Balance commerciale. Pourquoi les cadeaux de Noël des Français font le bonheur des Chinois

L'essentiel

- En dépit de l'inflation, les Français ont prévu de consacrer un budget plus important pour leurs cadeaux de Noël cette année.

- Près de 80 % des achats de Noël des Français sont importés, notamment les jouets. Ces présents viennent en grande majorité de Chine.

- Pour la balance commerciale française, c'est chaque année une catastrophe : ces nombreuses importations augmentent en effet le déficit hexagonal.

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Une écharpe pour papa, un téléphone pour maman et un robot en plastique pour la petite ? Pour Noël, la consommation est à la fête, selon un sondage CSA pour Le Figaro : 354 euros devraient être consacrés aux cadeaux par chaque foyer, soit +8,2 % par rapport à l’an dernier.

Une somme dont l’essentiel devrait rémunérer en premier lieu des entreprises étrangères : « Dans le cas des consommations de Noël, 79 % sont importées, notamment du fait de l’achat de jouets, qui représente 64 % des dépenses de Noël et qui sont importés à 91 % » signale Sylvain Bersinger, du cabinet de conseil Asterès. Et l’économiste de faire remarquer que cette frénésie annuelle de consommation est « une mauvaise nouvelle pour la balance commerciale française et les effets d’entraînement pour l’emploi ».

La consultation des statistiques des douanes permet une analyse plus fine du phénomène. En 2013, l’importation des « articles de sport, jeux et jouets ; produits manufacturés divers » représentait une valeur de 4,6 milliards d’euros. En 2021, la valeur importée a atteint 7,9 milliards d’euros tandis que sur 12 mois glissants (novembre 2021 à octobre 2022), celle-ci culmine à 8,7 milliards d’euros. Ainsi, en l’espace de neuf ans, les importations de jouets ont progressé, en valeur, de 87,4 %. Parallèlement, les exportations du même type de produits ont aussi grimpé (+50,9 %), mais pour une valeur moindre : 4,6 milliards d’euros sur 12 mois glissants.

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Près de la moitié des jouets en provenance de Chine

Sur les 8,7 milliards d’euros de jouets importés, 4,1 milliards d’euros proviennent de Chine. Le pays « pèse » pour 47,2 % du marché du jouet hexagonal, ce que les services du Commerce extérieur déplorent. À l’occasion d’un récent rapport intitulé « Vulnérabilité croissante des approvisionnements en provenance de Chine », les fonctionnaires du ministère de l’Économie ont fait le constat suivant : « Sur les 65 produits vulnérables en 2000, plus de la moitié (38) est toujours vulnérable en 2019. Cette stabilité est particulièrement marquée pour les articles de sport, jeux et jouets. »

Paris est donc en état de dépendance vis-à-vis de Pékin lorsqu’il s’agit d’acheter des jouets. Mais pas uniquement. L’étude du Commerce extérieur parle aussi de vulnérabilité sur les téléphones, ordinateurs et « dans une moindre mesure, sur les consoles de jeux », soit sur autant de produits qui ont de grandes chances de se trouver au pied du sapin.

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Noël ne se résume pas qu’à une profusion de jouets à destination des petits. Bien des sondages ont été réalisés pour connaître les intentions d’achats de cadeaux des Français. Il en ressort quasi systématiquement une volonté d’acquérir en premier lieu un bien culturel (livre, place de concert…) avant les traditionnels jouets, produits de beauté et vêtements.

Le bilan du Commerce extérieur du 4e trimestre 2021 confirme ces tendances : « La croissance des importations françaises en valeur est portée par les produits manufacturés […] +9 % pour le textile, habillement, cuir et chaussures » indique le rapport, qui note à nouveau que « la baisse du solde avec l’Asie et Hong Kong s’explique par la hausse des importations (notamment de produits électroniques grand public) ».

Le pari des services

Si la France importe autant, c’est parce qu’elle a fait le pari du secteur tertiaire, c’est-à-dire de devenir une nation qui fait commerce de services plus que d’objets. Ainsi, la balance commerciale se doit aussi d’être appréciée en fonction de l’activité des services.

Et de ce côté-là, tout semblerait au beau fixe pour cette fin d’année 2022 : « En décembre, selon les anticipations des entreprises, l’activité poursuivrait sa progression dans les services […] Les chefs d’entreprise s’attendent à une activité encore en progression dans la plupart des secteurs, notamment l’hébergement, la restauration » explique une note de la Banque de France.

Ce ne sont pas vraiment les Français qui vont enrichir le secteur de l’hôtellerie. Pour ADN Tourisme, fédération des professionnels du tourisme, « le mois de décembre représente 6 % du volume des nuitées touristiques des Français sur une année » ; soit assez peu. Les voyageurs étrangers, en revanche, savent que « Paris est une fête » à l’entrée de l’hiver.

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Excédent record grâce aux voyages

Selon des statistiques de l’Insee consacrées aux « Voyages à destination de la France métropolitaine ou des Dom », il est possible d’observer un pic à chaque mois de décembre : 18,8 millions de voyages effectués en décembre 2019, 14,6 millions en 2020 (année du Covid) et 18,9 millions en décembre 2021, soit plus que deux ans auparavant. Ces pics de fréquentation restent toutefois inférieurs à ceux vus durant l’été, lorsque 28 millions de voyages environ ont lieu sur un seul mois !

Il n’en reste pas moins qu’à lui seul, le secteur des voyages tendrait à embellir la balance commerciale des services. D’après les spécialistes du Commerce extérieur, l’excédent record de la seule balance des services enregistré au 1er semestre 2022 (34 milliards d’euros de solde) serait « en lien avec la bonne tenue des services de voyage et de transport ». Champagne pour la France ? Pas forcément.

La délégation aux entreprises du Sénat s’est emparée du sujet en décembre 2022 et fait preuve d’une certaine prudence : « Entre 2001 et 2021, les exportations de services ont augmenté de 140 %, soit deux fois plus que les exportations de biens » font remarquer les pensionnaires du Palais du Luxembourg, « mais l’excédent du solde des services ne parvient pas, globalement, à compenser le déficit de la balance commerciale ». Les sénateurs craignent même désormais un « risque de délocalisation des services, notamment avec le développement des technologies numériques ».

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