Sociologie

Reproduction sociale. « Polytechnique, on l'intègre de père en fils »

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Depuis près de 20 ans, les grandes écoles ont mis en place des dispositifs d’ouverture sociale. Malgré la bonne volonté de certains militants à l’intérieur de ces établissements d’élite, c’est un échec. La reproduction sociale bat son plein.

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Illustration de l'article Reproduction sociale. « Polytechnique, on l'intègre de père en fils »

© Mathilde MAZARS/REA

« J’ai huit frères et sœurs. Mes parents ne parlent pas français. J’ai presque toujours connu mon père au chômage et… je viens de Roubaix ! s’amuse Mustapha Touahir. Pour moi, venu d’un milieu dit “socialement défavorisé”, entrer à l’X [le surnom de Polytechnique, NDLR], c’était un peu comme être un ovni. J’ai vite vu le manque de diversité. »

En dépit de ce constat, le polytechnicien, diplômé en 2010, ne manque pas d’humour. Sans rancune ! Il est, depuis 2020, chef du service Études et diffusion de l’Insee Île-de-France. Mais il en reste convaincu, « ma trajectoire relève de l’exception, je suis passé entre les gouttes ». 

L’École polytechnique, avec l’École Nationale d’Administration (l’ENA, dissoute en 2021 et remplacée en 2022 par l’Institut National du Service Public – INSP), occupent le sommet du classement des écoles à plus fort degré de reproduction sociale, souligne Stéphane Benveniste, économiste et chercheur à l’Institut national des études démographiques (Ined) : « Un individu né entre 1971 et 1995 et dont le père est polytechnicien a près de 300 fois plus de chances qu’une personne dont les parents n’ont pas fait ces études d’être aussi admis à l’X. »

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