Le variant « Delta sature les réanimations et Omicron les hospitalisations conventionnelles », a détaillé le ministre de la Santé Olivier Véran ce 3 janvier sur France inter. Il précise que « très peu » de malades sont actuellement en réanimation à cause d’Omicron.
Combien la France compte-t-elle de lits ?
La France dispose d’un nombre de lits d’hôpitaux parmi les plus élevés d’Europe : 6 pour 1 000 habitants, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Graphique sur le nombre de lits pour 1 000 habitants (Source : OCDE)
Sur ses presque 400 000 lits d’hôpitaux, la France compte 6 200 lits de réanimation, répartis dans 386 établissements de santé, selon le dernier rapport de septembre 2021 de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES).
Pour bien le définir, le service de réanimation est un service médical spécialisé où sont hospitalisés les patients les plus graves, jusqu’à ce que leurs fonctions vitales ne soient plus menacées. Mais la réanimation n’est pas la seule unité de soins critiques à l’hôpital. Les soins intensifs et la surveillance continue sont les deux autres composantes de cette activité.

Graphique sur l’évolution du nombre de lits de soins critiques en France (Source : DREES)
À quoi sert chaque type de lits ?
Chaque lit a sa spécificité, en fonction des soins à fournir.
Lits de réanimation : La réanimation est prise en charge par des médecins spécialistes appelés réanimateurs, contrairement aux soins intensifs et à la surveillance continue. Les services de réanimation, qui coûtent extrêmement cher, ne sont présents que dans les hôpitaux publics, notamment les CHU. Les unités de réanimation doivent être aptes à prendre en charge des patients présentant ou susceptibles de présenter plusieurs défaillances viscérales aiguës circulatoires, rénales et respiratoires, mettant en jeu leur pronostic vital.
Lits de soins intensifs : Les soins intensifs sont habilités à traiter la défaillance d’un seul organe pendant une durée limitée. En soins intensifs, certains actes de réanimation peuvent être pratiqués. Mais attention, il ne faut pas confondre ce service avec la réanimation. En cas d’atteinte multiviscérale (un état dans lequel un ou plusieurs organes se détériorent rapidement), les patients doivent être transférés dans une unité de réanimation dans un délai ne pouvant dépasser 48 heures.
Lits de surveillance continue : Les unités de surveillance continue prennent en charge les patients dont l’état et le traitement font craindre la survenue d’une ou plusieurs défaillances vitales nécessitant d’être monitorés ou dont l’état, au sortir d’une ou plusieurs défaillances vitales, est trop sévère ou instable pour permettre un retour dans une unité d’hospitalisation classique. Elles constituent un niveau intermédiaire entre d’une part les unités de réanimation et d’autre part les unités de soins classiques.
Combien coûtent ces lits ?
Économiquement, le sujet est majeur. Chaque année 12,9 millions de Français sont hospitalisés, selon l’ATIH Santé (Agence technique de l’Information sur l’Hospitalisation).
L’ouverture d’un lit de réanimation coûte 115 000 euros par an, alors que le coût de la totalité des lits de soins critiques s’élevait déjà à 7 milliards d’euros avant la crise sanitaire, explique la Cour des comptes. Les lits de réanimation comptent pour la moitié de ce coût.
Ces 115 000 euros annuels s’expliquent essentiellement par le besoin de personnel nécessaire. Un lit de réanimation doit être sous la responsabilité d’un médecin spécialisé, d’un réanimateur (réanimation médicale) ou d’un anesthésiste réanimateur (réanimation chirurgicale). Pour faire fonctionner un lit de réanimation, il faut également une infirmière pour deux/trois patients et une aide-soignante pour quatre personnes.
En soins intensifs, le personnel doit être composé d’un aide-soignant et un infirmier pour quatre patients le jour, et un infirmier pour huit patients la nuit. La surveillance continue ne nécessite pas de garde médicale spécifique. La permanence des soins est assurée par la garde médicale de réanimation à laquelle (auxquelles) est rattachée l’unité, mais il est recommandé qu’un aide-soignant et un infirmier s’occupent de quatre patients.
En réanimation, la prise en charge y est donc accrue pour être réactif en cas d’aggravation rapide de l’état de santé d’un des patients. 85 % des ressources affectées aux lits en soins critiques sont fixées par la T2A.
T2A
Mode de financement qui vise à la mise en place d’un cadre unique de facturation et de paiement des activités hospitalières des établissements de santé, qu’ils soient publics ou privés, quels que soient leur statut et leur spécialité, dans lequel l’allocation des ressources est fondée à la fois sur la nature et le volume de leurs activités. Ces tarifs ont connu une baisse de 9 % en euros constants sur la période 2014-2019. En parallèle, les services de soins critiques ont connu une hausse de leurs coûts, visiblement liés à l’organisation des services. La Cour des comptes n’a pas donné de détails supplémentaires.
En région parisienne, une journée en soins intensifs est généralement facturée 2 932 euros, selon une enquête des Echos à l’été 2020. Un tarif bien plus élevé que pour la médecine classique, qui s’explique par le besoin plus important de personnel, des règles d’hygiène renforcées et l’utilisation d’un matériel spécifique, ici les respirateurs.
Les patients plus « légers » risquent également de voir la facture s’alourdir. La journée d’hospitalisation « simple », le plus souvent dans des lits conventionnels, grimpe aujourd’hui à près de 1 000 euros, soit trois fois moins qu’une hospitalisation en réanimation.
En Chiffres
21,6 milliards d’euros
Que change le Covid-19 ?
Aujourd’hui, dans les paiements hospitaliers, le Covid-19 est traité de la même manière que toutes les maladies. Mais le temps passé en réanimation à cause du Covid-19 est plus long que pour d’autres maladies. En 2020, parmi les plus de 29 000 personnes qui ont été prises en charge en service de réanimation, la durée moyenne a été de 15,7 jours, selon l’ATIH. Pour comparaison, les prises en charge en service de réanimation pour grippe en 2019 ont duré en moyenne 11,0 jours par patient.
La Sécurité sociale prend en charge à hauteur de 80 %, les frais de séjour consécutifs à une hospitalisation. Dans les frais de séjour sont inclus les coûts de bloc opératoire, des soins avant et après une intervention, de rémunération du personnel, d’entretien… Les 20 % restants sont à la charge du patient. Sur une journée en soins intensifs à Paris, le reste à charge revient à 586,4 euros. Pour les 95 % de la population qui ont une mutuelle, celle-ci peut prendre en charge cette somme et ce coût reste invisible. Mais pour les autres, le reste à charge moyen d’un séjour pour coronavirus s’élève à 1 500 euros, selon les chiffres de l’AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris).