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Friedrich Hayek et la mise en garde contre le collectivisme
Portraits d'Économistes
Friedrich Hayek et la mise en garde contre le collectivisme
Économiste autrichien, théoricien social et penseur politique majeur du XXe siècle. Grand défenseur du libéralisme, il considère que les politiques de relance keynésiennes, basées sur le financement public ne font qu'augmenter l'inflation, le chômage, et l'assistanat.

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Qui suis-je ?
Friedrich Hayek est un économiste autrichien, théoricien social et penseur politique majeur du XXe siècle. Il a servi durant la Première Guerre mondiale. Son expérience dans la guerre et son désir d'aider à éviter de nouveau un conflit de ce type l'ont amené à étudier les sciences économiques.
Grand défenseur du libéralisme, il considère que les politiques de relance keynésiennes, basées sur le financement public ne font qu'augmenter l'inflation, le chômage, et l'assistanat.
Tout au long de sa vie, Friedrich Hayek portera des critiques virulentes sur le socialisme et le communisme au profit du capitalisme et du libéralisme. Outre son plaidoyer contre la planification, on lui doit des réflexions sur le rôle des intellectuels dans les sociétés modernes et l’importance des marchés et du système de prix comme producteurs d’information. Il a obtenu le prix Nobel en 1974
Le libéralisme économique considère la concurrence comme supérieure non seulement parce qu'elle est dans la plupart des circonstances la méthode la plus efficace qu'on connaisse, mais plus encore parce qu'elle est la seule méthode qui permette d'ajuster nos activités les unes aux autres sans intervention arbitraire ou coercitive de l'autorité.Friedrich Hayek
Mes dates clés
- Naissance : Le 8 mai 1899 à Vienne, en Autriche
- 1944 : Publication de "La route de la servitude" où il soutient que l'interventionnisme de l'État a tendance à toujours empiéter davantage sur les libertés individuelles et qu'il peut progressivement conduire au totalitarisme, et à la servitude des peuples
- 1945 : Publication de l'article scientifique "L'Utilisation de la connaissance dans la société" en opposition aux théories de l'économie planifiée, en Europe de l'est
- 1974 : Obtient le Prix Nobel d'économie pour ses travaux sur "ses travaux pionniers dans la théorie de la monnaie et des fluctuations économiques et pour son analyse de l'interdépendance des phénomènes économiques, sociaux et institutionnels" avec Gunnar Myrdal
- Mort : le 23 mars 1992 à Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne
Sa thèse : Contre le Plan, le plaidoyer vibrant de Hayek
Pour l’économiste et penseur libéral, vouloir planifier l’économie conduit inévitablement à la tyrannie d’État par la confiscation des choix économiques de l’individu. Extraits.
« Notre liberté de choix dans une société compétitive repose sur le fait que si une personne refuse de satisfaire nos souhaits, nous pouvons nous tourner vers une autre.
Mais si nous faisons face à un monopole, nous sommes à sa merci absolue. Et une autorité dirigeant l’ensemble du système économique du pays serait le monopole le plus puissant que l’on puisse imaginer... elle aurait le pouvoir complet de décider de ce qu’on nous donne et à quelles conditions.
Il ne déciderait pas seulement quels produits et services seraient disponibles et en quelles quantités; il serait en mesure d’orienter arbitrairement leur distribution entre les personnes. [...]
Rares sont les gens qui ont le choix absolu de leur occupation. Mais ce qui compte, c’est que nous ayons le choix dans une certaine mesure, que nous ne soyons pas absolument liés à un travail qui a été choisi pour nous, et que si une position devient intolérable, ou si nous mettons notre cœur sur une autre, il y a toujours un moyen, moyennant un certain sacrifice, d’atteindre son objectif. Rien ne rend les conditions plus insupportables que de savoir qu’aucun effort de notre part ne peut les changer. [...]
L’État devrait se limiter à établir des règles s’appliquant à des types généraux de situations et devrait permettre aux individus la liberté dans tout ce qui dépend des circonstances de temps et de lieu, car seuls les individus concernés dans chaque cas peuvent connaître pleinement ces circonstances et adapter leurs actions.
Si les individus sont capables d’utiliser efficacement leurs connaissances dans l’élaboration de plans, ils doivent être capables de prédire les actions de l’État qui peuvent affecter ces plans.
Mais pour que les actions de l’État soient prévisibles, elles doivent être déterminées par des règles fixées indépendamment des circonstances concrètes qui ne peuvent être ni prévues ni prises en compte au préalable.
Si, au contraire, l’État devait diriger les actions de l’individu de manière à ce qu’elles atteignent des fins particulières, ses actions devraient être décidées sur la base de toutes les circonstances du moment et seraient donc imprévisibles.
D’où le fait familier que plus l’État “planifie”, plus la planification devient difficile pour l’individu. [...]
