C’est officiel, à la veille de la nouvelle année, le variant Omicron est désormais majoritaire en France, selon Santé publique France. Pour anticiper les dégâts liés à ces contaminations, une nouvelle série de mesures a été dévoilée le 27 décembre dernier.
Télétravail obligatoire, adoption du passe vaccinal, interdiction de consommer debout dans les bars… Les mesures françaises sont moins strictes qu’il y a un an, à la même date, où la population était sous la coupe d’un couvre-feu. Confinements et autres restrictions sectorielles... Tous les pays n'ont pas fait les mêmes choix.
1. Confiner, quoi qu’il en coûte
Pour la première fois depuis le 23 novembre, moins de 500 personnes occupent des lits dans les services de soins intensifs. Si le nombre de patients hospitalisés baisse aux Pays-Bas, c'est grâce à un confinement plus précoce qu'en France : depuis le 19 décembre, les commerces « non-essentiels », les bars, les restaurants sont fermés et cela va demeurer au moins jusqu’au 14 janvier.
Le gouvernement hollandais veut dépenser plus et cela a en soi un impact positif sur la croissance
Olaf SleijpenDirecteur des affaires monétaires et de la stabilité financière de la Banque centrale néerlandaise
L’économie est durement touchée par ce nouveau confinement. La Banque centrale néerlandaise (DNB) prévoit une croissance de 2,2 % pour 2022, alors qu’avant l’annonce du 18 décembre, elle se montrait optimiste et évoquait une reprise économique avec une croissance moyenne de 3,6 % en 2022.
Même si le confinement a un impact négatif à court terme, Olaf Sleijpen, directeur des affaires monétaires et de la stabilité financière de la DNB, se veut rassurant sur le moyen terme : « le gouvernement hollandais veut dépenser plus et cela a en soi un impact positif sur la croissance », estime-t-il, selon un article du NL Times. Les Pays-Bas ont en effet signé un accord de coalition entre quatre partis politiques, le 13 décembre dernier. Le texte prévoit de dédier des milliards d’euros aux secteurs du logement, de la transition climatique, ou encore de l’énergie nucléaire.
Sleijpen appelle cependant le gouvernement à avoir une stratégie sur le long terme pour éviter de perturber l’économie et que la dette publique atteignant actuellement 57 % du PIB ne dépasse les 60 % maximum, selon les recommandations de l’UE. Une recommandation que le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, souhaite par ailleurs réformer car « on ne peut pas mettre tous les pays dans un même panier. Les différences de niveau d’endettement public sont trop grandes », admettait-il dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung.
2. Des chaînes logistiques pour approvisionner la population
Un autre exemple de confinement, c’est celui de la ville de Xi’an, située au centre de la Chine. L’endiguement du virus est un enjeu majeur à l’approche des jeux olympiques d’hiver qui se dérouleront à Pékin.
La Chine pratique la stratégie « zéro Covid ». Elle consiste à confiner la population, souvent localement, rapidement après l’apparition des premiers cas. Les cas-contacts sont tracés et isolés. Le contrôle aux frontières est accru, voire elles sont fermées et une quarantaine est imposée aux personnes qui entrent dans le pays.
En Chiffres
42,5 %
de la production de mémoires flash produites par Samsung empêchée par le confinement de Xi'an
Depuis le 22 décembre, les 13 millions d’habitants de Xi'an sont confinés. Seule une personne par foyer était autorisée à sortir tous les trois jours pour se ravitailler. Les autres membres sont autorisés à quitter leur domicile s’ils effectuent un métier dit « essentiel ». Mais depuis le 27 décembre, les restrictions sont plus sévères. Les habitants de Xi’an ne sont plus autorisés à quitter leur domicile, à part pour effectuer des tests PCR.
Cette décision locale a des répercussions à l’échelle internationale. La capitale de la province du Shaanxi est un lieu clé de la production de modules de mémoire. Samsung y produit 42,5 % de modules de mémoire flash et la marque Micron y produit des modules de mémoire vive.
Dans un communiqué publié le 29 décembre, Micron indique que la fermeture de la ville a réduit les effectifs de ses équipes et de celles de ses sous-traitants sur le site de Xi’an, perturbant les opérations d’assemblage et de test des modules de mémoire vive dynamique (DRAM, Dynamic Random Access Memory). Ces composants sont particulièrement présents dans les smartphones ou les centres de données. « Nous exploitons notre chaîne d’approvisionnement mondiale, y compris nos partenaires sous-traitants, pour aider à servir nos clients pour ces produits DRAM », indique Micron, qui prévoit tout de même de possibles retards de livraison.
Les semi-conducteurs ne sont pas les seuls produits à ne pas être délivrés à temps. Les autorités chinoises ne parviennent pas à approvisionner la population en denrées alimentaires. La ville a soudainement durci les restrictions, sans que les Chinois aient eu le temps de se réapprovisionner. Alors les autorités locales travaillent avec des entreprises de logistiques pour faire face à ces difficultés.
