[Guide] L'entreprise, cette organisation responsable à l'échelle de l'individu
« Tout le monde était unanime pour dire que mon idée était complètement stupide. »" Neuf ans plus tard, la messagerie « stupide » d’Evan Spiegel, celle dont les photos s’autodétruisent au bout de quelques secondes s’appelle Snapchat et vaut… 26 milliards de dollars. Spiegel est l’un de ces conquistadors modernes qui, un jour, se lancent dans l’aventure folle de l’entreprise. Avec une seule certitude : le risque.
Découvrez les éléments clés et notre sélection d'articles pour vous aider à comprendre les transformations que connaît actuellement l'entreprise.
Eco-mot
Entreprise
Réunion de personnes et de capitaux pour la production de biens et de services, échangés sur un marché concurrentiel à des fins de rentabilité. Selon les formes (de la société anonyme à l’entreprise individuelle), elle verse des salaires à ses employés, des dividendes à ses actionnaires, des impôts à l’Etat et aux collectivités territoriales.
Définir l'entreprise
D’après le Code civil, une société est instituée lorsqu’une ou plusieurs personnes conviennent, par un contrat, d’affecter à une "entreprise" commune, des biens ou leur savoir- faire en vue d’en partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Cette définition a été élargie, en 2018, par un nouveau texte qui a consacré des responsabilités nouvelles : l’entreprise sera gérée dans son intérêt social et en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité.
Une approche opérationnelle définit l’entreprise comme une organisation constituée de la réunion d’une ou plusieurs personnes physiques qui à partir de moyens financiers, matériels et humains mobilisés, produit et commercialise des biens et des services destinés à des consommateurs sur un marché concurrentiel dans un secteur d’activité donné. Sa finalité est de pouvoir dégager un résultat bénéficiaire afin de financer son développement et sa croissance, et d’assurer sa pérennité.
L’entreprise a un nom, c’est sa dénomination ; un domicile, c’est son siège ; une activité, c’est son objet, tous trois enregistrés au Registre du commerce et des sociétés (RCS). Elle possède aussi un statut qui précise son fonctionnement, ses règles et son cadre juridique. Différents statuts sont possibles, avec des avantages et des inconvénients, tout dépend de ce qui importe aux associés, compte tenu de la nature de l’activité.
Quand on est seul à exercer une activité commerciale ou libérale, le statut « d’entrepreneur individuel » permet d’être autonome, seul maître à bord. Mais pour protéger ses proches des aléas professionnels, il est préférable de séparer son patrimoine professionnel de son patrimoine personnel, ce que permet le statut d’Entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL).
Dès que l’on est au moins deux associés et surtout lorsque l’activité prend de l’envergure, ce sont les capitaux qui comptent. Les « sociétés de capitaux », de types Société anonyme (SA), Société anonyme à responsabilité limitée (SARL) ou encore Société par actions simplifiée (SAS) – les statuts les plus fréquents – permettent de croître, d’accueillir de nouveaux associés, tout en limitant sa responsabilité à la somme de ses apports.
Le statut détermine aussi un ensemble de droits et d’obligations, par exemple : qui décide des stratégies, qui est responsable des dettes, quel est le régime fiscal de l’entreprise ou quel est le régime social du dirigeant (salarié ou non).
+ 815 300
entreprises créées en 2019 (+18%), portant à 4 495 383 le nombre total d'entreprises en France.
La mutation
Au commencement, il y a une envie irrépressible. De fendre les flots de son temps, d’ouvrir la voie, comme Facebook qui connecte les hommes entre eux, ou bien Google, qui libère l’accès aux savoirs. Il faut tester la viabilité de son idée, accepter qu’elle soit évaluée, retournée, dépecée, suivre les bons conseils, débusquer les torpillages.
Une fois l’ancre levée, garder fermement le cap. Le capitaine commande, mais il ne sait pas manœuvrer seul. Il doit s’entourer de coéquipiers, d’investisseurs confiants, de conseillers chevronnés, pour semer les embarcations concurrentes.
