Selon l'économiste Dani Rodrik, un État devrait choisir entre sacrifier la démocratie, la souveraineté nationale ou une intégration économique poussée, car elles sont mutuellement incompatibles.
Est-il possible d’avoir simultanément un État souverain et la démocratie dans une économie mondialisée ? D’après l’économiste Dani Rodrik, de l’université de Harvard, « la démocratie, la souveraineté nationale et une intégration économique poussée sont mutuellement incompatibles : il est possible de combiner deux des trois possibilités, mais il n’est jamais possible d’avoir les trois simultanément et entièrement ». C’est le fameux trilemme de Rodrik.
L'Europe comme parfait exemple
Dani Rodrik explique que l’Europe illustre bien cette situation. Elle a privilégié l’intégration économique, les échanges et la monnaie unique et rendu les économies nationales des États membres de plus en plus interdépendantes et concurrentielles.
Aussi, les institutions européennes leur imposent des règles et des politiques économiques communes, souvent considérées comme un déficit de démocratie et une perte de souveraineté nationale absolue en matière monétaire, mais aussi budgétaire, car les marges de manœuvre sont étroites.
En effet, les États doivent s’adapter aux contraintes de la mondialisation et des flux mondiaux de capitaux, préserver la compétitivité des entreprises et sont souvent moins enclins à satisfaire les demandes sociales de leur population.
Cependant, face à la pandémie, qui révèle le fort degré d’imbrication économique des États, les institutions européennes ont réagi (assouplissement monétaire et des règles budgétaires, emprunts sur les marchés…) afin que les pays membres puissent soutenir et relancer leur économie.
La « camisole dorée » chinoise
Si l’on veut conserver les avantages économiques de la mondialisation tout en préservant le système démocratique, la solution reste la gouvernance supranationale, dit Rodrik, le dépassement de l’État-nation : c’est la solution fédéraliste.
Une autre possibilité existe : privilégier la souveraineté nationale et tirer profit de l’hypermondialisation, mais sacrifier la démocratie, à l’instar du modèle chinois, c’est l’option, moins enviable, de la « camisole dorée ».
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