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Dico de l'éco

Spreads (fragmentation financière)

Écarts entre les taux des emprunts souverains des 19 pays de la zone euro.

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Bannière de la section "Le Dico de l'Éco"

Lutter contre la fragmentation de la zone euro est « au cœur du mandat » de la BCE et désormais sa priorité, déclarait fin juin Christine Lagarde, sa présidente. Sa mission est en effet de gérer les écarts entre les taux des emprunts souverains des 19 pays de la zone euro – les fameux spreads –, d’empêcher le creusement de leurs rendements et d’éviter ainsi toute fragmentation financière, une grave divergence qui représente le risque principal pour la zone depuis sa création. 

De fait, tous les pays de la zone euro n’empruntent pas au même taux, tant s’en faut, car le spread dépend de la notation accordée à leur dette. Cette note résulte de leurs fondamentaux économiques et de la confiance accordée à leur solvabilité et leur capacité de remboursement, elle traduit donc les risques encourus par les prêteurs. 

L'Allemagne a la confiance des marchés

C’est l’Allemagne rassurante et son bund (obligation) à 10 ans – à 1,67 % mi-septembre 2022 –, qui sert de référence en matière de stabilité financière. La France emprunte à 2,26 %, donc avec un spread de 0,59 point, mais c’est surtout l’Italie, plus vulnérable avec une dette de plus de 150 % du PIB, qui inquiète davantage, son taux d’intérêt s’élevant à 3,92 % (spread de 2,25 avec l’Allemagne). 

Le problème, c’est que ces écarts rendent la politique monétaire de la BCE moins efficace puisque ses répercussions diffèrent selon le niveau d’endettement des pays et l’état de leurs finances publiques. Ainsi, avant la mise en place d’un futur mécanisme « anti-fragmentation », la BCE augmente ses taux d’intérêt directeurs pour faire baisser les pressions : en juillet, de 25 points de base, et à nouveau, en septembre, de 75 points de base. 

Elle veut éviter une nouvelle crise de la zone euro, comme en 2011-2012, lorsque l’explosion du spread Allemagne-Grèce avait menacé la monnaie unique. Le problème en 2022 : les niveaux de dettes sont élevés et l’inflation est liée aux difficultés de l’offre, à une hausse des prix de l’énergie et des matières premières inhérentes à la guerre en Ukraine. C’est donc un « choc d’offre » et un choc énergétique auxquels la réponse n’est peut-être pas principalement monétaire.