Dans la guerre commerciale qui l’oppose à la Chine, Donald Trump aime à se présenter comme « Tariff man », l’homme qui dégaine les droits de douane plus vite que son ombre. Le président américain n’hésite pas non plus à manier l’arme de l’embargo. Dernière victime en date, Huawei, emblème de la high-tech chinoise.
Pression sur les composants
Depuis un an, le numéro 2 mondial des smartphones, passé devant Apple en 2019, est la cible d’attaques d’une rare violence. En témoigne l’arrestation, en décembre dernier, au Canada, de la directrice financière du géant chinois des télécoms. Laquelle n’est autre… que la fille du fondateur du groupe, Ren Zhengfei. Soupçonnée d’avoir violé l’embargo américain contre l’Iran, elle risque 30 ans de prison.
Les États-Unis reprochent aussi à Huawei un vol de technologies au détriment de l’opérateur US T-Mobile. L’année dernière, déjà, un autre équipementier télécom chinois, ZTE, avait fait l’objet d’accusations en tous points similaires. Les États-Unis l’avaient puni d’un embargo sur la fourniture de microprocesseurs. Une arme très efficace, car la Chine est dépendante à 85 % des importations pour ses composants électroniques. Menacé de faillite, ZTE a d’ailleurs été contraint d’accepter une sorte de mise sous tutelle américaine.
Dans la guerre commerciale qui l’oppose à la Chine, Donald Trump aime à se présenter comme « Tariff man », l’homme qui dégaine les droits de douane plus vite que son ombre. Le président américain n’hésite pas non plus à manier l’arme de l’embargo. Dernière victime en date, Huawei, emblème de la high-tech chinoise.
Pression sur les composants
Depuis un an, le numéro 2 mondial des smartphones, passé devant Apple en 2019, est la cible d’attaques d’une rare violence. En témoigne l’arrestation, en décembre dernier, au Canada, de la directrice financière du géant chinois des télécoms. Laquelle n’est autre… que la fille du fondateur du groupe, Ren Zhengfei. Soupçonnée d’avoir violé l’embargo américain contre l’Iran, elle risque 30 ans de prison.
Les États-Unis reprochent aussi à Huawei un vol de technologies au détriment de l’opérateur US T-Mobile. L’année dernière, déjà, un autre équipementier télécom chinois, ZTE, avait fait l’objet d’accusations en tous points similaires. Les États-Unis l’avaient puni d’un embargo sur la fourniture de microprocesseurs. Une arme très efficace, car la Chine est dépendante à 85 % des importations pour ses composants électroniques. Menacé de faillite, ZTE a d’ailleurs été contraint d’accepter une sorte de mise sous tutelle américaine.
Un embargo qui divise
Huawei constitue une cible d’un tout autre calibre. Le groupe est en effet la marque chinoise la plus connue sur la planète. Il est surtout le premier fournisseur mondial d’équipements de réseaux télécoms, avec une position de leader sur la 5G. Autrement dit, la technologie de base de l’internet des objets qui va faire communiquer les appareils dans les maisons, les robots dans les usines, les voitures autonomes sur les routes… Huawei propose les équipements (antennes, routeurs, serveurs, commutateurs…) les plus évolués et les moins chers du marché.
Les services de sécurité occidentaux mettent en avant le risque que des dispositifs d’espionnage puissent, à la demande de Pékin, être installés sur des matériels aussi critiques. Il faut dire que le passé du fondateur de Huawei (ex-colonel de l’armée chinoise) et l’actionnariat opaque du groupe (contrôlé par un mystérieux « comité syndical ») posent question. Tout comme ses liens financiers étroits avec les banques d’État.
Google et son Android pénalisés
Face à cette menace touchant à la sécurité nationale, les États-Unis ont ressorti le bâton de l’embargo, interdisant à toutes les administrations et entreprises américaines de faire commerce avec Huawei. Google va donc cesser de lui fournir son système d’exploitation Android et ses applis phares : Gmail, YouTube ou Google Maps. Les conséquences seront dramatiques à l’international où Huawei prévoit une chute de 40 % à 60 % de ses ventes de smartphones dans les deux ans. Plus grave, Huawei ne pourra plus se fournir en microprocesseurs auprès d’entreprises américaines. Le groupe chinois mise certes beaucoup sur sa division de puces, HiSilicon, pour prendre le relais. Mais en attendant, la qualité de ses produits risque d’en souffrir.
Huawei en chiffres (2018)
- 188 000 salariés
- Chiffre d’affaires : 91,3 milliards d’euros
- Bénéfice net : 7,5 milliards d’euros 28 % du marché mondial des réseaux télécoms, contre 17 % pour Nokia et 13 % pour Ericsson 50 contrats 5G avec des opérateurs contre 43 à Nokia, 25 à ZTE et 22 à Ericsson (fin juin 2019)
- 206 millions de smartphones vendus (209 millions pour Apple et 293 millions pour Samsung)
- 12,9 milliards d’euros de dépenses de R & D (80 000 salariés) (14,1 % du chiffre d’affaires)
- 5 405 brevets déposés. 1er rang mondial devant Mitsubishi (2812) et Intel (2499)
Sources : Huawei (rapport d’activité 2018), Dell’oro Group, IDC et OMPI – Taux de change au 31 décembre 2018.
En parallèle, Donald Trump mène campagne pour dissuader les autres pays d’acheter des équipements Huawei 5G. L’Australie, la Nouvelle-Zélande ou la Corée du Sud se sont déjà alignés sur la politique américaine. De nombreux pays émergents en revanche acceptent la technologie chinoise sans réserve. En France, le débat fait rage entre les opérateurs qui y voient une solution efficiente à bas coût et l'Arcep, plus inquiète quant à la souveraineté de nos télécoms.
Guerre froide technologique
Pour certains, c’est une guerre froide technologique qui se met en place, risquant de diviser le monde en deux camps aux standards incompatibles. La 5G n’est en effet que l’un des 10 domaines du plan « Made In China 2025 », destiné à assurer l’autonomie, si ce n’est la suprématie technologique de Pékin…
L’embargo américain contre Huawei est par ailleurs à double tranchant. Huawei achète chaque année pour 11 milliards de dollars aux entreprises américaines. Et les petits opérateurs ruraux ont besoin du Chinois pour s’équiper à bas prix. Donald Trump a donc déjà accordé deux sursis avant l’interdiction effective. Et il a laissé entendre que le cas Huawei pourrait se résoudre dans le cadre d’un accord commercial global.
Ce comité US qui bloque les rachats d’entreprises américaines
La Chine est souvent accusée d’imposer des transferts de technologies à toutes les entreprises étrangères qui veulent s’installer sur son territoire. Celles-ci sont en effet obligées de créer des co-entreprises avec des partenaires chinois. En représailles, les Américains opèrent depuis longtemps une surveillance stricte des investissements chinois dans des start-up ou des entreprises jugées stratégiques. C’est le rôle du Comité des investissements étrangers aux États-Unis, le CFIUS.
Celui-ci a bloqué de nombreux projets de rachat comme celui de l’équipementier de réseaux 3Com par Huawei en 2007. L’année dernière, il a refusé la reprise du géant des microprocesseurs pour mobiles, Qualcomm, pour 115 milliards de dollars, par le Singapourien Broadcom. Selon le CFIUS, l’opération aurait laissé la voie libre à la domination de la Chine dans la 5G. Le comité serait enfin à l’origine de l’abandon de projets d’investissement chinois à hauteur de 2,5 milliards de dollars en 2018, selon Rhodium Group.