Chaque année, sous l'égide de l'ONU est établi le classement « World Happiness Report » à partir de questions élaborées par des économistes pour déterminer à quel point la vie des personnes est proche de celle qu’elles rêveraient d’avoir. Une approche très « mentale et cognitive du bonheur », explique Gaël Brulé, ingénieur et sociologue.
Par conséquent, « cette mesure favorise les pays économiquement développés dont les standards de vie sont proches de ceux que l’on promeut au niveau international ». L’auteur des Petites Mythologies du bonheur français (Dunod, 2020) note des points communs parmi les pays du top 10 : « Ils sont souvent petits, assez riches, ont des politiques de protection relativement fortes, des inégalités de revenus assez basses et une bonne mobilité sociale. »

Données : Visualcapitalist. Crédits : Pour l'Éco.
La Finlande, médaillée d’or
En 2020 et pour la quatrième année consécutive, ce pays d’Europe du Nord arrivait en tête du « World Happiness Report », le classement des « pays les plus heureux » réalisé sous l’égide des Nations unies depuis 2012. Pour Gaël Brulé, i, ce n’est pas étonnant : « Les Finlandais vivent dans une société qui fonctionne bien. » Dans ce pays riche et libéral, la vie des habitants est proche de la perfection telle qu’ils l’envisagent. Il faut dire que la culture scandinave incite à se contenter de ce que l’on a. En témoigne la « loi de Jante », ce code de conduite qui appelle à la modestie et à l’humilité.
Chaque année, sous l'égide de l'ONU est établi le classement « World Happiness Report » à partir de questions élaborées par des économistes pour déterminer à quel point la vie des personnes est proche de celle qu’elles rêveraient d’avoir. Une approche très « mentale et cognitive du bonheur », explique Gaël Brulé, ingénieur et sociologue.
Par conséquent, « cette mesure favorise les pays économiquement développés dont les standards de vie sont proches de ceux que l’on promeut au niveau international ». L’auteur des Petites Mythologies du bonheur français (Dunod, 2020) note des points communs parmi les pays du top 10 : « Ils sont souvent petits, assez riches, ont des politiques de protection relativement fortes, des inégalités de revenus assez basses et une bonne mobilité sociale. »

Données : Visualcapitalist. Crédits : Pour l'Éco.
La Finlande, médaillée d’or
En 2020 et pour la quatrième année consécutive, ce pays d’Europe du Nord arrivait en tête du « World Happiness Report », le classement des « pays les plus heureux » réalisé sous l’égide des Nations unies depuis 2012. Pour Gaël Brulé, i, ce n’est pas étonnant : « Les Finlandais vivent dans une société qui fonctionne bien. » Dans ce pays riche et libéral, la vie des habitants est proche de la perfection telle qu’ils l’envisagent. Il faut dire que la culture scandinave incite à se contenter de ce que l’on a. En témoigne la « loi de Jante », ce code de conduite qui appelle à la modestie et à l’humilité.
Dans ce pays protestant, « on doit se construire, se projeter vers l’avenir », indique Gaël Brulé. On n’y distingue pas l’économie du social : la Finlande possède un État providence qui offre de fortes protections aux populations : éducation gratuite et universelle, très bon système de santé, allocations-chômage élevées… « Les Finlandais font confiance à leurs dirigeants, contrairement aux Français », relève Lise Bourdeau-Lepage, professeure de géographie et docteure en économie.
« En France, on attend beaucoup de l’État. On lui sous-traite une partie de nos marges de manœuvre et cela nous pénalise par rapport au bonheur, complète Gaël Brulé. La logique est tout autre en Finlande, où la faible population pousse les personnes à être davantage actrices au sein de la société. Là-bas, on dit facilement “notre pays”, “notre économie”. »
L’accent est mis sur le collectif plutôt que sur l’individu. Et les études menées par Lise Bourdeau-Lepage pendant les confinements l’ont prouvé : « Ceux qui ont participé à des actions d’entraide sont celles dont le niveau de bien-être a le moins chuté. »
Le parc naturel costaricain
C’est le pays d’Amérique latine où on est le plus heureux : le Costa Rica arrive à la 16e place du « World Happiness Report » (2018-2020). L’approche du bonheur n’est pas la même que chez le médaillé d’or finlandais. Elle est plus hédoniste, avec la quête du plaisir pour priorité.
