Alors que le vieillissement de la population est au cœur des enjeux démographiques des pays développés, l'Afrique est bien loin de s'en soucier. Et pour cause, le continent connaît une éruption démographique qui ne semble vouloir s'arrêter.
Les projections de population réalisées en 1981 par l'ONU misaient sur un tassement de la courbe des naissances à l'horizon 2050, mais elles ont nettement été revues à la hausse en 2017, tandis que celles de Chine et d'Inde, nations à la forte natalité, ont été abaissées.

Avec un taux d'augmentation de la population, par rapport à 2020, estimé à 116,69 % en 2060 et 219,27 % en 2100, l'Afrique devrait donc tripler son nombre d'habitants d'ici au prochain siècle. En Europe, c'est une situation inverse que l'on pourra observer puisque la baisse de population devrait être de 7,87 % en 2060 et atteindre 15,79 % en 2100.

Si 1 humain sur 6 habite aujourd’hui en Afrique, la proportion sera 1 sur 4 en 2060, et de plus de 1 sur 3 en 2100.
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Une natalité unique
Comme on peut l'observer dans l'infographie plus basse, l'Afrique est aujourd'hui la locomotive démographique du monde, avec 4,4 enfants par femme en moyenne.
À l'inverse, le taux de fécondité projeté pour 2020 était en deçà du seuil de renouvellement des générations (2,05 enfants par femme) pour l'Amérique du Nord (1,7), l'Amérique latine (1,9) et l'Europe (1,6), seule l'Asie (2,1) affichait un taux supérieur, loin néanmoins de la moyenne mondiale (2,4 enfants par femme), tirée par les naissances sur le continent africain.

Au sein même du continent africain, on observe une disparité en l'Afrique du Nord (environ 3 enfants par femme) et l'Afrique subsaharienne (près de 5).

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8 enfants par femme au Tchad, 4 au Ghana
Dans la moitié des pays d’Afrique subsaharienne, plus de 65 % de la demande en contraception cible un besoin d’espacer les naissances plutôt que de les limiter.
On constate également la présence de modèles différents au sein de pays issus de cette même zone géographique. Ainsi au Ghana, on observe une transition « normale », avec un développement économique qui entraine une réduction de la mortalité et de natalité qui permet d'atteindre 3,6 % de croissance annuelle moyenne de la population.

A contrario, au Tchad, le modèle traditionnel persiste, et ce, malgré un taux de mortalité brut divisé par plus de deux au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Là où les jeunes femmes (25-34 ans) au Ghana souhaitent 4,2 enfants en moyenne, ce chiffre est de 8,5 pour les Tchadiennes. Ainsi, au Tchad, 95 % des mères de 4 enfants en désirent d'autres, un pourcentage qui ne tombe qu’à 75 % chez les mères de 6 enfants.

Ces différences se retrouvent au niveau de plusieurs indicateurs socio-économiques des deux pays. L'âge médian du premier mariage chez les femmes tchadiennes, à 49 % en union polygame, est de 17 ans et 8 mois, contre 20 ans et 7 mois les Ghanéennes, qui sont 29 % à vivre en polygamie.
Ces mariages très tôt font que les adolescentes se retrouvent souvent mère – elles sont 39 % à l'être au Tchad, contre 14 % au Ghana.

Ces caractéristiques propres à chaque pays laissent de quoi s'interroger au vu des projections. Les deux pays atteindront-ils les taux de fécondité pour l’année 2100 : 2,2 pour le Tchad, 2 pour le Ghana ?