« Comme patriote, non, je n’accepterais le mémorandum sur la dette grecque en l’état. Il est mauvais pour votre peuple. Mais nous devons imposer des règles pour sauver l’Euro et vous servirez d’exemple pour discipliner les autres. » Dans une discussion officieuse avec Yanis Varoufakis, ministre Grec des Finances, Wolfgang Schauble, son homologue allemand ne fait pas de langue de bois : il faut punir les Grecs pour avoir falsifié leurs comptes publics au cours des années 2000.
Wolfgang Schauble et ses conseillers
Il n’est pas le seul à le penser. Aux réunions de l’Eurogroupe, les représentants du gouvernement grec nouvellement élu sont accueillis de façon glaciale. Se mêlent alors arguments économiques, mépris et racisme : « Votre pays a menti, triché, gaspillé. C’est à mon peuple de payer vos folies ? », « On ne financera pas votre généreux système social, un rêve communiste », « Vous êtes des cigales. Après avoir tout gaspillé, vous exigez que les fourmis payent pour vous. ».
« Comme patriote, non, je n’accepterais le mémorandum sur la dette grecque en l’état. Il est mauvais pour votre peuple. Mais nous devons imposer des règles pour sauver l’Euro et vous servirez d’exemple pour discipliner les autres. » Dans une discussion officieuse avec Yanis Varoufakis, ministre Grec des Finances, Wolfgang Schauble, son homologue allemand ne fait pas de langue de bois : il faut punir les Grecs pour avoir falsifié leurs comptes publics au cours des années 2000.
Wolfgang Schauble et ses conseillers
Il n’est pas le seul à le penser. Aux réunions de l’Eurogroupe, les représentants du gouvernement grec nouvellement élu sont accueillis de façon glaciale. Se mêlent alors arguments économiques, mépris et racisme : « Votre pays a menti, triché, gaspillé. C’est à mon peuple de payer vos folies ? », « On ne financera pas votre généreux système social, un rêve communiste », « Vous êtes des cigales. Après avoir tout gaspillé, vous exigez que les fourmis payent pour vous. ».
Des sanctions contreproductives
Les fonctionnaires de la Troïka, experts représentant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, n’épargnent pas non plus le pays. Après cinq années d'austérité, ils exigent encore « une hausse des taxes sur le tabac, sur l’alcool, sur le carburant, sur les voitures et les loyers ainsi que repousser l’âge de la retraite à 67 ans. Il faut aussi valider la baisse des salaires de 30 %, après celle déjà décidée de 40 % ». Sans oublier la privatisation au rabais de bien nationaux : « une compagnie Allemande propose de racheter vos 14 aéroports pour 1,2 milliard. »
Leurs mesures entraînent pourtant une terrible souffrance sociale au peuple grec : retours de maladies disparues, progression de la mortalité infantile, hausse des suicides, exil de la jeunesse… Et sont contreproductives économiquement : le pays n’a toujours pas retrouvé, dix ans après la crise, son PIB de 2004.
Discours d'estrades... et réalité
Pour Varoufakis c’est inacceptable, en dépit des fautes des gouvernements précédents. Le ministre Grec tente de se débattre dans ce théâtre européen. Quitte à avouer tout net à ses divers interlocuteurs son double discours, entre celui raconté aux électeurs et celui tenu devant les financiers de la City. « Il y a les promesses électorales et la réalité. Nous sommes prêts à des compromis. Mais à une condition, que l’esclavage de la dette se termine » Ces derniers, rassurés par son réalisme économique loin des estrades, finissent même par l’applaudir.
Yánis Varoufákis et Aléxis Tsípras
Menés par les Allemands, les Européens n’y consentiront pas. Et font preuve d'une curieuse conception de la démocratie au moment où le gouvernement grec fait appel au vote populaire pour valider ou non le projet de remboursement de la dette. « Un référendum, c’est de la folie. », « Votre pays a l’obligation d’appliquer le Mémorandum sur la dette. Les peuples changent d’avis. L’Eurogroupe ne peut pas changer à chaque fois. ».
De la fiction ? Non. Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne avait déclaré : « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » On a connu le soft power européen plus séduisant.
Making-of

Le thriller politique du réalisateur franco-grec Costa-Gavras, est une adaptation des mémoires de l’ancien ministre des Finances grec. Quasi huis clos à l’intérieur des réunions de l’Eurogroupe, l’œuvre plonge dans les négociations sur la dette grecque en 2015, héroïsant au passage le turbulent ministre.
Le titre vient d’une phrase de Christine Lagarde, qui, exaspérée par la teneur des échanges au sein de l’Eurogroupe, déclare lors d’une conférence de presse : « Nous avons besoin d’adultes dans cette pièce ». Une bonne connaissance de l’actualité de l’époque et des bases en macroéconomie sont requises pour pleinement apprécier le film.