Economie

Autotests, PCR et antigéniques, combien ils coûtent ?

Intégralement financés par l’Assurance maladie pendant un temps, les tests PCR et antigéniques sont devenus payants pour les particuliers non-vaccinés en octobre 2021. Quatre mois plus tard, Pour l'Éco fait le point sur leur coût et leur prix.

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Illustration de l'article <span class="highlighted">Autotests, PCR et antigéniques,</span> combien ils coûtent ?

© Laurent GRANDGUILLOT/REA

1,24 euros, 3,50 euros, 25 euros, ou 43,89 euros... Combien payer pour se faire dépister ? Les tarifs varient selon le type de tests et l'endroit où l'on se le procure. Pour l'Éco fait le point, six mois après l'annonce de la fin de leur gratuité. 

Dans son allocution le 13 juillet dernier, Emmanuel Macron annonçait rendre payants les tests sans prescription médicale d'ici mi-octobre. Depuis, les particuliers non-vaccinés paient 43,89 euros en laboratoire. Pour les antigéniques, c'est 25 euros en pharmacie.

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Source : ministère des Solidarités et de la Santé

En août, chaque Français avait reçu en moyenne un écouvillon et demi dans le nez depuis le début de la pandémie. Le cap des 100 millions de tests a été franchi début juillet. 900 000 tests avaient été réalisés en France le lundi 9 août. C'était un record à l'époque... maintes fois explosé depuis. Début janvier 2022, la moyenne quotidienne de tests, tous confondus, atteignait 2 millions. 

En décembre 2021, une trentaine de millions de tests PCR ou antigéniques a été réalisée, dont 28 millions pris en charge par l'Assurance maladie. La facture est salée : un milliard d'euros de dépenses pour la caisse publique. 

Une stratégie assumée par le gouvernement : « On assume que nos tests ont un coût très important et on assume la prise en charge totale », confiait aux médias le cabinet d'Olivier Véran, un test coûtant toujours moins « qu'un lit en soin critique ». « Plusieurs centaines » de centres de dépistage à proximité des centres de vaccination sont en cours de déploiement, courant du mois de janvier. 

Parallèlement, 2,7 millions d’autotests distribués par les pharmaciens entre le 3 janvier et le 7 janvier. Les stocks d'autotests dans les pharmacies étaient évalués à 17 millions mi-janvier. Depuis la fin d'année, les grandes surfaces sont autorisées à en distribuer. Intermarché, par exemple, en a écoulé 3 millions. Toutes les enseignes souhaiteraient en commercialiser davantage mais leur autorisation prend fin le 31 janvier. Les pharmaciens sont remboursés 3,50 euros pour la vente d'un auto-test, contre 1,24 en grande surface.

Négociations sur les prix 

Au début de la pandémie, chaque test RT-PCR coûtait 73,59 euros à l’Assurance maladie. « Ce montant [avait] été déterminé par analogie avec l’acte de détection de l’ARN du virus Zika », expliquait la direction de la sécurité sociale au Monde, notamment pour que « les laboratoires développent rapidement ces tests à un moment où ils n’étaient pas pratiqués en dehors des centres hospitaliers spécialisés ».

Depuis, l’État est parvenu à négocier une diminution. Les Échos évoquent le chiffre de - 50 %, le coût d'un test passant de 61 euros en décembre 2021 à 36 euros un an plus tard.

Contactés à l'automne pour connaître le détail de leurs dépenses, les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas accepté de nous répondre.

Le gouvernement maintient une pression pour imposer un rythme : s’ils ne parviennent pas à fournir les résultats rapidement, les laboratoires sont pénalisés financièrement. Depuis le 1er juin 2021, après 12h d’attente du résultat, les tests PCR sont rémunérés 30 % de moins.

En Chiffres

2 millions

Nombre de tests réalisés chaque jour en janvier 2022. 

De leur côté, 60 % des pharmacies réalisent des tests antigéniques. La rémunération par l’Assurance maladie est passée de 33 euros pour les premiers tests antigéniques à 28, pour finalement tomber à 25 euros le 1er juin dernier. « Il n’y a quasiment pas eu de négociations, c’est un tarif imposé par l’État », s’agace Gilles Bonnefond, porte-parole Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine.

