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Le paradoxe d’Easterlin : l’argent fait-il le bonheur ?
En 1974, l’économiste américain Richard Easterlin a montré empiriquement, c’est-à-dire par l’expérience, que si les riches se disaient souvent plus heureux que les autres, à long terme, leur bonheur n’augmentait pas proportionnellement à leur richesse.
Martine Peyrard-Moulard
« L’argent ne fait pas le bonheur », dit l’adage. Eh bien, oui et non ! En 1974, l’économiste américain Richard Easterlin a montré empiriquement, c’est-à-dire par l’expérience, que si les riches se disaient souvent plus heureux que les autres, à long terme, leur bonheur n’augmentait pas proportionnellement à leur richesse.
Jusqu’alors, une corrélation positive entre la hausse du revenu et le bonheur était admise, même si Adam Smith, au XVIIIe siècle, signalait déjà dans la Théorie des sentiments moraux, que passer de la pauvreté à la richesse ne conduit pas à être plus heureux, quand bien même la « joie extravagante du parvenu peut en donner provisoirement l’illusion ».
C’est à cause de l’accoutumance ! La consommation rend dépendant, et avec le temps, on s’habitue aux biens qui, tels le portable, deviennent la norme.
Les psychologues américains Philip Brickman et Donald Campbell, dans leur Théorie des adaptations hédoniques (1971), montrent que des événements exceptionnels, comme gagner au Loto, n’ont qu’une influence temporaire sur le bonheur, les individus s’habituant à leur nouvelle situation, ils sont sur un « tapis roulant hédonique », incapables d’atteindre, durablement, un niveau de bonheur supérieur.
Une utilité marginale relative
À partir d’un certain niveau de revenus, le bonheur augmente plus faiblement : l’utilité marginale du bonheur est alors décroissante.
C’est aussi à cause de la comparaison ! Le revenu absolu ne semble pas déterminant, seul son montant relatif compte. On est moins heureux quand on gagne moins que ses collègues. C’est l’hypothèse de « l’utilité relative ».
Mais qu’est-ce que le bonheur ? C’est le résultat d’un ensemble d’éléments personnels – vie sociale, épanouissement personnel ou âge – et d’aspects collectifs, tels la croissance économique, la sécurité ou l’existence de biens publics.
L’économiste et prix Nobel 2015 Angus Deaton confirme qu’il est difficile de rationaliser le sentiment de bonheur : « Il est possible d’être malheureux ou inquiet même lorsque votre vie va bien. […] Il y a beaucoup d’endroits dans le monde où les gens réussissent à trouver le bonheur malgré leur mauvaise santé et leur pauvreté matérielle. »
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