La taxation et la régulation des géants du numérique, mise sur la table par la Commission européenne et certains États membres, a poussé Joe Biden à accélérer sur cette question et à proposer un taux mondial plancher de taxation des multinationales.
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Le règlement général de protection des données (RGPD), si imparfait soit-il, a inspiré à l’État de Californie une mesure similaire et la Chine a dévoilé l’an dernier une loi sur la protection des données. La régulation de l’Intelligence artificielle proposée par l’Union européenne en avril dernier pourrait aussi faire date.
Chacun des trois blocs connaît les risques que le déclin de l’un des autres ferait peser sur son économie. L’UE doit en être consciente ; pour rivaliser avec ses deux concurrents, elle doit s’estimer leur égale et se doter de moyens proportionnés. Il n’est pas trop tard. Plus l’Europe est menacée, plus elle comprend l’importance de s’unir.
Bien sûr, la pandémie a démontré des rivalités et divergences entre ses membres. Mais bon gré, mal gré, les crises récentes, le Brexit comme la présidence Trump, l’ont poussée à rester soudée.
C’est en tant que continent le plus durement frappé par le Covid qu’elle a approuvé l’été dernier un plan de relance historique de 750 milliards d’euros composé pour moitié de subventions. Un fait inédit. Les prochaines crises montreront à l’Europe sa voie. À ses membres de la suivre. Ou pas.
Non, l’Europe a du mal à dégager une stratégie crédible
Gabrielle Rousseau, 23 ans, est déléguée au Y7 chargée de l’économie internationale, est étudiante à HEC et à la Fletcher School of Law and Diplomacy de la Tufts University (Boston).
Alors que l’on commence tout juste, en Europe, à entrevoir la fin de la pandémie, l’UE est en retard sur les deux géants que sont la Chine – seule grande économie en croissance en 2020 –, et les États-Unis – dont la reprise, grâce à la vaccination de masse, est déjà largement enclenchée.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’arrivée au pouvoir de Joe Biden n’est pas nécessairement de bon augure pour l’Europe.
La tension d’un côté avec l’Amérique de Trump, de l’autre avec la Chine de Xi Jinping, était un catalyseur formidable pour une Europe indépendante et unie : d’un point de vue économique, en particulier, elle devait réaffirmer son modèle de commerce libre et normatif, ses préoccupations grandissantes autour des problématiques de croissance durable et son système de coopération.
C’était dans ce cadre qu’Emmanuel Macron formulait l’idée d’une Europe puissante sur tous les volets, y compris militaire. Le réchauffement des relations transatlantiques soulève donc de nouvelles questions sur la place de l’Europe entre États-Unis et Chine.
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En témoignent les pressions soudaines exercées par Pékin pour conclure, avant l’investiture de Biden, l’accord sino-européen sur les investissements (AGI). Alors que la Chine y voyait une parade au danger d’un rapprochement transatlantique, les Européens, eux, l’ont perçu comme une opportunité d’entériner des principes d’ouverture, d’équité, de concurrence loyale et de respect de l’environnement.
Si cet accord est conforme aux principes européens, il montre surtout que l’Europe est en quête de victoires rapides pour être reconnue comme puissance au moins normative et pour affirmer son autonomie.