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Portraits d'Économistes

Francis Fukuyama et la fin de l'histoire

Cet économiste américain s'est fait connaître avec la thèse d’une « fin de l'histoire » avec l’avènement d’un système libéral et démocratique.

Manon Touchard
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© NOAH BERGER/NYT-REDUX-REA

Cet économiste néoconservateur, professeur d’économie politique à l’université John-Hopkins de Washington parle d’une fin de l'histoire des idées sociales, politiques ou économiques avec l’avènement d’un système libéral et démocratique.

Courant et contemporains

Francis Fukuyama emprunte le terme de « fin de l’histoire » au philosophe allemand Georg W. F. Hegel. Elle est alors définie comme une progression vers de plus de liberté jusqu’à une autonomie absolue de la conscience, déjà dans un Etat libéral moderne.

Pour lui, comme pour Hegel, l’individu naturel est marqué par un profond désir de reconnaissance de la part des autres individus. Il rejette l’idée d’un individu homo œconomicus défendue par John Locke et Thomas Hobbes. Lors de le l’élection présidentielle de 2008, Fukuyama se détourne du mouvement néoconservateur et soutient le démocrate Barack Obama. Il s’est ensuite dit très déçu de son premier mandat.

Éco-mots

Homo œconomicus

L'homo œconomicus (ou homme économique) est la représentation théorique néoclassique du comportement d’un individu humain. Il est considéré comme rationnel puisqu’il maximise sa satisfaction en utilisant au mieux les ressources à sa disposition.

Un monde démocratique et libéral

Francis Fukuyama décrit sa théorie de « la fin de l’Histoire » publiée en 1989, comme une version molle de la théorie de la modernisation. Il parle d’un processus cohérent qui ne diffère pas de manière fondamentale dans les cultures humaines et qui amène au développement de systèmes démocratiques et libéraux.

Il établit que l’histoire est menée par l’expansion des sciences et de la technologie, qui constituent le fondement de la modernisation économique, et la lutte pour la reconnaissance qui prend place dans un système politique admettant l’universalité des droits de l’homme.

L’auteur fait un lien entre libéralisme économique, qui permet de satisfaire les désirs matériel des humain, et le libéralisme politique, qui permet de satisfaire rationnellement leur désir de reconnaissance le biais du principe d'égalité universelle de tous les êtres humains. Il en tire la conclusion que le libéralisme politique est la dernière forme de théorie politique.

Cet objectif est celui de l’installation de la démocratie libérale et d’un système économique capitaliste à la suite d’un processus de recherche incessante de sécurité. Les sociétés se dotent alors d’un système de méritocratie et d’un gouvernement impersonnel : le responsable choisi n’est pas un proche mais quelqu’un de qualifié pour l’emploi.

L’instauration d’un système économique libérale amène aussi à l’augmentation des niveaux de revenus. Une classe moyenne, avide de participation aux affaires politiques, se créent alors.

Pour l’auteur « c’est ce qui explique la corrélation relativement forte entre la richesse et la démocratie dans le monde ». « [En 1989] j’utilisais le mot « Histoire » dans son acception hegéliano-marxiste : l’évolution progressive des institutions humaines, politiques et économiques » explique l’auteur dans son article Retour sur la fin de « l’Histoire», publié dans la revu Commentaire en 2018. La fin de l’Histoire indique donc plus un objectif qu’une échéance.

Retour sur la fin de l’Histoire

Dans Retour sur la fin de « l’Histoire», il reconnait que son analyse de 1989 admettaient plusieurs limites. Il n’y expliquait pas les origines de la croissance économique.

Cet « escalator ascendant » vers le modèle économique libérale puis la démocratie présuppose la présence d’un Etat moderne. Il estime en effet que l’absence d’institutions fut un frein à un modèle universel de croissance libérale.

« Ma théorie initiale se concentrait sur la démocratie et ne faisait pas assez attention au prérequis d’un État relativement impersonnel, pouvant maintenir l’ordre social et fournir des biens publics de base. »

Dans ses ouvrages Political Order publiés à partir de 2011, il prend en compte les facteurs climatiques, géographiques ou encore les croyances religieuses dans l’élaboration de cet état impersonnel. Il en conclue qu’en fonction de ces facteurs, un Etat moderne peut autant se développer que décliner.

« Je n’ai jamais soutenu que tous les pays deviendraient ou pouvaient devenir démocratiques à court terme, mais seulement que l’histoire humaine s’inscrivait dans une logique évolutive qui conduirait les nations les plus avancées vers la démocratie libérale et les marchés. » 

Il maintient cependant que le processus de mondialisation n’est pas prêt de s’arrêter avec le développement des technologies de l’informations, qui donnent plus de pouvoirs aux individus et précipitent la démocratisation.

Dates cles et ouvrages principaux

1952 - Naissance à Chicago

1989 - The End of History

1992 - The End of History and the Last Man

2011 - The Origins of Political Order

2014 - Political Order and Political Decay

L’histoire de l’humanité cohérente et orientée, finira par conduire la plus grande partie de l’humanité vers la démocratie libérale. 
Francis Fukuyama,

Préface de The End of History and the Last Man, 1992