Les notes. Technicité : 5/5 – Environnement : 3/5 – Insertion marché du travail : 5/5.
Hier architecte, Clément Gauthier est devenu BIM manager à l’Agence d’architecture interdisciplinaire (Arep, filiale de la SNCF).
« Avez-vous déjà vu le plan de construction d’un immeuble sur papier et en 2D ? Plusieurs plans se superposent : l’infrastructure, le réseau de canalisation, l’électricité, etc., illustre le jeune homme. Pour un projet complexe comme le nouveau siège des forces armées à Paris, c’est illisible. Rien que pour les portes, on a un million de données. Comment voulez-vous les intégrer à un plan, les rendre accessibles à tous les acteurs d’un projet afin qu’ils fassent correctement leur travail ? C’est impossible. »
Il était temps que le secteur de la construction fasse sa révolution digitale. Elle est arrivée en France en 2014 sous le nom de BIM (Building information modeling ou modélisation des données du bâtiment), apportant de nouveaux outils et méthodes de travail.
Les notes. Technicité : 5/5 – Environnement : 3/5 – Insertion marché du travail : 5/5.
Hier architecte, Clément Gauthier est devenu BIM manager à l’Agence d’architecture interdisciplinaire (Arep, filiale de la SNCF).
« Avez-vous déjà vu le plan de construction d’un immeuble sur papier et en 2D ? Plusieurs plans se superposent : l’infrastructure, le réseau de canalisation, l’électricité, etc., illustre le jeune homme. Pour un projet complexe comme le nouveau siège des forces armées à Paris, c’est illisible. Rien que pour les portes, on a un million de données. Comment voulez-vous les intégrer à un plan, les rendre accessibles à tous les acteurs d’un projet afin qu’ils fassent correctement leur travail ? C’est impossible. »
Il était temps que le secteur de la construction fasse sa révolution digitale. Elle est arrivée en France en 2014 sous le nom de BIM (Building information modeling ou modélisation des données du bâtiment), apportant de nouveaux outils et méthodes de travail.
Quelles formations ?
Les BIM managers sont avant tout des professionnels du bâtiment. Avant de se former au BIM, ils ont souvent suivi un cursus d’ingénieur (bac + 5) ou fait une école d’architecture (bac + 6). Pour organiser un projet de construction ou de rénovation, il faut déjà savoir comment on construit un immeuble.
Ensuite, ces ingénieurs ou architectes ont intégré un mastère spécialisé sur le BIM. L’École des Ponts ParisTech et l’ESTP proposent cette formation. De même que le Cesi École d’ingénieurs ou l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier.
Outil central : la maquette 3D
C’est la jumelle numérique du futur bâtiment. « La maquette 3D permet de voir immédiatement les défauts de construction, des mois avant que la première brique soit posée. Avant, on s’en rendait compte sur le chantier », explique Olivier Celnik, directeur du mastère spécialisé BIM de l’École des Ponts ParisTech et de l’École supérieure des travaux publics (ESTP).
Cette maquette est un outil de travail commun à tous les acteurs d’un projet. Le gestionnaire y trouvera par exemple les informations sur le nombre et le type de portes, le design choisi par l’architecte et pourra ainsi calculer le budget « portes » du projet. S’il a une question, un doute, il pourra interroger son interlocuteur directement sur la plateforme collaborative.
« Le rôle du BIM manager est d’aider les collaborateurs à adopter ces nouveaux outils et méthodes de travail », précise Arthur Monteilhet, ingénieur de formation et BIM manager chez CRR Architecture, à Clermont-Ferrand. Il n’est pas celui qui conçoit le projet pour répondre aux exigences du client – c’est le rôle de l’architecte.
S’il ne bâtit pas techniquement la maquette, il donne des consignes sur son élaboration. « Le BIM manager oriente sa fabrication : choix du logiciel, aspect. Il vérifie ensuite que ses instructions ont été respectées », précise Olivier Celnik. Son cœur de métier, c’est la conception de la charte BIM. « C’est un guide pour aider les collaborateurs à se servir des outils et à travailler ensemble. Elle définit les règles du jeu », poursuit l’enseignant.
Accompagnateur du changement
Ce document de référence énonce par exemple les échéances et les protocoles de chaque corps de métier : « L’architecte trouvera les informations concernant la date d’envoi des plans et du format attendu. Le bureau d’études pourra ensuite effectuer son travail de validation et affiner la proposition de départ », explique Clément Gauthier.
Le BIM manager n’a donc rien d’un geek ou d’un « monsieur numérique » comme il a été souvent caricaturé.
« Bien sûr, il faut des notions en informatique et notre mission comporte une veille technologique. Mais le plus important, ce sont les compétences techniques en construction et celles en management afin d’accompagner le changement. Il faut évangéliser, montrer à chacun ce que peut lui apporter le BIM, et organiser le travail collectif », conclut Arthur Monteilhet, auteur d’une thèse professionnelle sur ce qu’est un BIM manager.
Bâtiment du futur : ce n’est plus de la science-fiction
1er mars 2030, le descendant de monsieur Arpel, héros du film de Jacques Tati Mon Oncle, rentre chez lui après des vacances à la montagne. Il pianote sur son smartphone pour réchauffer sa belle maison aux murs courbés et en béton recyclé.
Son réfrigérateur lui confirme par SMS avoir bien passé commande, les courses seront livrées dans la soirée. Sa maison intelligente s’appuie sur le savoir-faire de nombreux métiers. Un technicien spécialiste de l’efficacité énergétique a installé des capteurs pour mesurer la température de chaque pièce et la réguler selon les besoins. Il a aussi conseillé monsieur Arpel pour ses achats d’électroménager et d’ampoules afin de réduire sa consommation et sa facture.
Des développeurs, ingénieurs spécialistes d’électronique embarquée et autres data scientists ont conçu les objets connectés et applications permettant à monsieur Arpel de piloter depuis son smartphone la température de son habitat et de communiquer avec son réfrigérateur.
Des ingénieurs en robotique ont créé le robot capable d’imprimer les murs courbés de sa maison – en mars 2018, Yhnova a été la première maison imprimée en 3D. Un ingénieur R & D, expert en matériaux, a trouvé une solution pour recycler le béton, sans qu’il perde sa résistance. En 2030, le béton est devenu très cher, en raison de la pénurie de sable. À la fin des années 2010, entre 40 et 50 milliards de tonnes de sable étaient extraites chaque année dans le monde.