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Dico de l'éco

Rouler sa dette

Désigne, pour l'État, le fait de s’endetter pour rembourser les dettes initiales quand elles arrivent à échéance, et cela, à l’infini.

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© Midjourney

En raison des crises sanitaire et énergétique, la dette a explosé jusqu’à près de 120 % du PIB, début 2021. Mi-2022, elle s’élève à plus de 2900 milliards d’euros1 (115 % du PIB), plus de 42 000 euros par personne s’il fallait la rembourser aujourd’hui. 

Depuis fort longtemps déjà, les recettes de l’État ne couvrent pas ses dépenses annuelles. Il a ce que l’on appelle un « besoin de financement » permanent qui nourrit la dette publique. Comment le financer ? Par l’emprunt, puisque les dépenses publiques ne peuvent être beaucoup réduites et les impôts davantage alourdis. L’État étant « immortel », il a la possibilité de faire rouler sa dette, c’est-à-dire de s’endetter pour rembourser les dettes initiales quand elles arrivent à échéance, et cela, à l’infini. La dette devient en quelque sorte perpétuelle. 

L'indicateur clé : les intérêts de la dette

Faire rouler la dette signifie que le capital n’est en réalité jamais remboursé, car ce sont les intérêts de la dette (le service de la dette) que l’État doit vraiment pouvoir payer chaque année. En juillet 2022, cette charge budgétaire s’élevait à plus de 39 milliards d’euros, dépassant le niveau de 2021 (38,5 milliards). 

Ce sont près de 293 milliards d’euros qui doivent être empruntés sur les marchés financiers, en raison du déficit budgétaire (plus de 143 milliards) et de l’échéance de dettes anciennes2 (150 milliards). 

C’est l’Agence France Trésor (AFT) qui se charge d’emprunter au meilleur coût et d’alimenter régulièrement le marché des obligations (de deux à 50 ans de maturité) et des bons du Trésor à court terme. Toutefois, plus de la moitié de la dette est détenue par des non-résidents, essentiellement des investisseurs institutionnels (compagnies d’assurances, fonds de pension, banques…), pour qui la politique économique doit être crédible pour qu’ils lui conservent leur confiance. A priori, il y a moins de problèmes tant que les taux d’intérêt sont faibles, mais ils remontent car l’inflation redémarre, au risque d’écraser l’économie tout entière.

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