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L'effet de dépendance au sentier, frein au progrès
Dico de l'éco
L'effet de dépendance au sentier, frein au progrès
Théorisé par l'économiste Paul David dans les années 1980, la path dependency (dépendance au sentier) est l'effet de persister dans des choix adoptés, même si d'autre solutions meilleures existent, car il est difficile d'en changer.
Martine Peyrard-Moulard
© RF._.studio via Pexels.
N’est-ce pas désormais le moment de tout changer ? La politique, l’économie, la façon de travailler ou d’enseigner ? Pourquoi reproduire toujours la même chose ?
En 1985, l’économiste américain Paul David explique, dans un article de l’American Economic Review, qu’une fois des choix adoptés, il est difficile d’en changer, même si d’autres solutions bien meilleures sont connues. Difficile de sortir du chemin déjà tracé, c’est la « dépendance au sentier » (path dependency).
David prend l’exemple du clavier QWERTY (AZERTY pour les francophones) des ordinateurs. Il est imaginé par Christopher Sholes, au XIXe siècle aux États-Unis, afin que les marteaux des machines à écrire mécaniques ne se chevauchent pas et ne se bloquent pas.
Changer ses habitudes demande trop d'efforts
Dans les années 1930, August Dvorak met au point un clavier beaucoup plus ergonomique et qui permet de taper plus vite. Mais les entreprises et dactylos, habitués au QWERTY, préfèrent conserver cette technologie sous-optimale.
En changer demanderait des efforts d’apprentissage, des investissements et entraînerait des coûts d’adaptation. Voilà pourquoi QWERTY maintient sa position monopolistique.
Cet exemple montre que les décisions du passé, pour des raisons d’usages techniques ou organisationnels, de modes de pensée et d’intérêts politiques ou idéologiques, génèrent une forme de continuité, de conservatisme et de spécificités en matière de management, de politique économique ou d’organisation sociale.
Elles sont des freins au progrès et expliquent généralement les difficultés à engager de véritables réformes. Les ruptures supposent qu’un grand nombre de décideurs soient convaincus de la nécessité de dire « stop » et de la réussite de l’alternative (à l’instar d’Apple, Uber, de l'e-learning ou des relocalisations).