Derrière ce prix, il faut compter cinq à six euros pour l’écouvillon, « parce qu’on préfère acheter français que chinois », précise le pharmacien de Montélimar, puis les gants, charlotte, blouse de protection… pour le personnel.

La Sécurité sociale a compté 2,70 euros pour l’indemnisation du temps passé à enregistrer le résultat sur la base de données nationales. « Un test en pharmacie nous prend au moins 20 minutes », témoigne Gilles Bonnefond, qui a dû embaucher une étudiante pour tenir la cadence. En plus de 60 à 80 tests quotidiens et de l'activité de vente classique, son équipe réalise 60 vaccinations par jour dans son officine.

Alors quand une enquête de TF1 estime la marge à 40 %, le porte-parole pouffe : « On n’y est pas. Et on préfère ne pas comptabiliser, parce que sinon on ne le ferait pas. Si on accepte de tester autant, c’est pour endiguer l’épidémie. Et heureusement que nous sommes là, parce que les laboratoires n’arrivent plus à suivre. Les PCR représentaient 75 % des tests, 25 % pour les antigéniques. Depuis cet été, les pharmacies en réalisent autant que les laboratoires. »

En Chiffres

Un milliard d'euros

Coût du remboursement des tests pour l’Assurance maladie pour le seul mois de décembre 2021. C'était 500 millions par mois à l'automne. 

Trop cher pour l’Assurance maladie ?

« Nous avons eu de la chance en France d’avoir ces tests remboursés » rappelait Luc Duquesnel, président de la branche « généralistes » de la Confédération des syndicats médicaux français mercredi 11 août sur franceinfo. Cette stratégie sanitaire a permis, à l'époque, de constituer une meilleure connaissance de la circulation de l’épidémie. Mais, depuis, rendre payants les tests a grandement contribué à la vaccination massive des Français, en limitant tout de même le coût pour les récalcitrants. Le docteur comparait : « en Espagne, le test RT-PCR coûte entre 75 et 150 euros. En Finlande, ça coûte 249 euros ».

Ces prix reflètent des choix économiques et politiques. Pour les réguler, les gouvernements avaient deux options, selon Carole Milcent, économiste spécialiste des systèmes de santé, dans les colonnes du Monde. « Soit les autorités sanitaires ne s’adressent qu’aux acteurs publics, et ont toute latitude pour fixer les prix. L’inconvénient de cette stratégie, c’est qu’elle ne garantit pas un bon accès au soin, car ces établissements sont moins nombreux que les laboratoires et ne sont pas équitablement distribués sur le territoire. Soit les autorités sanitaires font appel aux acteurs privés, ce qui permet de toucher l’ensemble de la population avec une grande proximité de l’offre. Mais dans ce cas-là, les autorités ne peuvent pas avoir le contrôle à 100 % sur les prix. »

Nous avons eu de la chance en France d’avoir ces tests remboursés. En Espagne, le test RT-PCR coûte entre 75 et 150 euros. En Finlande, ça coûte 249 euros.
Luc Duquesnel,

Président de la branche « généralistes » de la Confédération des syndicats médicaux français

Jusqu'à l'automne 2021, la campagne de dépistage a coûté à l’État français plus de 7 milliards d’euros : 2,2 milliards en 2020 et 5 milliards budgétés pour 2021. 

En 2022, « 1,5 à 2 milliards d'euros seraient consacrés à la prise en charge du dépistage » dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale en septembre 2021, rapportaient Les Échos. Ce seul poste de dépense va exploser : comme évoqué plus haut, le dépistage coûte en ce moment un milliard par mois. Auquel s'ajout « 2,2 milliards aux commandes de vaccins, et environ 1 milliard à la campagne vaccinale ». Au total, la « provision » pour lutter contre l'épidémie en 2022, présentée en septembre 2021, était de 6 milliards d'euros.

En 2021 déjà, les comptes de la Sécurité sociale enregistraient 2,6 milliards d’euros de solde négatif imprévu, portant à 38,4 milliards le déficit de la Sécu (globalement équivalent à 2020). Qu'en sera-t-il pour 2022 ? 

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