Anaïs Martinière Heuzé, 25 ans, teint légèrement hâlé, revenait fin mai dernier d’un tour d’une dizaine de jours en Sicile. Elle a goûté du vin rouge dans une cave à Marsala et dégusté du chocolat aromatisé à la cannelle à Modica.
Là-bas, le cacao est travaillé artisanalement selon les méthodes des Aztèques rapportées il y a 500 ans par les Espagnols quand ils dominaient l’île. Elle a aussi déambulé dans les ruelles de la baroque Noto et de l’antique Syracuse. Elle a grimpé l’Etna en écoutant les explications du guide, avant de prendre le ferry pour les îles éoliennes.
Ce séjour ne lui a rien coûté, mieux, elle a été payée pour le vivre. Car c’est son métier. Elle est cheffe de produit touristique chez Voyage Privé, une agence en ligne.
« Tous les chefs de produit ont en charge une destination et chaque année, on en change. Cette année, je suis sur la Sicile et la Ligurie [la Riviera italienne, NDLR]. Pour la Sicile, j’ai monté ce nouveau circuit afin de faire découvrir les richesses de l’île, au-delà de ses plages paradisiaques », explique-t-elle.
Anaïs Martinière Heuzé, 25 ans, teint légèrement hâlé, revenait fin mai dernier d’un tour d’une dizaine de jours en Sicile. Elle a goûté du vin rouge dans une cave à Marsala et dégusté du chocolat aromatisé à la cannelle à Modica.
Là-bas, le cacao est travaillé artisanalement selon les méthodes des Aztèques rapportées il y a 500 ans par les Espagnols quand ils dominaient l’île. Elle a aussi déambulé dans les ruelles de la baroque Noto et de l’antique Syracuse. Elle a grimpé l’Etna en écoutant les explications du guide, avant de prendre le ferry pour les îles éoliennes.
Ce séjour ne lui a rien coûté, mieux, elle a été payée pour le vivre. Car c’est son métier. Elle est cheffe de produit touristique chez Voyage Privé, une agence en ligne.
« Tous les chefs de produit ont en charge une destination et chaque année, on en change. Cette année, je suis sur la Sicile et la Ligurie [la Riviera italienne, NDLR]. Pour la Sicile, j’ai monté ce nouveau circuit afin de faire découvrir les richesses de l’île, au-delà de ses plages paradisiaques », explique-t-elle.
Le forfait de base comprend la location de voiture et les nuits d’hôtels. Les clients peuvent ajouter en option visites guidées et découverte de produits locaux.
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Le chef de produit touristique « crée de A à Z des circuits qui sont ensuite vendus en agence », définit Éva de Metz, 23 ans, qui exerce ce métier chez Terra Caribea, une agence de voyages costaricaine locale. Autant dire un job de rêve !
Beaucoup de jeunes s’inscrivent d’ailleurs à l’Escaet, une école de commerce spécialisée dans le tourisme, pour décrocher ce poste. Mais attention, les places sont rares, préviennent les professionnels du secteur. « Hier, les agences de voyages et tour-opérateurs étaient le passage obligé pour organiser et réserver son séjour. Aujourd’hui, beaucoup de personnes s’en chargent elles-mêmes en passant par internet », prévient Marie-Christine Dessonet, responsable pédagogique de Keyce Tourisme.
La revanche des pros
La pandémie changera peut-être la donne. Ceux qui ont dû palabrer des heures et en vain pour se faire rembourser une nuit d’hôtel ou un vol annulé pour cause de Covid ont pu prendre conscience de l’intérêt de passer par des professionnels qui s’occupent de tout, notamment de résoudre le moindre pépin.
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En outre, cette crise sanitaire a accéléré une tendance enclenchée dans les années 1990 avec la baisse du pouvoir d’achat. Les vacanciers partent moins loin, parfois même dans leur région, et moins longtemps. Mais ils n’abandonnent pas pour autant l’ambition de vivre un dépaysement, d’étancher leur soif de découverte et d’assouvir leur désir de se créer de beaux souvenirs.
Quelles formations ?
L’Escaet, à Aix-en-Provence, l’EFHT à Paris, Y Schools (ex-ESC de Troyes), entre autres, font partie des écoles de commerce spécialisées incontournables dans le secteur du tourisme. L’aspirant chef de produit touristique débute par un Bachelor Tourisme (bac+3), puis poursuit avec un Mastère spécialisé ou MBA (bac+5).
Il y apprend à parler maîtriser les langues étrangères : l’anglais et l’espagnol sont un minimum, le mandarin, l’allemand ou le portugais permettent de se distinguer. En outre, il y acquiert les compétences commerciales et en marketing indispensables pour exercer le métier.
Sur ce terrain, le chef de produit a une carte à jouer. « C’est son travail de dénicher des lieux et des expériences uniques, comme d’offrir un moment de partage avec un vigneron bio parlant avec passion de son métier ou de descendre le Canal du midi en péniche et de se réveiller chaque matin dans un nouveau décor », explique Frédérick Nebout, directeur des programmes à l’École supérieure de tourisme Y Schools.
Éva, au Costa Rica, constate la même tendance : « Les voyageurs recherchent plus le contact avec la population locale et la nature que le farniente dans des resorts au bord de la plage. Ils veulent des hébergements et des activités insolites et authentiques. »
Traquer la rentabilité
Attention, toutefois, le métier ne se résume pas à dormir dans les draps en coton égyptien d’un hôtel haut de gamme ou à tester accrobranche ou vol en montgolfière.
« Il nécessite des compétences commerciales et marketing. Il faut négocier les prix avec les prestataires pour obtenir de gros rabais, gérer un portefeuille clients, identifier les séjours qui se vendent le mieux, les plus et les moins rentables, comprendre pourquoi, analyser sa performance, anticiper les tendances », prévient Alexandra Clément, experte Travel au sein de l’Escaet.
En outre, le client est roi et il faut se rendre disponible pour lui, qu’il appelle le soir ou le week-end. Ajoutez à cela les déplacements incessants et la vie personnelle en prend un coup. « C’est cette raison qui en pousse certains à vouloir un jour quitter ce job de rêve », observe Anaïs.
Quand les Romains visitaient la Gaule
La baie de Naples, la Provence en Gaule, la Grèce et l’Égypte étaient les « it » destinations… à l’époque de la Rome Antique. Les Romains sont les premiers à voyager pour le plaisir. Les temps s’y prêtent : Pompée a débarrassé la Méditerranée de ses pirates et la pax romana permet de circuler en sécurité au sein de l’empire et de ses provinces.
Ainsi naît un secteur, celui du tourisme, avec ses auberges le long des voies romaines pour se reposer, ses thermopolium (ancêtres du fast-food) pour manger sur le pouce entre deux visites et même ses guides, comme l’écrivain voyageur Pausanias (115-180 après J.-C.), qui relate son périple dans l’ouvrage Périégèse de la Grèce.
Tout cela prend fin avec le Moyen-Âge et ses guerres. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que tourisme revive et le XIXe siècle pour qu’il se développe. Grâce à la locomotive à vapeur, les riches aristocrates et bourgeois parisiens se rendent en quatre heures sur la côte, à Dieppe, en Seine-Maritime.
L’Égypte, sujet de nombreux ouvrages de littérature du voyage, est l’une des autres destinations prisées. Les premières agences de voyages voient le jour, les hôteliers mettent en avant le confort de leurs établissements pour attirer les bourgeois urbains et les guides touristiques connaissent une grande popularité. À l’époque, la mode est aux « visites panoramiques » avec points de vue et belvédères.