« Les efforts pour améliorer la vie en ville ne font que commencer », nous prévient-on à la mairie d’Oslo. Pour l’alliance « rouge-verte » à la tête de la municipalité depuis deux mandats (travaillistes, verts et socialistes), « améliorer la vie en ville » prend plusieurs dimensions : davantage d’espaces verts, plus d’aires de jeux, de bancs, de pistes cyclables et surtout, mesure phare, une zone « libre de voitures ».
Dès la victoire de Marianne Borgen, aux municipales de 2015, le ton est donné : mener une politique progressiste et transformer la capitale norvégienne. L’objectif, largement médiatisé il y a six ans, est de devenir la première ville européenne à interdire les voitures.
La municipalité prend plusieurs engagements en faveur de l’environnement : réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’Oslo d’ici 2022 et de 95 % d’ici 2030. Cela n’est possible qu’en repensant les transports en ville.
L’accès de l’hyper-centre est interdit aux véhicules privés et plus de 700 places de parking sont supprimées progressivement, au bénéfice de pistes cyclables et d’espaces de détente.
« Les efforts pour améliorer la vie en ville ne font que commencer », nous prévient-on à la mairie d’Oslo. Pour l’alliance « rouge-verte » à la tête de la municipalité depuis deux mandats (travaillistes, verts et socialistes), « améliorer la vie en ville » prend plusieurs dimensions : davantage d’espaces verts, plus d’aires de jeux, de bancs, de pistes cyclables et surtout, mesure phare, une zone « libre de voitures ».
Dès la victoire de Marianne Borgen, aux municipales de 2015, le ton est donné : mener une politique progressiste et transformer la capitale norvégienne. L’objectif, largement médiatisé il y a six ans, est de devenir la première ville européenne à interdire les voitures.
La municipalité prend plusieurs engagements en faveur de l’environnement : réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’Oslo d’ici 2022 et de 95 % d’ici 2030. Cela n’est possible qu’en repensant les transports en ville.
L’accès de l’hyper-centre est interdit aux véhicules privés et plus de 700 places de parking sont supprimées progressivement, au bénéfice de pistes cyclables et d’espaces de détente.
Les commerçants résistent
Rapidement, toutefois, la municipalité se heurte à des résistances : « Dès que le programme “Car Free Liveability” a été dévoilé et que les premières mesures ont vu le jour en 2017 pour réduire l’accès aux voitures dans le centre-ville, nous avons rencontré une opposition considérable », confie Roy Helge Tjomsland, de la mairie d’Oslo. L
es transformations de la ville rendent difficiles les livraisons : « Et beaucoup d’associations de commerçants et de propriétaires de magasins redoutaient que leurs clients ne puissent plus accéder aux magasins », détaille le responsable de la communication.
Depuis, un « dialogue étroit a été établi avec eux », poursuit-il, et de nouvelles réglementations ont été introduites « en concertation avec la NHO » (l’organisation patronale norvégienne).
La municipalité a fait quelques concessions : il ne s’agit plus d’interdire totalement les voitures en ville, mais de faire en sorte qu’elles soient les moins nombreuses possible. L’essentiel, confirme Roy Helge Tjomsland, c’est de « renverser la hiérarchie traditionnelle : les piétons deviennent la priorité absolue, tandis que les véhicules privés sont relayés à la dernière place. »
"Vision zéro"
Ce projet international de sécurité routière désigne la volonté d’établir un réseau routier sans aucun mort ni blessé du à la circulation. En 2019, Oslo a atteint l’objectif : aucun piéton n’est décédé dans la capitale.
Objectif zéro auto ?
Réélue en 2019 avec une percée remarquable des écologistes (plus de 15 %) et galvanisée par une récompense de la Commission européenne1, la coalition rouge-verte compte poursuivre sa politique en défaveur de la voiture.
Dans son programme pour 2019-2023, la ville indique vouloir, entre autres, réduire le nombre de véhicules à Oslo d’un tiers d’ici 2030, étendre les pistes cyclables et le réseau de tramway, baisser le prix des transports en commun et continuer à supprimer des places de parking. Cette année, le budget du programme « Car Free liveability » représentait environ 5 millions d’euros, indique la municipalité.
En parallèle, des mesures sont prises pour dissuader les automobilistes : une hausse des prix des péages urbains et du stationnement est prévue, même pour les véhicules électriques s’ils sont à usage personnel, nous précise Terje Rognlien, de l’Administration norvégienne des routes publiques, rattachée au ministère des Transports.
Pour Cecilie Lyndby, l’une des trois élus de l’opposition au conseil municipal, c’est bien la preuve qu’Oslo veut supprimer les voitures. Elle a participé à la création du parti FNB (Action populaire contre l’augmentation des péages) après avoir rassemblé plus de 50 000 Norvégiens dans un groupe Facebook hostiles aux péages urbains.
« Les gens sont très en colère, dit-elle. C’est profondément injuste. Les propriétaires de voitures, c’est environ la moitié de la population d’Oslo. Ils paient très cher pour des pistes cyclables inutiles. Les routes étaient déjà sûres pour les cyclistes. »
Pire, selon elle, la piétonnisation a eu un impact sur les commerces. « De nombreux clients préfèrent prendre la voiture et aller faire leurs achats dans les centres commerciaux en dehors de la ville. Le centre ressemble à une ville fantôme. »
« Une ville pour jeunes en bonne santé »
Cette politique a également créé des divisions, déplore Cecilie Lyndby : « Un mur se dresse entre automobilistes et cyclistes. Je n’ai jamais vu autant de haine sur les réseaux sociaux et de disputes quand je suis en ville. »
La municipalité communique autour de sa volonté de faire d’Oslo une capitale plus inclusive, mais l’élue est sceptique : « Quand on est âgé ou malade, ou quand on a trois enfants, on ne peut pas prendre le vélo. On est en train de créer une ville pour les jeunes et les personnes en bonne santé. Les gens ne conduisent pas des voitures par plaisir, mais par nécessité. »
Quid de l’écologie ? Cecilie Lyndby répond sans sourciller : « Tout le monde veut le meilleur pour notre planète. Moi aussi. Mais nos voitures sont suffisamment propres en Norvège. Il y a beaucoup à faire pour l’environnement avant d’interdire les voitures : privilégier les achats de seconde main, réduire l’utilisation du plastique, recycler nos déchets ou faire en sorte que la Chine et les États-Unis respectent l’Accord de Paris. »
La voiture doit verdir ou partir
Si la municipalité veut réduire le nombre de voitures à Oslo, les véhicules qui continueront à circuler devront être électriques. À partir de 2028, tous les bus, trams, métros, camions et les ferries devraient l’être, annonce l’alliance rouge-verte.
Les entreprises de livraison comme Bring, DHL ou Schenker s’adaptent aussi, en optant désormais pour des véhicules électriques ou des vélos cargo. Des hubs de distribution fleurissent d’ailleurs aux portes de la ville.
Du côté des voitures, les politiques locales et nationales incitent à l’électrique depuis plusieurs années : exonération de la TVA, de la taxe à l’achat, parking et recharge gratuits, réduction aux péages…
En 2019, les véhicules électriques représentaient 42 % des voitures vendues en Norvège (contre 6 % en France au premier semestre 2020), ce qui place le pays en tête du classement mondial.
Notes
1 : Oslo a été élue capitale verte européenne pour l’année 2019.