Un million. C’est le nombre — record — de stages suivis, en 2020, par des demandeurs d’emploi, pour augmenter leurs compétences. Les politiques de formation des chômeurs constituent aujourd’hui, en France et en Europe, un des piliers de la lutte contre le chômage et les ressources financières qui leur sont allouées ne cessent d’augmenter chaque année. Mais, pour autant, sont-elles efficaces pour résorber le chômage ?
Apparues à la suite du premier choc pétrolier, ces politiques dites de formation se sont multipliées au cours des années 1980 pour faire face au développement du chômage de masse.
Ces mesures, qui comprennent des programmes de formation ou des aides à l’orientation professionnelle, reposent sur l’idée que le chômage n’est pas seulement dû à une demande de travail insuffisante de la part des entreprises (faible activité), mais d’une offre de travail aux qualifications et aux compétences inadaptées.
Chômage
Le chômage est le fait, pour une personne de plus de 15 ans, de ne pas avoir d’emploi, d’en rechercher un activement et d’être disponible pour travailler. Les chômeurs sont inclus dans la population active.
En d’autres termes, pour améliorer l’« employabilité » des chômeurs, il serait nécessaire de les former pour que leurs qualifications soient en adéquation avec les emplois vacants et pour élargir l’éventail de ceux qu’ils peuvent occuper.
Plusieurs études comme celle de Pôle Emploi (2015) mettent d’ailleurs en évidence l’effet positif de la formation sur le retour à l’emploi : en moyenne, 45,6 % des bénéficiaires d’une formation parviennent à retrouver un emploi, contre 33,9 % pour ceux n’en ayant pas suivi.
À lire Augmenter les salaires pour en finir avec la pénurie de main-d'œuvre, est-ce suffisant ?
Compétences sociales
D’autres études nuancent l’effet de la formation sur la reprise d’un emploi. Marc Ferraci (2013) met en avant l’influence du profil des bénéficiaires : plus l’entrée en formation intervient tôt dans la période de chômage, plus celle-ci est de qualité, plus le bénéficiaire est initialement diplômé, plus la formation aura un effet positif sur le retour à l’emploi.

Autrement dit, plus un chômeur sera au départ éloigné de l’emploi, plus les effets de la formation seront faibles. James Heckman, prix Nobel d’économie en 2000, montre aussi que les compétences sociales — concentration, motivation, relation aux autres — acquises au cours des premières années de la vie sont déterminantes dans l’insertion professionnelle. Intervenir à l’âge adulte, par le biais d’une formation, n’aurait qu’un impact limité sur le retour à l’emploi.
À lire Investir dans l’éducation, c’est arbitrer en faveur du futur
D’autres études américaines soulignent mêmes que certaines formations pourraient nuire au chercheur d’emploi par un effet de stigmatisation : avoir suivi une formation serait perçu par les futurs employeurs comme un signal négatif sur les compétences et l’engagement du candidat. Conclusion : le débat sur les meilleurs moyens de lutter contre le chômage dépasse largement la question de la formation, qui est bien loin de faire l’unanimité.