Le contrôle économique n’est pas simplement le contrôle d’un secteur de la vie humaine qui peut être séparé du reste; c’est le contrôle des moyens pour toutes nos fins. Et quiconque a le contrôle exclusif des moyens doit également déterminer quelles fins doivent être servies, quelles valeurs doivent être évaluées plus haut et lesquelles sont inférieures, en bref, ce que les hommes devraient croire et atteindre. [...]
Tout ce qui pourrait faire douter de la sagesse du gouvernement ou créer du mécontentement sera caché au peuple. Des comparaisons défavorables avec l’étranger, la connaissance d’alternatives possibles à la voie effectivement suivie, des informations qui pourraient suggérer que le gouvernement n’a pas tenu ses promesses ou a ignoré certaines opportunités pour améliorer les conditions – tout sera supprimé.
Il n’existe donc aucun domaine dans lequel le contrôle systématique de l’information ne sera pas pratiqué et l’uniformité des vues ne sera pas appliquée. [...] La critique publique ou même les expressions de doute doivent être supprimées, car elles ont tendance à affaiblir le soutien public [au gouvernement]... Lorsque le doute ou la peur exprimée ne concerne pas le succès d’une entreprise particulière, mais celui de l’ensemble du plan social, il sera traité comme une forme de sabotage.
Le mot “vérité” lui-même changera de sens. Il ne décrira plus quelque chose à trouver, la conscience individuelle étant le seul arbitre pour savoir si, dans un cas particulier, la preuve (ou la qualité de ceux qui la proclament) justifie une croyance; la «vérité» devient quelque chose qui doit être posé par l’autorité, quelque chose qui doit être cru dans l’intérêt de l’effort collectif, et qui peut devoir être modifié selon les exigences de cet effort.»
LA ROUTE DE LA SERVITUDE, FRIEDRICH HAYEK, 1944
L'analyse de Gilles Saint-Paul, professeur à la Paris School of Economics
Dans son classique La Route de la servitude, l’économiste et penseur libéral Friedrich Hayek décrit comment la volonté de planifier l’économie conduit inévitablement à la tyrannie.
En effet, la planification repose sur la confiscation par l’État des choix économiques de l’individu. Pour les utopies socialistes, cette planification devrait affranchir chacun de la nécessité de subvenir à ses besoins, tout en permettant de limiter voire d’éliminer les inégalités sociales et de coordonner les plans de production afin de satisfaire efficacement aux besoins.
Pour Hayek, l’État n’est pas une figure tutélaire bienveillante, mais une coalition d’individus qui poursuivent leur propre intérêt.
Planifier l’économie, c’est leur transférer un pouvoir considérable qui ne conduira qu’à l’arbitraire et au despotisme.
D’autant qu’il n’est pas possible de nationaliser le champ économique sans éliminer l’ensemble des libertés. Comment, par exemple, un organe de presse d’opposition indépendant peut-il survivre si le gouvernement contrôle ses imprimeries, est son unique fournisseur d’accès internet et gère sa main-d’œuvre?
Comment la liberté de l’artiste pourrait-elle s’épanouir s’il n’est plus qu’un fonctionnaire stipendié et contraint, pour subvenir à ses besoins, de s’aligner sur les choix esthétiques des bureaucrates qui le contrôlent ?
Pour Hayek, la dérive totalitaire des sociétés socialistes est complète. Si telle ou telle croyance, même fondée, s’oppose aux objectifs du Plan, pourquoi ne pas l’interdire en imposant à sa place une vérité officielle, puisque cela est à la fois faisable et souhaitable du point de vue du gouvernement?
Dans une société de marché décentralisée, les différences d’opinions se traduisent par des choix individuels divers, mais non incompatibles. Libre à ceux qui croient à l’efficacité de tel médicament de l’utiliser, libre aux autres de s’en passer.
Dans une société planifiée, seul compte le point de vue des hommes de l’État. Dès lors que ceux-ci décident de ce qui doit être produit et consommé, ils sont contraints d’élaborer une doctrine officielle pour légitimer leurs choix.
Une science officielle conclura alors que ces choix sont les meilleurs possible et qu’il est optimal d’interdire aux citoyens d’en exercer d’autres.
Les mises en garde de Hayek sont contemporaines de la montée des États totalitaires nazis et soviétiques.
Nous semblons les avoir oubliées. Pourtant, les États occidentaux sortent de plus en plus de leur rôle en réglementant la vie privée –des cigarettes en chocolat à l’hydroxychloroquine en passant par la fessée– toujours au nom d’études scientifiques ad hoc concluant invariablement, au nom du bien-être, dans le sens d’un joug accru de la puissance publique sur les personnes. Il est grand temps de relire La Route de la servitude.
Dessin Gilles Rapaport