[Guide] La culture, une affaire d'État ?
Même les libéraux les plus convaincus le reconnaissent : la culture n’est pas un bien comme les autres.
Elle n’est guère rentable, surtout dans le spectacle vivant. Les économies d’échelle sont rares. La productivité n’est pas son fort.
Et si l’offre ne faisait que s’aligner sur la demande, il n’est pas sûr que le pays en sortirait grandi.
Pourtant, le rôle de la culture est essentiel, car elle contribue à façonner et à préserver le corps social.
600 000
Soit le nombre d'emploi générés par le secteur culturel en France, pays aux 1 200 musées et 2 000 cinémas.
La culture pèse 44,5 milliards d’euros de valeur ajoutée (soit 2,2 % du PIB).
La culture est une « marchandise » atypique qui ne peut s’inscrire totalement dans la loi du marché. Voilà pourquoi l’État français participe à son financement et à sa régulation. On parle d'exception culturelle française.
Cette politique publique se caractérise, depuis la création en 1959 d’un ministère de la Culture confié à André Malraux, par la mise en place en France d’un statut spécial pour les œuvres et la production audiovisuelles visant à les protéger des règles commerciales de libre-échange.
Cette mesure repose sur l’idée que la création culturelle ne constitue pas un bien marchand comme les autres et, par conséquent, que son commerce doit être protégé par certaines règles autres que celles de la seule loi de marché
Mais alors qu’aux quatre coins du globe, des secteurs culturels – du jeu vidéo aux plateformes de vidéo à la demande – se livrent une concurrence féroce, cette intervention expansive de la puissance publique est-elle encore justifiée ?
L’intervention de l’État et des collectivités locales dans le domaine culturel est une tradition française. Si elle était librement appliquée au secteur culturel, la règle de l’offre et de la demande briderait la création dans la mesure où toutes les activités culturelles ne peuvent pas être rentables.