Comment l’expliquer ? « Par l’histoire du pays. Le Costa Rica est en marge des pays d’Amérique centrale », précise Lise Bourdeau-Lepage. Il a toujours été en paix. Une stabilité qui lui a valu le surnom de Suisse de l’Amérique centrale. Cela se justifie notamment par l’absence de richesses : « Le Costa Rica a échappé à la malédiction des ressources naturelles », c’est-à-dire la convoitise de l’extérieur et l’exploitation.
Éco-mots
Malédiction des ressources naturelles
Théorie développée dans les années 1990 soulignant les impacts négatifs que peuvent subir les pays possédant d’importantes ressources naturelles, par exemple le pétrole.
Ses dirigeants ont aussi fait des choix politiques qui participent au bien-être des habitants : un État providence dans lequel les dépenses pour la santé et l’éducation sont comparables à celles des pays de l’OCDE, la gratuité de l’école primaire depuis le XIXe siècle. « La liberté, l’égalité, le respect des uns et des autres sont très ancrés dans la culture de ce pays. » Et puis, « les dirigeants ont aussi pris des décisions très fortes en matière environnementale », poursuit l’enseignante-chercheuse.
Les parcs nationaux et zones protégées couvrent plus d’un quart du territoire. Le droit à un environnement sain a été inscrit dans la Constitution dès le début des années 1990. « On y préserve la biodiversité qui est, là-bas, exceptionnelle. » Or dans les études qu’a menées Lise Bourdeau-Lepage, l’accès à un environnement sain et sans nuisances arrive en tête des éléments qui comptent pour le bien-être des personnes.
À Taïwan, le sentiment d’être libre
Cette île située à 180 kilomètres de la côte chinoise tient la 24e place du « World Happiness Report » (2018-2020) et la première des pays d’Asie. Taïwan – État souverain, mais que la Chine considère comme l’une de ses provinces – « tient une place à part dans une région où l’on peut se poser la question des libertés individuelles, note Lise Bourdeau-Lepage. C’est un peu comme un eldorado pour une partie de la population de la zone. Taïwan fait un peu rêver. »
L’un des moyens assez faciles d’approcher le bonheur, c’est le sentiment de liberté et celui d’avoir une influence sur sa vie.
Gaël Brulé,ingénieur et sociologue.
Cet État insulaire d’environ 23 millions d’habitants est l’un des plus libres au monde. En 2020, il tenait la 19e place du « Human Freedom Index », un classement international dans lequel la France n’arrivait qu’en 33e position sur 162 pays.
Or, « l’un des moyens assez faciles d’approcher le bonheur, c’est le sentiment de liberté et celui d’avoir une influence sur sa vie », rappelle Gaël Brulé. Un état d’esprit pas si évident chez nous : « Ce n’est pas tant dû aux libertés effectives qu’à la construction des possibles. En France, on a du mal à ressentir que telle ou telle chose est envisageable. Or c’est crucial de sentir que l’on a une marge de manœuvre pour notre bonheur. »
À Taïwan, la liberté est partout : libertés d’expression, économique, sexuelle (c’est le premier pays d’Asie à avoir légalisé le mariage homosexuel en 2019), culturelle. De croyances aussi, puisqu’aucune religion n’est privilégiée par le gouvernement dans un territoire où la spiritualité occupe une place très importante. « Ici, de nombreuses cultures cohabitent très bien. Il est facile de socialiser, de s’intégrer », assure Vincent Verdier, guide touristique installé à Taïwan.
« Les religions sont libres et ne s’imposent pas dans le quotidien ou dans un quelconque débat. » L’État, très dynamique économiquement, attire de nombreux expatriés en raison de sa qualité de vie. Ce que confirme Vincent Verdier : « Nous avons une Sécurité sociale, une administration efficace et conciliante et des services publics très agréables. Il est facile de trouver du travail et la vie, même à Taipei, la capitale, reste très abordable. »