évolution des croyances, des structures sociales, économiques et politiques. Depuis les empires antiques où le sacré dictait le rythme des jours, jusqu'à notre époque contemporaine où économie et flexibilité redessinent les contours du travail, pourquoi ce jour particulier a-t-il autant mobilisé les énergies et les débats ? Petit plongeon dans son histoire.

Le repos dominical en 5 dates

321 après J.-C, un jour de repos hebdomadaire légal. Le septième jour, « jour du soleil », est instauré par le premier empereur romain chrétien, Constantin. Le travail doit s’arrêter, avant tout pour participer aux offices religieux. Seuls les paysans peuvent travailler en cas de nécessité.

Du Moyen Âge à l’Ancien régime, la généralisation du repos dominical. Contrôlé par les corporations de métiers. 77 jours sont chômés sous l’Ancien Régime (52 dimanches et 25 fêtes religieuses). L’esprit des Lumières critiquera l’institution d’un jour chômé pour des raisons économiques et sociales.

XVIIIe et XIXe siècle, Suppression du repos dominical par la Révolution française. En 1792, le calendrier républicain remplace le calendrier grégorien, selon un système décimal de décades (semaine de 10 jours), allant du primidi au décadi (remplace le dimanche). Le repos est décadaire, imposé, et les jours chômés sont réduits à 36 et cinq fêtes. La Restauration rétablit le repos dominical (et les jours fériés), mais la Troisième République, en 1880, le supprime (sauf pour les fonctionnaires), car trop lié aux racines chrétiennes, sans le remplacer par un autre jour. Toutefois, l’employeur peut librement en accorder un.

1906, repos hebdomadaire établi par la loi Sarrien. En faveur des ouvriers et des employés de l’industrie et du commerce. L’article 1er stipule : « Le repos hebdomadaire devra avoir une durée minimale de 24 heures consécutives », après six jours de travail par semaine. Et l’article 2 : « il doit être donné le dimanche ». La loi précise les dérogations possibles. La France est l’un des derniers pays occidentaux à légiférer sur le repos hebdomadaire.

2009, extension des dérogations par la loi Mallié. Concerne les zones touristiques ou thermales tout en réaffirmant le repos dominical. Création des Périmètres d’usage de consommation exceptionnel (PUCE), devenus, depuis, « zones commerciales ». À ce jour, des dérogations existent aussi pour certains secteurs, zones touristiques internationales, gares… sur la base du volontariat des salariés et de contreparties.

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