Pourtant, ces facteurs d’expansion économique et commerciale que sont les transports sont aussi le talon d’Achille de l’économie mondialisée.
Caraques, caravelles, flûtes et galions
C’est la mise au point d’instruments de navigation permettant d’aller au-delà du cabotage qui a permis d’ouvrir l’exploration du monde, à partir de la fin du Moyen-Âge.
Les caraques, caravelles, flûtes et galions permirent l’ouverture des premières grandes routes commerciales mondiales, l’établissement de comptoirs européens partout dans le monde et la montée en puissance des compagnies des Indes.
Au XIXe siècle, la machine à vapeur permet de s’affranchir des éléments naturels, d’ouvrir des lignes régulières et de construire des navires de plus en plus grands.
Les derniers grands voiliers à coques métalliques, les clippers, pouvaient atteindre plus de 85 mètres pour une vitesse de huit à neuf nœuds.
Les premiers steamers les dépassèrent rapidement : le Great Eastern, plus grand navire du monde lancé en 1858, dépasse les 200 mètres et file à 14 nœuds.
En Chiffres
650 000
C'est en tonnes le poids à pleine charge du plus grand supertanker, le Knock Nevis, construit entre 1979 et 1981.
Peu à peu, les progrès permettent de construire des navires de plus en plus sûrs et rapides. Les plus grands sont les paquebots de la ligne de l’Atlantique Nord, puis apparaît le Boeing 707 qui porte un coup fatal aux grandes lignes maritimes.
Le gigantisme est alors incarné par les supertankers : le plus grand était le Knock Nevis, qui dépassait les 450 mètres et 650 000 tonnes à pleine charge.
À côté de la construction navale, l’autre grande avancée a été le percement des deux grands canaux transocéaniques, dus à l’esprit visionnaire de l’ingénieur français Ferdinand de Lesseps.
Il achève avec succès le canal de Suez, inauguré en 1869, et permet d’éviter, pour relier l’Europe à l’Asie, le route du cap de Bonne-Espérance.
C’est aussi lui qui lance les travaux du canal de Panama, achevé en 1914.
Le gain est énorme : le canal de Suez permet de raccourcir la distance entre l’Asie et l’Europe de 40 %. Il économise aussi deux semaines de navigation par rapport à la route du cap.
Quant à Panama, il abaisse la distance entre les deux côtes américaines de 13 000 kilomètres. La mondialisation doit aussi beaucoup à l’entrepreneur américain Malcolm McLean qui, en 1956, a inventé le conteneur.
Depuis, il a été normalisé (norme EVP) et surtout, il permet de tout transporter : marchandises sèches, liquides, produits chimiques, congelés… Les plus grands navires actuels transportent presque 25 000 boîtes.
La Chine, atelier du monde grâce aux conteneurs
À côté des progrès de la construction navale, l’autre grande avancée a été le percement des deux grands canaux transocéaniques.
Tous deux sont dus à l’esprit visionnaire de l’ingénieur français Ferdinand de Lesseps. Il achève avec succès le canal de Suez, inauguré en 1869 et permet d’éviter, pour relier l’Europe à l’Asie, le route du cap de Bonne-Espérance.
C’est aussi lui qui lance les travaux du canal de Panama, qui sera achevé en 1914. Le gain est énorme : le canal de Suez permet de raccourcir la distance entre l’Asie et l’Europe de 40 %.
Il économise aussi deux semaines de navigation par rapport à la route du cap. Quant à Panama, il abaisse la distance entre les deux côtes américaines de 13 000 kilomètres.
La révolution du conteneur
C’est le conteneur qui a permis à la Chine de devenir l’atelier du monde et qui a largement favorisé la Décomposition internationale du processus productif (DIPP), c’est-à-dire les chaînes de valeur localisées dans différents pays en fonction des coûts.
Décomposition des processus productifs (DIPP)
Il s'agit de localiser les différentes étapes du processus de production d'un produit dans les différentes régions du monde en fonction de leurs avantages comparatifs (coûts, qualité de la main d'oeuvre, fiscalité, réglementation...).
Le conteneur a aussi l’avantage d’être de manutention facile et multimodal : on peut le charger sur des trains, des camions, voire de gros avions-cargos. Tout ce système est cependant très vulnérable.
Le canal de Suez a été fermé de 1967 à 1975 en raison de la guerre des Six-Jours, ce qui avait fait augmenter les prix du transport, accru l’augmentation de la taille des navires dont certains ne passaient plus par le canal lorsqu’il a été rouvert…
L’incident de l’Ever Given a provoqué un gigantesque embouteillage et engendré un coût de plus de 340 millions d’euros par heure de blocage, selon la Lloyd’s de Londres.
Les composants électroniques, les produits chimiques de base viennent de plus en plus d’Asie ; de ce fait, les retards rendent difficiles l’organisation en flux tendus et le moindre blocage fait grimper les prix et menace les industries dépendantes.
Aujourd’hui se pose aussi la question du marché du conteneur : il y a pénurie de boîtes, ce qui engendre des retards et des coûts.
À la suite de la pandémie, les conteneurs se sont retrouvés mal positionnés et en trop petit nombre et alors que les prix des transports ont baissé en 2020, les seuls à avoir augmenté sont ceux des conteneurs.
Si le transport maritime a permis la mondialisation, il a aussi contribué à la fragiliser. La nécessité d’importer a rendu les économies développées dépendantes : la pollution augmente et, malgré des travaux gigantesques, les infrastructures sont menacées de sous-dimensionnement.
Enfin, les cartes pourraient être rebattues par le projet du canal du Nicaragua, un temps caressé par des investisseurs chinois, ou par la route de l’Arctique, dont rêve Vladimir Poutine.