Pas de recette miracle : Spotify semblait faire la course au streaming musical en solitaire, mais il se trouve aujourd’hui attaqué par des yachts surpuissants nommés Apple et Amazon. Netflix a beau foncer, HBO et Disney le talonnent. Tenir la distance dans des eaux changeantes. Airbnb ou Uber semblaient surfer sur une vague éternelle, mais les ripostes réglementaires ont freiné leur élan. Les vaisseaux Gafam sont devenus si puissants qu’ils défient la souveraineté des États. Ces derniers commencent à demander des comptes.
Copiée par Instagram et concurrencée par TikTok, Snapchat a connu une année noire en 2018, avant de remettre les voiles en 2019. Le risque de naufrage ne disparaît jamais, l’entrepreneur vit avec.
La crise a ce mérite de redonner ses lettres de noblesse à la fonction d'entrepreneur. Les Français commencent à comprendre : c'est l'entreprise qui crée la richesse, c'est l'entreprise qui crée l'emploi, c'est l'entreprise qui détermine notre niveau de vie et notre place dans la hiérarchie mondiale. Mais, ne l'oublions pas, l'entreprise alors veut dire : tous ceux qui y travaillent. On peut comprendre que ceux qui n'ont pas part au capital et peu aux bénéfices aient lutté, doivent lutter pour que soient reconnus et défendus leurs droits.François Mitterrand
Réponse du Président de la République de l'époque, au questionnaire de la revue "Challenge", Paris, décembre 1983.
Le décryptage
L’entreprise est un système, parce qu’elle constitue un ensemble complexe d’entités et de relations qui vise à la poursuite d’un objectif et qui est soumis aux contraintes de son environnement. Cette approche systémique est structurée autour des points suivants :
- Tout commence par une démarche stratégique qui permet de fixer a priori des objectifs pour son entreprise, face à un environnement concurrentiel. L’entrepreneur doit répondre à ces questions : quels produits ou quels services proposer et sur quels marchés ? Quel chiffre d’affaires espérer ? Quel bénéfice attendre ?
- Créer une entreprise demande des moyens financiers : le capital, qui représente les apports des associés et des investisseurs, ceux-ci attendant en retour des dividendes. Le capital est complété par un emprunt bancaire qui non seulement suppose la confiance des établissements bancaires, mais porte un coût financier à travers les intérêts qui devront leur être versés. C’est à ce niveau que se mesure le risque financier.
- Pour atteindre ses objectifs, l’entreprise va investir dans des moyens matériels (ordinateurs, mobilier, machines…) qui sont coûteux et qu’il convient de rentabiliser sur une période préalablement déterminée.
- Le fonctionnement de l’entreprise repose sur les ressources humaines, qui contribuent à la création de valeur pour les clients et les actionnaires. L’entreprise a besoin d’un personnel qualifié, compétent, impliqué et rémunéré à sa juste valeur par rapport à sa contribution aux objectifs de l’entreprise.
- Produire les biens et services puis les vendre, c’est l’étape qui permet de dégager de la trésorerie afin de rentabiliser les investissements réalisés. Au cours de cette phase, l’essentiel, c’est la qualité et le contrôle des coûts. On assure la réussite commerciale grâce aux techniques du marketing.
- Au-delà de son périmètre d’activité, la performance économique des entreprises d’un pays contribue à la formation du Produit intérieur brut (PIB), indicateur économique qui permet de mesurer les richesses créées dans un pays au cours d’une période donnée.
Les dirigeants et associés, par-delà les enjeux financiers, doivent s’interroger sur le rôle et la place de l’entreprise dans la société, car elle est au centre de nos vies. Il est donc essentiel que le grand public la connaisse, que ce soit en tant que consommateur, salarié, investisseur, ou tout simplement comme citoyen.
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