3. La stratégie « zéro Covid » plus efficace pour l’économie
L’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud ont elles aussi appliqué la stratégie « zéro Covid ». Contrairement aux pays qui pratiquent une stratégie « d’atténuation », alternant confinement, couvre-feu et restrictions de manière à vivre « avec le virus », la méthode « zéro Covid » implique d'éradiquer le virus. Une méthode pensée pour une reprise durable de l'économie.
En Chiffres
- 1,6 %
Évolution du PIB des pays ayant mis en place la stratégie « zéro Covid »
L’Institut Molinari a étudié l’impact de la stratégie « zéro Covid » sur l’économie, sur les libertés et sur le plan sanitaire, en comparaison avec la stratégie « d’atténuation » choisie par de nombreux pays.
L’étude souligne l’efficacité de la méthode d’élimination du virus sur le plan sanitaire et économique. Contrairement aux 10 pays les plus riches du monde (G10) qui ont vu leur produit intérieur brut (PIB) reculer de 5 % en 2020, le PIB des pays « zéro Covid » a reculé de 1,6 % seulement.
Les restrictions ont été moins longues pour ces pays et l’incertitude liée à la recrudescence du virus a été minimisée. Au deuxième trimestre 2021, la stratégie « zéro Covid » a permis aux pays l’appliquant de retrouver le niveau de PIB trimestriel d’avant crise.
4. Limiter l’accès aux lieux publics potentiellement dangereux
En Belgique, le gouvernement fédéral a fait le choix de ne pas confiner. Il a préféré fermer des théâtres, des cinémas et des salles de spectacles, face à la contagion du variant Omicron. Les Belges sont descendus dans la rue pour protester contre cette mesure. Certains lieux culturels sont d’ailleurs restés ouverts, malgré l’interdiction, et ont été soutenus par les autorités locales.
Saisi, le Conseil d’État a finalement contredit la décision de fermeture, jugée disproportionnée. D’après l’institution, il n’est pas démontré que « les salles de spectacle relevant du secteur culturel seraient des lieux particulièrement dangereux pour la santé et la vie des personnes en tant qu’ils favoriseraient la propagation du coronavirus, au point qu’il soit nécessaire d’en ordonner la fermeture ».
L’objectif du gouvernement était d’éviter un confinement strict, comme aux Pays-Bas, et en même temps de préserver le secteur de la restauration. Cependant, les bars et les restaurants suspendent leur service à 23 heures. Certes, « la fermeture des bars à 23 heures n’empêche pas les clients de manger côte à côte et de se transmettre le virus, estime Jérôme, chef cuisinier dans un restaurant à Coxyde, au nord-ouest de la Belgique, mais cela permet peut-être d’éviter que le virus se propage, plus tard dans la soirée, quand les personnes ont consommé plus d’alcool et qu’elles relâchent la pression sur les gestes barrières ». La fermeture précoce des bars est, d’après lui, plus efficace que l’obligation de consommer assis, décrétée en France, bien plus difficile à contrôler.
5. Fermer les frontières
Autre décision, plus dramatique, face à la recrudescence de la pandémie en France et les nombreux voyageurs qui transitent entre les deux pays, les autorités marocaines ont annoncé le 25 novembre la fermeture de leurs frontières aériennes avec l’hexagone. Finalement, l’apparition du variant Omicron a poussé le Royaume à fermer complètement ses frontières, le 29 novembre.
Une mesure qui devait prendre fin pour la nouvelle année mais qui est finalement reconduite jusqu’à la fin du mois de janvier. « Un coup fatal » pour le secteur du tourisme au Maroc, selon Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des agences du voyage du Maroc : 80 % des agences de voyages sont à l’arrêt.
500 000 personnes travaillent dans le tourisme au Maroc. Ce secteur représente au moins 5 % du PIB du pays. Les pertes accumulées entre Noël et Nouvel an liées à la fermeture des frontières sont évaluées à « au moins un milliard de dirhams » (88 millions d’euros), selon un opérateur de la Confédération nationale du tourisme (CNT) au Maroc cité par le site d’informations Médias24. Quant aux hôteliers, l’expert indique qu’ils risquent d’éprouver des difficultés à rembourser les clients qui ont annulé leur réservation, notamment lorsqu’ils avaient engagé des saisonniers ou effectué des rénovations.
Sur Linkedin, le magazine marocain Economie Entreprises rapporte que plus d’une centaine d’hôtels de Marrakech et d’Agadir ont fermé et mis leurs actifs en vente. Le secteur redoute alors des potentiels acheteurs internationaux qui profitent de la souffrance économique des établissements pour racheter des complexes hôteliers à bas prix.