« Oui, mais… il existe des solutions »
Traditionnellement, les économistes établissent un lien de causalité entre l’âge de la population et le taux de croissance d’une économie. La règle serait celle-ci : il ne faut pas s’attendre à une « belle » croissance dans un contexte de déclin démographique.
Dans les pays industrialisés, le vieillissement de la population est un facteur de stagnation économique. En effet, le niveau de population active est un élément clé pour générer de l’activité et de la croissance.
Prenons le cas du Japon. Son taux de croissance stagne depuis les années 1990, dans un contexte de baisse de sa population active. Dans l’archipel, comme en Allemagne, le taux de fécondité est en recul depuis plusieurs années, ce qui pénalise le renouvellement générationnel, et donc, à terme, réduit le vivier de main-d’œuvre disponible.
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Pour éviter l’appauvrissement des économies, l’enjeu est donc d’augmenter le volume des actifs. Le recul du départ de l’âge à la retraite – à condition que les actifs restent en bonne santé – peut être une solution. En permettant au salarié de se former plus longtemps, l’amélioration de son capital humain permettrait aux entreprises de gagner en savoir-faire, en productivité, en expérience, et donc en compétitivité.
« Oui, mais… il existe des solutions »
Traditionnellement, les économistes établissent un lien de causalité entre l’âge de la population et le taux de croissance d’une économie. La règle serait celle-ci : il ne faut pas s’attendre à une « belle » croissance dans un contexte de déclin démographique.
Dans les pays industrialisés, le vieillissement de la population est un facteur de stagnation économique. En effet, le niveau de population active est un élément clé pour générer de l’activité et de la croissance.
Prenons le cas du Japon. Son taux de croissance stagne depuis les années 1990, dans un contexte de baisse de sa population active. Dans l’archipel, comme en Allemagne, le taux de fécondité est en recul depuis plusieurs années, ce qui pénalise le renouvellement générationnel, et donc, à terme, réduit le vivier de main-d’œuvre disponible.
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Pour éviter l’appauvrissement des économies, l’enjeu est donc d’augmenter le volume des actifs. Le recul du départ de l’âge à la retraite – à condition que les actifs restent en bonne santé – peut être une solution. En permettant au salarié de se former plus longtemps, l’amélioration de son capital humain permettrait aux entreprises de gagner en savoir-faire, en productivité, en expérience, et donc en compétitivité.
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Le vieillissement de la population a un deuxième impact négatif : il limite l’investissement et la circulation des capitaux. Les patrimoines sont en effet concentrés chez les seniors. Dans les années 1970, les Français héritaient des biens de leurs parents à un âge moyen de 45 ans.
Aujourd’hui, l’héritage se transmet autour de 60 ans. À cet âge-là, on prend moins de risques économiques. Les études prouvent qu’un citoyen au milieu de sa vie active est davantage en capacité et en volonté d’investir ou de créer une entreprise qu’un individu plus âgé. Là encore, l’appauvrissement n’est pas une fatalité.
En favorisant les donations grâce à une réduction de la fiscalité, par exemple, le capital pourrait circuler plus rapidement. La question est donc aussi bien économique que politique.
Docteur en économie, Alain Villemeur est directeur scientifique de la Chaire universitaire « Transitions démographiques, transitions économiques ».
Non, c’est un moteur de la croissance
Le vieillissement de la population est un progrès humain fondamental qui a apporté un doublement de notre espérance de vie depuis 1820 ; ce mouvement ne peut en aucun cas être considéré comme un facteur d’appauvrissement de nos économies.
Il est l’un des principaux moteurs de la croissance : face à la hausse de notre durée de vie, nous avons été de plus en plus enclins à investir pour augmenter notre niveau d’éducation et de capital humain ; nous pouvons, en effet, faire valoir nos compétences sur une plus longue période.
Capital humain
Selon Gary Becker, le patrimoine immatériel de chaque individu - ses savoirs et ses compétences...- qui s'acquiert et s'améliore par la formation et détermine sa productivité et son niveau de revenu.
Ce mécanisme, proposé par l’économiste Ben-Porath, établit un lien entre travail, santé et éducation. En augmentant le capital humain des actifs, nos économies ont été et seront en mesure de maîtriser les technologies de demain, vecteurs clés de la croissance économique.
Une population vieillissante permet également la naissance de nouveaux marchés. Des besoins émergent. Ces nouveaux biens ou services sont autant de débouchés pour l’économie. Reste à transformer ces opportunités en croissance. Il faut encourager la recherche et l’innovation.
Oui, la dépendance entraînera une augmentation des dépenses publiques, mais en contrepartie, il y aura création d’emplois et d’activités qui bénéficieront in fine à l’ensemble de la collectivité. Le critère clé, ce n’est pas l’âge du décès, c’est l’espérance de vie en bonne santé. Il faut donc protéger les salariés à travers des dispositifs limitant la pénibilité au travail, lutter contre l’obésité, le tabagisme et l’alcoolisme.
Plus notre système de santé sera performant – et particulièrement la prévention – plus nos économies seront performantes.
Certes le vieillissement de la population engendre dans certains secteurs une pénurie de main-d’œuvre et le ratio de dépendance n’est pas favorable. L’immigration économique peut permettre de répondre à ce défi. Elle est une véritable chance. En attirant des talents du monde entier, les entreprises peuvent s’enrichir de leur savoir-faire et de leur culture. Enfin, certains pointent la monopolisation des richesses par la population âgée, ce qui limiterait le financement de l’économie. Je ne partage pas ce constat. Cette épargne est confiée au système bancaire, qui joue son rôle en l’injectant dans l’économie.
Thomas Baudin est économiste et professeur associé à l’Iéseg. Ses recherches portent sur l’économie de la population ainsi que sur la croissance économique.
Photo : Sima Dimitric via Flickr. CC BY 2.0.