La France peut-elle s'inspirer des politiques économiques réussies des autres pays du globe ? C'est le sujet qu'a choisi de traiter la rédaction de Pour l'Éco ce mois-ci. À retrouver en kiosque et en ligne.
1. Le prix unique du livre
Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur le prix unique du livre, il y a tout juste 30 ans, toute personne qui publie ou importe en France un livre, papier ou numérique, est tenue d’en fixer un prix unique, qui sera le même quel que soit le mode de distribution : libraire indépendant, grande surface spécialisée, supermarché, librairie en ligne, etc. De même, les rabais sont limités à 5 % du prix fixé initialement par l’éditeur.
Principale motivation de cette loi : préserver les petites librairies indépendantes à l’époque où se développaient les grandes surfaces culturelles et les rayons culture des supermarchés.
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La « loi Lang » a fait des émules. Selon le Syndicat national de l’édition, neuf autres pays de l’Union européenne l’ont mise en place : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas et le Portugal. D’autres pays hors UE pratiquent également le prix unique avec des dispositifs similaires, notamment la Slovénie, l’Argentine, la Corée du Sud, le Japon, le Liban, le Mexique et la Norvège.
2. Le Code civil
C’est à Napoléon Bonaparte que la France doit la toute première version de son Code civil, promulgué en 1804 par celui qui était alors premier consul. Devenu Code Napoléon en 1807, il va se propager au gré des victoires du futur empereur : Italie, Espagne, Portugal, Belgique, Pays-Bas. Il se propagera ensuite aux pays sous influence européenne ou via les colonies – Québec, Sénégal, Égypte, Bolivie, Pérou, Brésil…
Exilé à Sainte-Hélène en 1815, Napoléon confiera à son compagnon de captivité, le général de Montholon : « Waterloo effacera le souvenir de mes victoires. Ce que rien n’effacera, ce qui vivra éternellement, c’est mon Code civil ! ». Lequel a tout de même été modifié et modernisé depuis sa création.
3. La TVA
Un best-seller, cette TVA ! La Taxe sur la valeur ajoutée est un impôt indirect sur la consommation, instaurée dans les années 1950 d’abord, pour les plus grandes entreprises afin de simplifier et unifier les différentes taxes existantes sur les produits de consommation.
Elle était alors fixée à 16,85 %. Elle est à 20 % depuis 2014, représente la moitié des recettes fiscales de l’État Français et le double de l’impôt sur le revenu.
Dans les décennies qui ont suivi sa mise en œuvre en France, tous les membres de l’Union européenne l’ont adoptée. Aujourd’hui, presque tous les pays du monde ont une Taxe sur la valeur ajoutée, ce qui en fait l’une de nos inventions les plus « populaires ».
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4. La Fête de la musique
Tous les ans, hors pandémie, les rues se remplissent, la nuit du solstice d’été, de musiciens plus ou moins doués qui massacrent Mozart ou U2. C’est grâce à Jack Lang, ministre de la Culture de François Mitterrand.
En 1982, le ministre et des membres de son cabinet lancent la première édition de la Fête de la musique, le 21 juin, pour inviter les quelque cinq millions de musiciens amateurs à partager leur talent gratuitement, dans la rue. Aujourd’hui, plus d’une centaine de pays dans le monde ont adopté cette fête, qui célébrera cette année ses 40 ans.
5. La maternelle
Si les résultats des petits Français dans les évaluations de l’OCDE, plus connues sous le nom de PISA, ne sont pas toujours à la hauteur des espérances des ministres successifs de l’Éducation, il est pourtant une spécificité de l’école française qui a été copiée dans de nombreux pays : la maternelle.
À l’origine, des salles d’asile pour accueillir les enfants pauvres à la fin du XIXe siècle, avant que l’école maternelle, en tant que lieu d’enseignement, « premier maillon de la scolarité », ne se développe à partir des années 1920, jusqu’à faire de la France la championne du monde de la scolarisation précoce.
Une école publique pour les plus petits, snobée par plusieurs pays européens – l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Irlande –, mais qui sera reprise, en Italie, à partir des années 1960.
6. Le dépôt légal
Inventé par François 1er en 1537, le dépôt légal est une institution française. À l’époque, il avait deux objectifs : constituer pour les générations futures un patrimoine au sein d’une « bibliothèque » nationale et surveiller tout ce qui était publié. Le dépôt légal moderne concerne aujourd’hui non seulement les productions imprimées, mais aussi photographiques, sonores, audiovisuelles, multimédias, cinématographiques…
Sur son site, la Bibliothèque nationale de France (BNF) rappelle que « cette obligation s’applique à tout document diffusé en nombre à un public s’étendant au-delà du cercle de famille ». Une obligation légale faite aux producteurs, éditeurs, distributeurs, importateurs, qui a ensuite essaimé sur toute la planète – dès 1610 en Angleterre et en 1661 en Suède.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Unesco incite tous les pays qui ne l’ont pas encore organisé à mettre en place un dépôt légal. Selon la BNF, le nombre de dépôts de livres a augmenté de 70 % en 20 ans, oscillant autour de 80 000 par an, avant de connaître une forte baisse en 2020 (-19 %) à cause de la crise sanitaire.
7. La grève
Ces Français… toujours en vacances ou en grève ! Parmi les clichés qui circulent sur l’Hexagone et ses habitants, celui du travailleur gréviste a la vie dure. Tant et si bien que dans certains pays, comme en Allemagne ou en Suisse, les salariés qui voient des négociations s’enliser n’hésitent pas à menacer leurs employeurs d’une « grève à la française ».
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